Il est toujours important de remettre les notions actuelles d'écologie (en l'occurrence la pollution, les risques industriels) en perspective de l'histoire. Jean-baptiste Fressoz est remonté au 19eme siècle pour nous faire partager la façon d'appréhender la proximité des industries (gazometres, ateliers manipulant des produits dangereux) et des habitants. Déjà des accidents spectaculaires, déjà des combats entre riverains, entreprises et autorités ; l'approche était différente (On craignait les odeurs et les effets sur la santé et les récoltes ) mais elle annonçait les préoccupations écologiques futures.
Livre bien écrit, bien documenté avec des anecdotes et des événements. Un plaisir à lire et qui laisse penser, après l'incendie Lubrizol, que les rapports de force et les réactions des autorités ont beaucoup moins changé que la technologie !
Un livre exigeant
Un livre plus pointu que je l'aurai cru sur l'acceptation de seuils de risque de plus en plus élevés dans nos sociétés à partir de l'époque contemporaine. le passage sur les vaccins est, au-delà de toute polémique, particulièrement intéressant. Mais c'est tout de même un livre globalement exigeant, émanant toutefois de l'un des spécialistes les plus reconnus de l'histoire environnementale. le livre est bien centré sur cette acceptation des risques et ne constitue pas du tout une histoire générale de l'environnement ou de la pollution.
Un livre remarquable, qui défend une thèse paradoxale: depuis le début de l'ère industrielle, les catastrophes nées du Progrès, la "rançon du Progrès", ont bien fait l'objet d'une prise de conscience. Nous n'avons rien inventé, avec l'écologie moderne. Une thèse peut-être poussée un peu loin. le 19ème siècle était tout de même plus acquis que le nôtre à la religion du Progrès.
Enfin, même si les interruptions soudaines d'éclairage dans les salles de spectacle ne tuèrent aucun monarque, elles furent indirectement la cause de centaines de morts. En 1858, quinze personnes sont piétinées au théâtre Victoria de Londres lors d'une panique suscitée par une légère explosion de gaz. En 1881, à l'Opéra de Nice, le décor prend feu à cause d'un bec de gaz. Plus de deux cents personnes périssent asphyxiées, brûlées ou étouffées dans la panique qui suit. (...)
Après la catastrophe de Nice, les lampes à huile firent d'ailleurs un retour dans les salles de spectacle françaises pour guider les spectateurs vers la sortie en cas d'interruption du gaz.
Quel mot concerne à la fois le métro, le papier, les arbres et les galères ?