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EAN : SIE214322_459
Flammarion (30/11/-1)
4.13/5   15 notes
Résumé :
En quatrième de couverture, une liste des "Ouvrages parus dans la même collection" au format in-8° (auteurs, titres et prix de vente).

140 pages - Photographies Chasseloup-Laubat, Pierre Ichac, Frison-Roche - Hors-texte en héliogravure - 22 fr.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
« L'appel du Hoggar » est écrit par Roger Frison-Roche et édité chez Flammarion en 1936. Dédié au capitaine Raymond Coche (chef de l'expédition alpine française du Hoggar en 1935) et à ses compagnons de piste, cet ouvrage de 140 pages est illustré de croquis et de photographies de l'époque, en noir et blanc ou en sépia. Vulgarisant la documentation technique, touristique et littéraire disponible sur cette partie du monde, ce livre a l'ambition de présenter aux lecteurs une région encore peu connue du public et de leur faire partager une tranche de vie réelle, émouvante et merveilleuse. de mon point de vue, cet objectif est largement atteint !

Guide et alpiniste renommé, Roger Frison-Roche est choisi pour faire partie d'une expédition, en plein Sahara, dans les massifs de la Tefedest et du Hoggar. Embarqué en pleines solitudes sahariennes, vivant au gré de ses rêves à travers le désert, Roger Frison-Roche, mandaté par le Club Alpin Français et par le Gouvernement Général d'Algérie, doit escalader avec ses hommes quelques-uns des plus hauts sommets de ces massifs, faire des études sur la faune, la flore et les roches, puis revenir avec une documentation photographique et cinématographique.

Pendant trois mois, les hommes vont cheminer, accompagnés de Touareg, de méhara et de chameaux de bât, partageant la vie nomade du Saharien, escaladant des parois brulantes, friables et inviolées, forçant au péril de leurs vies nombre de passages délicats, et découvrant des sites improbables et magnifiques. Durant cette expédition pleine de vie vagabonde et de fatigues communes, les hommes sont à l'unisson : hors du temps et de l'espace, sous le vernis de la civilisation, ils laissent battre leur coeur et leur émotion devient sincère pour des choses simples, éternelles, infinies et apaisées, avec en prime la reconnaissance profonde de la qualité et de la « noblesse des Touareg du Hoggar, seigneurs de grande race ».

Pour ces hommes aguerris et rompus aux aventures alpines, le choc est brutal. Ils ne savent plus (page 15) s'ils sont sur Terre ou s'ils foulent le sol d'une planète inconnue. Et la nouveauté est partout : traces d'ensablement dans le fech-fech si redouté des automobilistes, villes fantômes, palmeraies surgies on ne sait d'où et se balançant sous le vent du sable, végétation rare et maigre, plateaux noirs et pierreux (page 19) avec de vastes coupoles semblables à de gigantesques carapaces posées à même le sol, squelettes de chameaux et tombes musulmanes de part et d'autre de la piste, des tempêtes de sable qui épuisent les hommes, et parfois, dans ce désert, un trou dans le sable, avec l'eau, trouble et boueuse, à six mètres de profondeur, l'eau, ce synonyme de vie. Dans cette inhumanité où tout est cuit, calciné et brûlé, les locaux, goumiers des Compagnies Sahariennes et Touareg, se meuvent fièrement, élégamment, avec leur fusil en bandoulière et (page 19) leurs cartouchières pleines à craquer s'étalant sur la poitrine. Un code régit leur vie de nomade : une économie de paroles et de gestes, le feu qui jaillit d'un amas de racines desséchées, le rituel du thé, des repas rapides, une progression à allure réduite dans un sable surchauffé qui rend la marche pénible, le partage, l'admiration et le respect mutuel, des prières et des incantations qui s'envolent dans la brise. Pour ces hommes, tout gravite (page 26) autour de deux éléments, à savoir l'eau pour les hommes et des pâturages pour les chameaux et les méhara. Des légendes courent les campements, et dans l'obscurité, au milieu (page 54) des vagues de pierre figées pour l'éternité, les rochers et l'ombre des hommes prennent parfois des formes fantasmagoriques. Une vie simple : coucher dehors, se lever avec le jour et monter sa bête. Au zénith, l'air se met à vibrer et la moindre parcelle d'ombre est la bienvenue. L'aridité des lieux cache soigneusement les traces de vie : oliviers rabougris, lauriers roses, touffes d'herbe rase et drue, vipères à corne près des points d'eau, chacals s'appelant à travers la montagne, guépards tapis dans le creux d'un canyon, vautours blanc traçant des cercles au-dessus des hommes, mouflons aux yeux jaunes se jouant des alpinistes et sautant de rochers en clochetons, bergers gardant leurs chèvres. Dans cet univers tourmenté et impitoyable, Roger Frison-Roche et ses hommes partent à la conquête de la montagne ; ils affrontent l'ennemi en face. Il leur faut franchir barrières, obstacles, bastions, arêtes souvent inaccessibles et délitées, pyramides d'éboulis aux éclats métalliques et surplombs compacts alors même que les cartes dont ils disposent sont avares de détails.

Pour cette aventure humaine à la gloire des conquérants de solitudes vierges ou abandonnées, pour cet ouvrage superbement écrit et ses illustrations magiques, pour les touches de poésie qui parsèment les pages, pour ce suspense qui tiendra le lecteur en haleine jusqu'à la fin, je mets quatre étoiles, n'en déplaise à ceux qui trouveraient l'ouvrage suranné ou que le long descriptif des ascensions ennuyerait.
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J'ai trouvé cette édition d'un texte que je voulais lire depuis un bon moment, un très vieux livre (édition de 1943) , une odeur de papier un peu moisi, des photos en noir et blanc, une police que l'on n'utilise plus, l'objet est par lui-même un vrai bonheur.

Dans le texte on retrouve tous les mots du désert, ces mots qui m'ont fascinée chez Théodore Monod mon "initiateur" au désert et ceux des la montagne, de l'alpinisme car ici l'expédition consiste à planter des drapeaux français sur quelques sommets du Hoggar.

Des montagnes dans le désert, une équipe d'hommes noirs, blancs et "basanés"pour affronter deux milieux hostiles. le roi de la montagne nous décrit des paysages fabuleux, raconte des défis et des histoires d'hommes dans une belle écriture concise et précise.

Bref un récit de voyage réussi qui fut une très belle lecture pour moi.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Fan inconditionnel de Frison, lu dans une nouvelle édition de ... 1943, l'édition originale datant de 1936, ce livre m'a bien évidemment séduit. Les pages sont jaunies et ont l'odeur envoûtante du vieux papier, le texte, lui, est conforme à la qualité littéraire de son auteur. Au-delà des ascensions et des découvertes, il fait partager la passion de sa vie. La nuit sous la Croix du Sud me fait toujours rêver. Un merveilleux moment de montagne, de désert avec un montagnard d'exception.
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L'escalade par une cordée française de quelques-uns des plus hauts sommets de la Tefedest et du Hoggar, l'étude de la faune cynégétique du Sahara central, des recherches géologiques, enfin l'établissement d'une documentation photographique et cinématographique de tous les résultats acquis par les explorateurs: tels furent les buts principaux de la mission Raymond Coche à laquelle participa Frison-Roche. L'occasion aussi pour Frison-Roche d'une expérience inoubliable et qui allait fortement influencer sa vie future.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
page 115 [...] La grotte est assez vaste : deux mètres cinquante de hauteur, quatre mètres de profondeur ; elle est en forme d'ogive. On y pénètre par une faille entre deux blocs. A l'intérieur, par contraste avec la lumière éclatante du jour, on a l'impression qu'il fait nuit. Nous pénétrons tous les cinq dans la grotte et nous asseyons sur le sable ; au bout d'un instant nous commençons à distinguer des fresques sur la paroi ; après quelques minutes, le secret de la grotte se révèle dans son ensemble. [...]. Un artiste inconnu a peint tout le plafond de la grotte. Il a composé une magnifique fresque en couleurs où les rouges, les ocres, les blancs et les noirs dominent. Cela représente un troupeau de bœufs conduit par des hommes rouges, minces, entièrement nus et casqués. Mais notre étonnement provient de la qualité du dessin. Les bœufs ont de grandes cornes en forme de lyre ; les courbes ont été tracées par une main d'une habileté inconcevable ; les proportions sont exactes ; l’œuvre tient de la fresque égyptienne. Ce que nous venons de découvrir est la preuve indéniable de l'existence, à une époque très reculée, une époque préhistorique, d'une race très civilisée. D'ascendance égyptienne, dirait-on ? ou plutôt, ne venons-nous pas de trouver au cœur du Hoggar, le berceau des races berbères ? [...]
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page 121 [...] Alors que nous reposions, écrasés par la chaleur, à l'ombre des éthels, nous avons vu le ciel s'obscurcir vers l'Ouest. En l'espace d'un éclair, le vent de sable s'est levé. Comme une nappe de gaz asphyxiants, la vague prend d'assaut nos positions ; le nuage opaque fonce sur nous en énormes moutonnements. Les sommets de la Tefedest disparaissent dans cette brume palpable et, désormais, nous n'aurons plus ni horizon, ni repères. Nous devenons des fantômes errant en cercle, le dos courbé sous l'ouragan, les lithams rabattus sur le visage pour échapper aux morsures du sable. [...]
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Ce soir assis dans les roches de l'Assekrem, au dessus du second refuge, nous guettons l’instant. Le soleil a disparu complètement ; les montagnes ne sont plus que des pitons bizzares, clochers inconnus, flèches de cathédrales pointant d’une obscure masse violine. L’horizon est si vaste qu’on a presque la divination de la rotondité de la terre. Et voici que le ciel de l’Est prend une teinte gris acier. Une teinte de nuit .
La terre est indigo, le ciel gris, il n’y a plus trace de lumière nulle part lorsque tout à coup une bande d’une transparence cristalline, une tranche de ciel bleu roi, silhouette l’horizon entre le ciel et la terre.
C’est le bleu le plus pur, le plus léger que peintre puisse rêver ; on regarde et voici que tout s’embrase au dessus de ce pan de ciel qui semble avoir conservé seul le privilège de la lumière du jour ; tandis que le bleu subsiste, une tranche rouge horizontale marque une transition brutale entre le jour et la nuit. Le rouge se fond en orangé, l’orangé passe au violet, puis au bleu acier très froid, puis au gris. Tout à coup une étoile brille…
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page 73 [...] Nous prenons le repas du soir en commun, accroupis auprès du feu. A quoi bon essayer de décrire la féerie du soir ? Le soleil a depuis longtemps disparu qu'une lueur orange éclaire encore faiblement les parois de l'Ilamane ; puis le bleu des roches est absorbé par la nuit, et celle-ci recouvre tout de son écrasant manteau constellé. [...]
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Certains paysages décèlent tant de laideur qu'ils arrivent à exprimer de la beauté. Qui pourrait comprendre l'étrange grandeur du Tademaït? La terre est si noire qu'elle assombrit le ciel. Lorsque, par hasard, en franchissant un oued, on aperçoit quelques touffes d'une herbe rare et desséchée, il semble qu'on respire mieux, qu'on se dégage d'un cauchemar.
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Videos de Roger Frison-Roche (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Roger Frison-Roche
Interview de : Sophie Cuenot pour son livre : le roman de Chamonix
paru le 02 novembre 2023 aux Editions Paulsen
Interview réalisé à Chamonix par TVMOUNTAIN
Résumé du livre : À l'occasion des célébrations des Jeux de 1924, la réédition d'un livre de référence sur Chamonix, une passionnante fresque de plus de 1000 ans qui couvre les événements de la vallée jusqu'à aujourd'hui.
En 1786, la première ascension du mont Blanc inscrit Chamonix sur la carte du monde et amorce un essor touristique fabuleux qui dure toujours… Mais l'histoire de la vallée ne commence pas avec ce coup d'éclat. Sophie Cuenot en arpente les chemins millénaires en Chamoniarde curieuse et érudite. Cette seconde édition du Roman de Chamonix célèbre le centenaire des premiers Jeux d'hiver de 1924 avec un nouveau chapitre consacré à l'événement, enthousiaste, joyeux et porteur d'avenir pour la ville. Aujourd'hui, Chamonix a toujours les yeux tournés vers le mont Blanc, mais les effets spectaculaires du réchauffement climatique se sont invités dans le paysage et les alpinistes s'efforcent d'inventer de nouvelles manières d'arpenter la montagne.
Bio de l'auteur : Sophie Cuenot est chamoniarde d'origine et vit désormais près de Grenoble. Après avoir été journaliste à Radio France, elle a choisi de se consacrer à l'écriture et a déjà publié deux ouvrages chez Guérin: Paris camp de base et Petzl, la promesse des profondeurs. Elle est également l'auteure du film La piste Frison-Roche, réalisé par Arthur Chays. Elle est actuellement assistante de programmation pour plusieurs festivals de films de montagne.
#guerin #livres #montagne #chamonix #textes&images
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