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EAN : 9782842917807
158 pages
Breal (21/12/2001)
3.41/5   68 notes
Résumé :
" L'Interprétation du rêve a d'abord été négligée par ses destinataires. Elle évoque à ce titre la Phénoménologie de l'esprit de Hegel. Mais il n'y avait pas ici - bien au contraire - l'alibi épistémologique de l'obscurité du discours. L'une des formes de cette négligence fut un accueil critique de l'intention générale, du sens du travail : un symptôme qui signalait en fait la dimension totalement innovante de celui-ci. Et effectivement, clans le souci méthodique ob... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Foutez-moi ce vieux dictionnaire de la symbolique des rêves à la poubelle ! Contre l'interprétation morcelée de vos songes, préférez la méthode interprétative globale de Sigmund Freud. Parce que l'élément d'un ensemble relié d'objets, de personnes et d'actes ne signifie rien lorsqu'on l'isole tel un animal de laboratoire terrorisé par l'imagination diabolique de ses vivisecteurs, Freud préfère croire à une interprétation des rêves qui ne pourrait jamais se formaliser et qui nécessiterait donc, à chaque fois, le recours à un maître de la compréhension onirique –je veux bien entendu parler d'un psychanalyste.


Au moment où Freud publie cette Interprétation des rêves, en 1900, il n'est pas le premier à s'être intéressé à ce phénomène qui transforme l'homme, de mendiant qu'il est, en Dieu tout puissant (Hölderlin). Déplacement dans le temps et dans l'espace, nombreux sont les peuples qui ont bâti leur société autour des messages qui leur parvenaient en songes, et nombreux sont les penseurs isolés à avoir essayé de donner un sens aux scènes improbables qui se déroulent lors de notre sommeil. Les questions qui se posent excèdent l'ordre physiologique et l'époque est encore trop précoce pour qu'on s'intéresse à ses explications biologiques. Freud, en s'inspirant des travaux de ses prédécesseurs et en puisant dans les sources littéraires qu'il affectionne tant, se demande quel est l'intérêt des rêves pour l'individu : pourquoi son sommeil s'enrichit-il d'histoires inventées de toutes pièces ? On en revient aux origines des remises en question religieuses : pourquoi quelque chose plutôt que rien ? En ce qui concerne la religion, Freud tranchera plus tard par son scepticisme, mais en ce qui concerne les rêves, il distingue une intentionnalité dont il cherche à distinguer les aboutissants et les processus.


Passée cette première partie des interrogations extra-psychanalytiques, Freud apporte sa pierre à l'édifice de l'interprétation des rêves et postule sur ce point de départ : le rêve traduit l'accomplissement d'un désir. La technique a été critiquée : depuis quand élabore-t-on une thèse « scientifique » en partant d'un postulat que les expériences ultérieures devront démontrer ? Freud procède au-delà de toute orthodoxie scientifique. Les puristes grinceront des dents, les autres pourront reconnaître qu'un peu de souplesse dans le cheminement d'une réflexion peut parfois faire naître des théories intéressantes qui, pour fausses qu'elles puissent être, méritent au moins de faire preuve d'originalité et de conduire la réflexion sur d'autres pistes peut-être décisives.


Partant de ce postulat, Freud énumère toutes les objections possibles. La plus instinctive est la suivante : pourquoi avons-nous si peu souvent l'impression que nos rêves nous permettent d'accomplir un désir ? Réponse : le langage onirique est codé. Par crainte de la censure qu'impose notre conscient à notre inconscient, le premier devient porteur d'une parole allégorique. Comme dans les contes ou les textes messianiques, le rêve s'exprime par métaphores, évitant d'imposer au conscient l'exposé trop brutal de désirs parfois incompatibles avec ses valeurs. On comprend dès lors que les rêves ont une fonction cathartique qui permet à l'individu d'atténuer les frustrations que lui imposent la culture et l'éducation. Et ici surgit l'importance du psychanalyste qui se fait l'exégète des songes.


Sigmund Freud revient sur plusieurs dizaines de cas concrets qui se sont imposés à lui-même ou à ses patients pour démontrer la pertinence de son hypothèse. Les rêves absurdes retrouvent leur signification et les cauchemars deviennent des « rêves avec un contenu sexuel dont la libido s'est transformée en angoisse ». Et lorsque Freud admet qu'on puisse trouver que certaines de ses explications relèvent surtout de la spéculation, il affirme sans aucune honte : « on ne peut toujours le démontrer, mais on ne peut non plus prouver le contraire. » Voilà qui balaie les derniers doutes ! Ainsi, il faut bien l'admettre, certaines théories avancées semblent aujourd'hui un peu obsolètes, tel cet acharnement de Freud à traquer la libido dans la moindre apparition de tunnel, de cravate ou de cave :


« Dans les rêves des hommes, la cravate symbolise souvent le pénis, non seulement parce qu'elle est longue et pend et qu'elle est particulière à l'homme, mais parce qu'on peut la choisir à son gré, choix que la nature interdit malheureusement à l'homme. »


Mais comme à son habitude, Freud se montre le plus passionnant lorsqu'il semble s'écarter de son sujet et qu'il utilise celui-ci comme un moyen d'interroger le langage, la culture ou la philosophie. le rêve n'en est pas encore un tant que nous ne nous sommes pas réveillés et que nous ne pouvons pas le comparer à la réalité –quid alors de la réalité qui n'est peut-être, à son tour, qu'une autre forme de rêve dont nous n'aurions pas encore été extirpé par le réveil d'une réalité supérieure ? Que nous enseignent les rêves sur l'inconscient, cette partie de la psyché que Freud n'a pas encore réussi à explorer de fond en comble –et qui ne sera peut-être, d'ailleurs, jamais totalement explorable ? Les rêves peuvent-ils prédire l'avenir ? Parmi toutes ces questions qui nous invitent à réfléchir et à remettre en questions des idées que nous croyions peut-être définitivement acquises à leur cause, nous serons surtout étonnés de lire les rêves les plus humiliants ou compromettants d'un Sigmund Freud qui a essayé de libérer sa pudeur de toutes leurs brides. La parole de Freud n'est plus seulement spéculative, elle devient performative et incite ses lecteurs à mettre de côté « notre morale périmée » afin de mettre à jour « la complexité d'un caractère humain ». Qui sait si alors, reconnaissant les désirs les plus humiliants qui peuplent nos nuits à défaut de se réaliser le jour, nous n'accéderons pas à une plus grande sérénité et à une souplesse d'esprit qui fait encore cruellement défaut au moment où Freud écrit son Interprétation des rêves –et certainement encore maintenant ?
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Lu il y a plus de trente ans, ce livre a laissé sur moi une très grande impression. Freud y symbolise ce tournant de notre culture européenne en fin de siècle - je veux-dire le 19e . Faisant un temps la part belle à l'approche historicisante, il en vient rapidement à une approche analytique faite d'expériences et de théorie qui caractérise la science moderne.
Freud parle un langage clair, compréhensible des néophytes en psychanalyse qui donne à son contenu ce caractère d'évidence qui manquera parfois à ses successeurs.
Quant au contenu, il me paraît irréfutable: le rêve naît d'un désir d'une certaine façon refoulé qui réapparaît sous une forme autrement exprimé.
Non content de trouver enfin au rêve une explication réaliste et corroborée par la pratique , Freud, y jette d'abord les bases de la psychanalyse mais en étudiant les mécanismes de déplacement de sens et/ou de sons qui sous-tendent la mécanique du rêve, il découvre en quelque sorte de façon prémonitoire les fondations du structuralisme.
Je n'ai jamais possédé le livre mais je rends grâce à la bibliothèque de la KUL à Lublin (Pologne) d'en avoir conservé un exemplaire en Français, ce qui m'a en outre tenu occupé en 1987 pendant le long hiver polonais.
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Bien sûr, il faut en prendre et en laisser, le monde des rêves ne pourra jamais être complètement analysé ni expliqué. Toutefois, certaines choses sont logiques et les méthodes d'analyse risquent d'intéresser les amateurs d'interprétation de rêves.
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Le rêve est comme une aventure individuelle, profondément logé dans l'intimité, quand on sait qu'il représente un tiers de notre vie. Aujourd'hui encore les spécialistes sont divisés. Pour Freud, le rêve représente l'expression, voir l'accomplissement d'un désir refoulé en échappant à la volonté et à la responsabilité incontrôlée du dormeur, tout en exprimant des aspirations profondes de cette activité vitale et mentale de chacun, il sert d'exutoire à des impulsions réprimées dans la journée.
Le rêve est l'un des meilleurs agents de renseignements, il est pour le rêveur une image souvent insoupçonnée de lui-même, un révélateur de toi à moi, dont le rôle peut-être le plus fondateur en établissant dans le psychisme une sorte d'équilibre compensateur.
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J'ai voulu comprendre mes rêves, mes cauchemars pour mieux cerner mon inconscient.

J'ai découvert que tout rêve s'identifie différemment dans chaque être humain. Tous dépens de son histoire, de son passé...

Et puis pour comprendre son rêve, rappeler vous tous bonnement de la veille (ce que vous avez vécu, dit ..., etc.) et vous comprendrez la signification.

Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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Citations et extraits (62) Voir plus Ajouter une citation
Il nous faut voir maintenant comment on a essayé d’expliquer la crédulité de l’esprit vis-à-vis des hallucinations du rêve, qui ne peuvent apparaître qu’après l’organisation d’une certaine activité propre. Strümpell indique que l’esprit se comporte à cette occasion d’une manière correcte et conforme à son mécanisme. Les éléments du rêve ne sont pas de simples représentations, mais des expériences mentales véritables et réelles semblables à celles qui sont faites durant la veille par l’entremise des sens. Pendant la veille, l’esprit se représente et pense en images verbales et en langage ; pendant le rêve, par de véritables images sensorielles. […] l’esprit croit au monde subjectif du rêve parce qu’il s’est détourné du monde extérieur.
Delboeuf, après des développements psychologiques en partie différents, aboutit aux mêmes conclusions. Nous croyons aux images du rêve autant qu’au réel parce que nous ne pouvons comparer à d’autres impressions, parce que nous sommes détachés du monde extérieur. Mais ce n’est pas parce que nous ne pouvons pas soumettre nos impressions à l’épreuve que nous croyons à la réalité de nos hallucinations. Le rêve peut feindre ces épreuves, nous faire toucher par exemple la rose que nous voyons, et cependant nous rêvons.
Il n’y a, selon Delboeuf, d’autre critérium valable entre le rêve et la réalité de la veille que le fait du réveil –et ce n’est qu’un critérium pratique. Lorsque, me réveillant, je me vois dévêtu dans mon lit, je considère comme des illusions tout ce que j’ai vécu entre le moment où je me suis endormi et le moment du réveil. Pendant le sommeil, j’ai considéré comme vraies les images du rêve, parce que l’on ne peut endormir aussi l’habitude de pensée qui me fait croire à un monde extérieur auquel s’oppose mon propre moi.
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Les particularités les plus intimes et les plus laides de la vie sexuelle peuvent être pensées et rêvées sous forme d’innocentes allusions aux besognes culinaires. Les symptômes de l’hystérie deviennent incompréhensibles si l’on oublie que les symboles sexuels se cachent surtout derrière les choses habituelles et peu surprenantes. Il y a un sens sexuel très net dans l’attitude des enfants névrosés qui ne peuvent voir ni sang ni viande rouge et qui vomissent à la vue des œufs et des nouilles ; de même, quand la crainte que l’homme éprouve normalement à l’égard du serpent s’amplifie, chez les névrosés, d’une manière monstrueuse. Chaque fois que la névrose se dissimule sous ces symboles, elle suit à nouveau les voies qui furent celles de l’humanité primitive et dont témoignent maintenant encore nos langues, nos superstitions et nos mœurs quelque peu ensevelies.
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La théorie que Schopenhauer a développée en 1851 a servi de point de départ à de nombreux auteurs. La représentation du monde apparaît en nous parce que notre esprit place dans les formes du temps, de l’espace et de la causalité les impressions qui lui viennent du dehors. Les stimuli organiques, provenant du système sympathique, ne peuvent avoir, au plus, pendant le jour qu’une influence inconsciente sur nos dispositions. Mais ces impressions organiques s’imposent à notre attention pendant la nuit, quand l’action étourdissante des sensations du jour a cessé, de même que, la nuit, nous entendons le bruit de la source que nous ne pouvions percevoir pendant la journée. Mais l’esprit ne pourrait-il réagir à ces stimuli autrement qu’il a coutume ? Il leur donne donc la forme de l’espace et du temps, il leur fait suivre la loi de la causalité : ainsi naît le rêve.
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Quand on examine et qu’on interprète des rêves cohérents et ordonnés, il faut considérer une circonstance à laquelle on a accordé peu d’attention jusqu’ici : ils ne sont pas tout à fait véridiques, parce que, quand nous rappelons un rêve à notre mémoire, nous comblons les lacunes ou nous complétons certaines de ses images sans le remarquer ou sans le vouloir. Un rêve cohérent l’est rarement, ne l’a peut-être jamais été, autant que dans notre souvenir. Il est à peu près impossible, même à l’homme sincère, de raconter sans aucune adjonction et sans aucun embellissement un rêve étonnant qu’il a eu : la tendance de l’esprit humain à tout enchaîner est si grande que, lorsqu’il se rappelle un rêve quelque peu incohérent, il supplée involontairement à ses lacunes.

-Jessen-
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L’empereur et l’impératrice, le roi et la reine représentent le plus souvent les parents du rêveur ; il est lui-même prince ou princesse. La même haute autorité peut être accordée à des grands hommes, c’est pourquoi dans certains rêves, Goethe, par exemple, peut apparaître comme symbole du père (Hitschmann). –Tous les objets allongés : bâtons, troncs d’arbres, parapluies (à cause du déploiement comparable à celui de l’érection), toutes les armes longues et aiguës : couteau, poignard, pique, représentent le membre viril. […] Les boîtes, les coffrets, les caisses, les armoires, les poêles représentent le corps de la femme, ainsi que les cavernes, les navires et toutes les espèces de vases. Les chambres (Zimmer) représentent en général les femmes (Frauenzimmer), la description des différentes entrées et sorties ne peut pas tromper.
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