Quand elle dormait et que les globes de ses yeux se déplaçaient sous ses paupières frémissantes, il se penchait sur elle et il aurait aimé que son crâne soit transparent comme du verre pour pouvoir contempler son rêve.
Autrefois on écrivait : Hic sunt leones sur les cartes pour indiquer les territoires inconnus qu'il valait mieux éviter, et sur les cartes nautiques: Hic sunt dracones. De nos jours, on s'aventure partout sans rencontrer de lions ni de dragons. Ils ont tous disparu, tout comme les taches blanches qu'ils habitaient. De nos jours il faut voyager sur les traces de ce qui disparaît.
Que faisait-on des choses qui avaient disparu de la mémoire, mais qui existaient encore dans le monde, et que faisait-on des choses qui avaient disparu du monde mais qui continuaient à exister dans la mémoire ?
Les rêves ne se réalisent pas, mais tant que l’on dort, ils sont vrais.
Mon grand-père disait de la Terre qu'elle était la planète la plus solitaire d’entre toutes, parce que tout le monde s'y bat seul et que tout le monde meurt pour une chose pour laquelle il serait si bon de vivre.
Il advient quelque chose de dangereux dans l’amour, on lâche l’un contre l’autre la réalité et le mythe. Et pourtant. Si l’on ne craignait pas que quelque chose finissent dans les battements de coeur déréglés et les corps en émoi, pourquoi alors s’aimer ?
La mer, avec ses tempêtes et la nostalgie du lointain qu'elle plante dans le coeur et qui ne cesse d'attiser le désir de l'ailleurs m'a effrayée.
J'ai beaucoup voyagé dans ma vie, toujours dans le sillage des guerres, toujours le long des côtes. Savais-tu que le coeur d'une baleine bleue a la taille d'une petite voiture?
L'immobilité n'existe pas. On n'est jamais quelque chose ou quelqu'un suffisamment longtemps pour le rester. Les espoirs se muent en déceptions ou en expériences. Tout se transforme au fur et à mesure que l'on avance et au gré des années d'absence.
La nuit on craignait les bruits des rêves, et le matin on trouvait insupportable le silence du réveil.