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EAN : 9782253941606
576 pages
Le Livre de Poche (08/11/2023)
3.76/5   208 notes
Résumé :
Au cours d’une vie, seuls quelques instants sont décisifs. L’existence de Frank Mackey bascula par une nuit de décembre 1983. Il avait dix-neuf ans et attendait Rosie Daly au bout de sa rue, à deux pas du halo brumeux et jaune du réverbère. L’air était froid comme du verre, chargé d’un délicieux parfum de houblon brûlé venu de la brasserie Guinness. Ils avaient prévu de fuir ensemble leur quartier natal dublinois, pour vivre d’amour et de musique à Londres. Mais cet... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (57) Voir plus Ajouter une critique
3,76

sur 208 notes
Avant d'entamer cet excellent livre, je ne connaissais absolument pas son auteur, Tana French.
Et quelle belle découverte !
Dans les années quatre-vingt, un jeune couple d'amoureux, Rosie et Franck prévoient de s'enfuir en Angleterre pour essayer de se construire un avenir plus facile que ce qui les attend dans leur quartier misérable de Dublin.
Si Franck est présent au rendez-vous, Rosie, quant à elle, ne viendra pas.
Vingt-deux années ont passé : Franck est désormais flic. Il n'a plus de contact avec sa famille, excepté sa plus jeune soeur, Jackie.
Cette dernière va l'appeler et ce coup de fil va bouleverser la vie de Franck : la valise de Rosie vient d'être découverte dans une maison en ruine. Cette information remet en question tout ce tout le monde s'est imaginé à cette époque : est-ce que Rosie est réellement partie toute seule en Angleterre ?
Commence alors pour Franck une recherche de la vérité. Que s'est réellement passé ? Il va devoir replonger dans le passé et surtout renouer avec sa famille.
Sous forme de flash-backs, Franck va se mémoriser son enfance pauvre, avec des parents maltraitants.
L'auteur réussit à nous plonger dans ce Dublin des années quatre-vingt, et surtout nous faire découvrir le contexte social de l'époque à travers les souvenirs de Franck.
Cependant, Franck est aussi un flic, ce qui n'est guère un gage de réussite dans le quartier d'où il vient au contraire. Malgré ce « handicap », il va tout mettre en oeuvre pour découvrir la vérité, histoire d'être en paix avec son passé.
J'ai vraiment accroché au style de l'auteur que j'ai trouvé addictif. Elle a une écriture puissante et elle sait planter des ambiances qui marquent.

J'ai d'ailleurs tellement aimé que dans la foulée de cette lecture, j'ai commandé les autres livres de Tana French, car je n'ai qu'une hâte : continuer à découvrir son oeuvre !

Challenge Mauvais Genres 2020
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Comme son nom ne l'indique pas, Tana French est une Américaine qui vit en Irlande. Elle y écrit une série de polars dublinois, chaque tome s'attachant à un inspecteur différent d'une même brigade. Ici, on suit Franck McKey, des Infiltrés, qui retourne dans sa famille après 22 ans d'absence, quand on retrouve la valise et le corps de sa petite amie de l'époque, celle justement avec qui il voulait fuir la misère 22 ans plus tôt mais qui l'avait (pensait-il) laissé tomber...

Si l'intrigue policière est assez classique, la description des relations familiales ne l'est pas, que ce soit dans le Dublin crasseux et violent de la jeunesse de Franck ou dans celui plus bourgeois où il vit aujourd'hui entre son ex-femme Olivia, leur petite Holly et son job à plus que temps complet de flic passionné. Les ambiances et les motivations sont très bien rendues, et on peut réellement s'identifier aux gentils, aux méchants et aux paumés de l'histoire... à moins qu'ils ne soient tous un peu les trois !

Bref, même si ces lieux sont infidèles, je vais rester fidèle à Tana French et à la Brigade de Dublin, dont c'est déjà la quatrième enquête que j'apprécie.
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Les lieux infidèles de Tana French a la limpidité et l'amertume d'une pinte de Guiness. Pour la verte Irlande flamboyante et pleine d'entrain et de joyeux airs entraînants, ce n'est pas ce livre qu'il vous faut.
En revanche, si vous êtes amateurs/trices d'intrigues sombres et d'histoires de famille compliquées, vous avez frappé à la bonne couverture.

La trame du roman suit une enquête de nos jours mais dont les prémices remontent à vingt-deux ans. Et même plus, d'une certaine façon. Sans être banal, c'est un scénario qui apparaît dans plusieurs livres ou films. Ce qui ne signifie pas pour autant un manque de qualité puisque Tana French en dispose à foison. Là où, à mon goût, elle excelle, c'est dans la constitution de son contexte narratif. Elle tisse ici un cadre noir, glauque et poisseux comme les tables de certains bars des fonds de Dublin. Alcoolisme, chômage ou travail précaire, dysfonctionnements familiaux, haine, violence... difficile de reprendre sa respiration entre les pages.

Et tout sonne tellement juste! Chaque personnage est construit avec toutes les nuances possibles. Même le pire des salauds présentés ici, on le plaint par moment pour ce qui l'a conduit à devenir ce qu'il est. Pas de manichéisme chez elle mais une palette de gris infinie ou presque.

Difficile de ressortir de ce roman sans avoir été marqué par les événements et même les petits faits dépeints dedans. C'est âpre et laisse un arrière-goût tenace dans la bouche. Les secrets et non-dits font mal mais les vérités aussi sont douloureuses. J'avais bien apprécié La Cour des Secrets, ma première incursion chez Mrs French. Les lieux infidèles m'ont paru d'un niveau encore plus haut et plus fort dans l'exploration des rapports humains dans une Irlande assombrie.
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Une enquête policière sur fond de drame familial dans une banlieue un peu glauque d'Irlande... Rien de tel pour passer de belles fêtes de fin d'année.
Il y a des moments dans la vie où les polars s'imposent à moi : lorsque je suis fatiguée, lorsque j'ai envie de changer d'air (par rapport à mes jobs respectifs), lorsque j'ai envie de ne pas trop réfléchir.
Je n'attendais pas grand chose au moment d'ouvrir ce roman. Je pensais que cette lecture serait sans émotions et sans trop d'engagement de ma part, si ce n'est l'effort de tourner les pages.
Je ne connaissais pas Tana French et son univers.
J'étais neutre...

Plus pour longtemps.
A peine le premier chapitre entamé, j'ai été plongée dans le milieu exigeant face auquel il m'est impossible de rester insensible : le monde ouvrier des villes du nord.
Instantanément, je me suis installée dans des scènes de Ken Loach, cinéaste que j'apprécie énormément. J'ai endossé mon rôle de médiatrice, de femme compatissante, de bénévole au service des nobles causes.
Pour l'esprit de Noël, j'étais servie !

Tana French - dont c'était ma première lecture - a du talent pour décrire la psychologie des personnages, tous recherchant un équilibre précaire dans une famille dysfonctionnelle et violente à souhaits, dans un quartier où les secrets se partagent entre tous.
C'est ce côté-là qui m'a particulièrement séduite dans ce roman.
Le suspense est au rendez-vous jusqu'au bout.
La mission est remplie.
Les fêtes sont passées.
Je n'ai pas sauvé la famille Mackey mais j'ai fait un bout de chemin passionnant à ses côtés. Malgré tout, je suis heureuse de retrouver la sérénité de mon coin de pays et de mes montagnes enneigées.
Une nouvelle année peut débuter.
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Irlande, années 80. Nous voilà plongez dans l'ambiance et l'atmosphère d'un quartier populaire dublinois...ça sent la bière, les effluves de la Guiness!
De nombreux flash-backs nous y ramènent pour élucider la mystérieuse
disparition d'une jeune fille, Rosie Daily et percer les non-dits et les secrets de ces familles...
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Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Au cours d'une vie, seuls quelques instants sont décisifs. La plupart d'entre nous les oublient aussitôt, jusqu'à ce qu'ils ressurgissent sans crier gare bien des années plus tard et, avec le recul, prennent tout leur sens : celui où l'on a décidé ou non d'aborder cette fille, de ralentir dans ce virage sans visibilité, de s'arrêter pour acheter ce préservatif. Je peux dire que j'ai eu de la chance. Confronté à l'un d'eux, je l'ai reconnu pour ce qu'il était. J'ai su immédiatement que mon destin se jouait à ce moment précis, lors de cette nuit d'hiver, alors que je patientais dans l'ombre en haut de Faithful Place.
J'avais dix-neuf ans. J'étais assez mûr pour vouloir prendre le monde à-bras-le-corps, assez jeune pour agir comme un imbécile. Cette nuit-là, dès que mes deux frères ont commencé à ronfler, je me suis glissé hors de notre chambre, mon sac à dos sur les épaules et mes Doc à la main. Une latte craqua. Dans la chambre des filles, l'une de mes sœurs murmura dans son sommeil. Mais les dieux étaient avec moi. Rien n'aurait pu m'arrêter. Mes parents ne se retournèrent même pas sur leur canapé-lit lorsque je traversai le salon, les touchant presque. Le feu se mourait avec un petit bruit sec, projetait dans le noir une faible lueur rouge. J'avais fourré dans mon sac tout ce que je possédais : jeans, T-shirts, un transistor d'occasion, cent livres sterling et mon extrait de naissance. À l'époque, il n'en fallait pas davantage pour gagner l'Angleterre. Rosie avait les billets du ferry.
Je l'ai attendue au bout de la rue, dans l'obscurité, à deux pas du halo brumeux et jaune du réverbère. L'air était froid comme du verre, chargé d'un délicieux parfum de houblon brûlé venu de la brasserie Guinness. Je portais trois paires de chaussettes dans mes Doc. Les mains enfoncées dans les poches de ma parka de l'armée allemande, j'ai écouté une dernière fois la rumeur de mon quartier. Une femme qui rit et s'exclame : "Mais qu'est-ce que tu fais ?" Une fenêtre que l'on claque. Le grattement des rats le long des murs de brique, une toux d'homme, le chuintement d'un vélo ; le cri solitaire et furieux de Johnny Malone le Barjo qui, au sous-sol du numéro 14, n'arrive pas a dormir. Des couples quelque part, des gémissement étouffés, des halètements. Pensant au cou de Rosie, à son parfum, je souris aux étoiles. Les cloches des églises de Dublin sonnèrent minuit : Christ Church, St. Patrick, St. Michan ; notes sonores et claires dégringolant du ciel, comme pour célébrer notre Nouvel An secret.
Au carillon de 1 heure, je craignis le pire. Tout à coup, des frottements, des bruits sourds le long des jardins, à l'arrière des maisons, me firent sursauter. Je bondis, prêt à accueillir Rosie, m'attendant à la voir enjamber le mur qui délimitait la rue. Mais elle n'apparût pas. Il s'agissait sans doute d'un pochard qui, honteux de son retard, rentrait chez lui en se faufilant par une fenêtre. Au numéro 7, le dernier né de Sallie Hearne se mit à pleurer. Son vagissement se prolongea jusqu'à ce que sa mère se réveille et lui chante : "I know where I'm going... Painted rooms are bonny..."
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Notre formation terminée, nous n’avons pas fait beaucoup d’efforts pour rester en contact. Toutefois, lorsque nous nous rencontrions par hasard, nous allions boire un verre, surtout pour savoir qui l’emportait sur l’autre. Il était devenu inspecteur cinq mois avant moi, mais j’avais dépassé le statut de stagiaire et intégré une brigade un an et demi avant lui. Il s’était marié le premier, mais avait divorcé aussi sec. Grosso modo, nous avions fait match nul. Son jeune acolyte blond ne me surprit pas. Alors que les flics de la Criminelle travaillent avec un coéquipier, lui a toujours préféré avoir un larbin.

Scorcher mesure un peu plus de 1,80 m, soit quelques centimètres de plus que moi. Pourtant, il se déplace comme un petit mec : torse bombé, les épaules en arrière, le cou très droit. Brun, mince, les mâchoires carrées, il a un succès fou auprès des gourdes avides de promotion sociale. Je sais, sans qu’on ne m’en ait jamais parlé, que ses parents raffolent de l’argenterie et préféreraient mourir de faim plutôt que de renoncer à leurs rideaux de dentelle. Il cultive son accent huppé, mais sa façon de porter ses costumes suffirait à le cataloguer.
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Toutes les trois s'esclaffèrent encore. Bon Dieu, ce que j'aimais ces nanas sur le point de sortir, peinturlurées, aussi allèchantes que des paquets cadeau! On avait envie de les enlacer toutes pour voir si l'une d'elles se laisserait faire. Mais je m'en moquais. La plus belle était pour moi depuis longtemps. J'avais le sentiment d'être Steve McQueen, de pouvoir, d'un claquement de doigts, enlever Rosie sur ma moto et l'emmener voler au-dessus des toits.
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On m'a souvent affirmé, ce qui, dans la bouche de certains, est même un compliment, que je possède un talent inné pour rendre les gens cinglés. Ce que l'on peut faire à des inconnus n'est rien comparé aux dégâts que l'on peut infliger à sa propre famille. J'étais certain qu'avec du temps et de l'obstination, je parviendrais à pousser Shay à se nouer une corde autour du cou, à en attacher l'autre bout au sommet de l'escalier du 16 et à se laisser tomber.
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Au cours d'une vie, seuls quelques instants sont décisifs. La plupart d'entre nous les oublient aussitôt, jusqu'à ce qu'ils ressurgissent sans crier gare bien des années plus tard et, avec le recul, prennent tout leur sens : celui où l'on a décidé ou non d'aborder cette fille, de ralentir dans ce virage sans visibilité, de s'arrêter pour acheter ce préservatif. Je peux dire que j'ai eu de la chance. Confronté à l'un d'eux, je l'ai reconnu pour ce qu'il était. J'ai su immédiatement que mon destin se jouait à ce moment précis, lors de cette nuit d'hiver, alors que je patientais dans l'ombre en haut de Faithful Place.
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Vidéo de Tana French
"L'arbre du mal" de Tana French (@calmann.levy) est un roman fleuve, un polar qui trempe son intrigue dans le passé de ses personnages. Totalement haletant! #onlalu #instalivre #instabook #bookstagram #lecture #polar
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