Ce livre suit différents personnages des années 1950 à nos jours, il est principalement centré sur le Thomas Couderc, médecin légiste à Nancy et sur sa famille.
Je vous parlerai d'abord de ce que j'ai beaucoup aimé dans ce livre, c'est la richesse de la langue. Fritch emploie un français impeccable, des mots peu usités et de longues phrases pleine de poésie. Il fait chanter les mots comme rarement de nos jours. Et j'ai adoré cette poésie, cette richesse, cette musicalité des phrases. J'y ai vu une sorte de poème en prose qui m'a vraiment enchantée. Je vous en donne un exemple: Alice décrit ainsi le jardin public près duquel elle habite et quelle aime particulièrement: » Elle l'aimait le soir et elle aimait aussi ses murmures nocturnes. Mais elle l'aimait tout autant dans la vive lumière du jour, quand enfants à vélo, amoureux enlacés et anciens pleins de verve animaient ses allées courbes, ses pelouses et ses bancs. (….) »(p.178). Cette magnifique description continue sur près d'une page et c'est un enchantement de découvrir ce parc, j'ai eu envie d'aller visiter Nancy en écoutant la musique de ces phrases. Et ces passages poétiques sont très nombreux dans le livre.
Parlons ce que j'ai moins aimé, c'est la narration. J'ai eu l'impression de lire un nouveau roman (
La modification de
Butor, ça ne vous dit rien? pour moi ce sont des souvenirs du Gymnase , nom suisse du lycée).
Les 100 premières pages, je n'ai vraiment pas accroché. La chronologie est bousculée, on est tantôt dans les années 50 dans l'enfance abandonnée de Thomas, tantôt dans sa vie à Nancy dans les années 80 ou en Afrique avec sa fille Salomé de nos jours. Ces continuels allers-retour entre les différentes époques de la vie de Thomas m'ont dérangée pour trouver une cohérence dans le récit, je ne voyais pas où l'auteur voulait m'entraîner.
Depuis la page 100 et jusqu'à environ la 200ième, j'ai commencé à me prendre au jeu et à trouver un intérêt dans ce récit toujours aussi hâché, mais qui prend forme petit à petit. Dès la page 200, j'étais conquise et j'ai fini par assembler tous ces fragments disparates.
J'ai fini par comprendre que le roman tourne autour de l'absence, d'abord absence de parents pour Thomas qui est orphelin depuis tout petit, puis sa famille s'organise autour de l'absence d'Estelle, le fille aînée qui est partie à Londres avec son amoureux dès sa majorité. Cette absence ronge les parents et les deux soeurs d'Estelle.
Le livre se referme sur les éventuelles retrouvailles de la famille. Estelle est revenue glisser une carte sous la porte de sa soeur Clara, qui revient à ce moment-là . Estelle est en moto et Clara en voiture, elles sont stoppées par un feu rouge, elles se reconnaissent et le roman s'arrête sur l'incertitude qui étreint Clara, Estelle va-t'elle reprendre sa place dans la famille ou continuer à être l'Absente si présente?
C'est aussi dans les dernières pages que l'on comprend le sens du titre du livre et son rapport avec la vie de Thomas Couderc.
Donc si j'ai vraiment beaucoup aimé la langue poétique de ce roman, j'ai eu plus de mal avec son contenu. Il faudrait sans doute le relire et je pense qu'en connaissant la fin, on comprendrait mieux tous les flottements du débuts.
Mais je sais que mon avis est très subjectif. Je suis aussi influencée par les nombreux polars anglais et américains que j'ai lus ces 2 dernières années, je suis donc habituée à des livres où l'on accroche très vite. J'ai trouvé le premier tiers de ce roman vraiment long et pas palpitant du tout.