AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Les Terres de l'infini, tome 1 : La peau de bison (23)

La solitude à deux est peut-être plus cruelle à subir que la solitude totale.
Commenter  J’apprécie          353
Ils volaient depuis deux heures et avaient dépassé Hay River, lorsque le ciel subitement sembla se désintégrer. Il se déchirait en traînées lumineuses qui s'effilochaient, puis se reformaient en rideaux scintillants de pierreries – mauves, dorées, violettes –, en somptueuses robes de féerie, en traînes impériales de velours amarante, et ces draperies, qui s'accrochaient très haut, dans le cosmos, aux myriades d'étoiles et de planètes, semblaient parfois issues des nébuleuses puis tout à coup flotter sur la terre comme si au contraire elles émanaient des sources mêmes du magma. Désormais on pouvait distinguer tous les détails du relief, la plaine sans fin des eaux glacées du grand lac, les archipels couverts de forêts, les roches nues moutonnées qui entourent Yellowknife ; c'était un paysage grandiose, exaltant, que contemplait Bruno, haletant d'émotion. Une nuit de lumière.
Commenter  J’apprécie          250
Quand elle pénétra dans le cercle de lumière et s’offrit ainsi à lui dans toute sa beauté primitive, il se dressa sur le sac de couchage et la regarda avec une telle intensité qu’elle se figea sur place.
Elle se savait belle, mais ce soir-là elle sut qu’elle ne le serait plus jamais que pour un seul homme.
Commenter  J’apprécie          251
Dans le ciel les étoiles brillaient comme par les nuits les plus froides, des traînées laiteuses se formaient en franges, en écharpes multicolores dispersés par les vents, premières esquisses des aurores boréales qui dans un mois seraient leur seule lumière dans la longue nuit polaire.

Un loup en chasse hurla quelque part derrière eux, et à son cri répondit le gémissement de la louve. Rosa sourit, cet hiver elle reviendrait les chasser lorsque leur fourrure devenue d’un beau gris et bien fournie prendrait toute sa valeur. Max aimait beaucoup les peaux de loup. Chez eux, il y en avait un peu partout et les reflets argentés se mariaient bien avec la peau sombre de bison jetée sur leur lit.
Commenter  J’apprécie          220
Par les fenêtres doublées de fleurs de givre passait une lueur bleuâtre, parfois sillonnée de fluides électriques ; la musique du vent accompagnait leur solitude et couvrait par instant la voix feutrée des deux hommes.
Commenter  J’apprécie          181
L’aube glaciale réveilla Rosa. Instinctivement elle tendit le bras, chercha Max. Son rêve avait été si violent qu’il lui semblait que leur longue nuit d’amour s’était prolongée sans interruption jusqu’à cet instant précis. Et brusquement elle passa du rêve à la réalité. Ce n’était pas Max qui dormait à son côté, mais son jeune frère Mick, roulé en boule comme un jeune loup qui aurait passé la nuit à chasser.
Commenter  J’apprécie          150
- S'il y a des torts, Father, ils ne peuvent venir que de moi, car du côté de Grenoble on a tout fait pour me garder. Et maintenant, encore sans doute, on m'accueillerait avec joie... Mais si j'ai rompu les ponts, si j'ai peu écrit, une fois ou deux l'an pour de brèves nouvelles, c'est parce que la guerre a fait de moi un homme inadapté, inutile aux miens, peut-être plus, nuisible dans la mesure où je refusais leur mode de vie, faite de labeur et d'austérité, au milieu des richesses acquises grâce à ces qualités des gens du Dauphiné...
Commenter  J’apprécie          150
La bise de l'est venue du grand lac pénétrait toujours plus âpre et glaciale sous les arbres de la forêt. Rosa se dressa, jeta de nouvelles branches sur le foyer et vint s'accroupir devant les braises qui craquaient doucement, ouvrant des gueules pavées de rubis, laissant filtrer à travers leurs crevasses de minces filets de fumée bleuâtre. Maintenant le feu reprenait avec une ardeur nouvelle et Rosa contemplait , avec une joie toujours renouvelée, le mystère qui d'une branche sèche fait un éblouissement de formes et de beauté ; une flamme torturée, frémissante qui chuinte et pleure parfois comme un nouveau-né, puis lance des étincelles et se consume en une fumée bleue irréelle.
Commenter  J’apprécie          120
La mort, le danger, quand on les affronte journellement, on les chasse de ses pensées, ou bien on ironise.
Commenter  J’apprécie          110
Des loups en bandes tournaient autour des caribous sans que ceux-ci manifestent la moindre inquiétude ; les vieilles femelles qui dirigeaient la migration continuaient à tenir leur cap, traversant les plateaux, franchissant les rivières, remontant sur la toundra, et l'ensemble dessinait sur le relief comme un énorme reptile. Les loups se gardaient bien de pénétrer dans le grand troupeau. Ils se contentaient de harceler la migration, et parfois deux ou trois d'entre eux se rabattaient sur les trainards, ou sur un jeune que sa fantaisie et l'ignorance du danger avaient un instant écarté de ses congénères.
Alors le drame avait lieu, rapide et cruel : l'échine brisée, la gorge ouverte, le caribou agonisait encore, alors qu'il était déjà férocement dépecé.
Commenter  J’apprécie          110






    Lecteurs (112) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

    Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

    Honoré de Balzac
    Stendhal
    Gustave Flaubert
    Guy de Maupassant

    8 questions
    11094 lecteurs ont répondu
    Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

    {* *}