Les heures passent, les matins sont de plus en plus difficiles et celui-ci dépasse largement les précédents. Jusqu'ici, les corps étaient soumis aux efforts et aux privations de nourriture et d'eau en quantité satisfaisante, il y a désormais le manque de sommeil et le grand froid. Pourtant il faut se lever, au moins pour soulager sa vessie, peut-être aussi pour manger quelques pâtes car les estomacs crient famine. Petit à petit, chacun se redresse, blotti dans son sac, Antoinette fait une courte sortie en dehors de la tente puis revient rapidement se recoucher, confirmant s'il en était besoin, que le thermomètre n'a pas beaucoup remonté. Il faudra attendre le soleil qui inondera ce versant que tard dans la matinée. De toute façon, personne n'a l'intention de reprendre la route. La vallée verte est pourtant quelque part là-bas, mais le moral n'y est pas. Aucun des naufragés n'a la volonté de plier le campement et surtout de reprendre la marche. De manière surprenante, l'idée d'une sortie prochaine de cet enfer provoque l'effet contraire à celui escompté. Le parcours noté pour atteindre la vallée leur semble tout d'un coup inaccessible.
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