Terrible jeudi : Le jour de l'innocence perdue

C’est agaçant quand les gens prétendent en savoir plus que nous sur ce qu’on ressent. Et quand ils disent qu’on a l’air bien, c’est souvent qu’ils n’ont pas assez bien regardé.

— ...Je suis ici pour t’aider à sortir des choses dont tu n’as pas pu parler. Parfois quand on les formule, quand on en prend conscience, elles deviennent moins effrayantes.
— Pourquoi ? Ce ne sont que des mots. Ça ne peut rien changer.
— C’est un peu comme projeter une lumière dans une pièce sombre. Ou plutôt, comme fixer l’obscurité suffisamment longtemps pour qu’on s’y habitue et qu’on distingue les formes qu’elle dissimule. Les peurs qu’on ne peut pas nommer ont sur nous une emprise. Essaie de considérer ce temps qui t’est donné ici comme une opportunité de reprendre le contrôle.

Elles avaient été violées par le même homme, elle le savait. Comme elle savait que cet homme avait tué Becky. Elle allait le traquer sans répit.

Cet homme est mû par la honte qu’il éprouve de lui-même et la colère, ce qui donne un dangereux mélange.

Certaines personnes n’aiment pas dormir parce que ça ressemble un peu à la mort.

On en est tous là : t’es in un jour, out le lendemain, c’est comme ça que ça marche.

Un jour, reprit-elle, quand tu auras passé quelques mois ou quelques années en prison, à l'isolement pour être protégé, tu te rendras compte que tu étais mu par une peur et une faiblesse pitoyables. Là, tu pourras commencer à comprendre ce que tu as fait et qui tu es. Ce sera terrible, au-delà de l'imaginable, mais quand même mieux que d'être celui que tu es, là, sur ce banc.

Frieda avait l'impression d'être un fantôme dans sa propre vie. Il lui fallait remettre les choses en route, recevoir ses patients, en accepter d'autres. Pourtant, elle n'appela personne et n'écouta pas ses messages.

...la thérapie comportait deux écueils totalement opposés. L’un est de s’y mettre, parce qu’on n’en a pas envie ou qu’on croit ne pas en avoir besoin, et l’autre est d’arrêter, parce qu’on y a pris goût ou parce qu’on ne sait pas comment y mettre un terme. Il n’est pas facile de dire : « OK, ça ira comme ça. »

— Un garçon.
— Trop chou. Il marche, ou pas encore ?
— Il n’a que dix mois.
— Ce n’est qu’une question de temps. Il faut savoir attendre.