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EAN : 9782900818015
158 pages
Philosophie magazine éditeur (04/10/2018)
3.98/5   66 notes
Résumé :
Camille Froidevaux-Metterie médite sur les spécificités de l'expérience commune à toutes les femmes. Le corps d'une femme a des particularités ; que peut-on en dire, en philosophe ? Par ses réflexions, l'auteure cherche à rendre possible une égalité véritable, pratique, entre les hommes et les femmes.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Camille Froidevaux-Metterie est professeure de science politique et chargée de mission égalité-diversité à l'Université de Reims Champagne-Ardenne. Dans la continuité de son blog, Féminin singulier du mensuel Philosophie magasine, et de son dernier ouvrage La révolution du féminin, Camille Froidevaux-Metterie écrit le corps des femmes, La bataille de l'intime, ce livre s'articule dans les rouages des idées de notre philosophe, en développant certains articles de son blog, pour le grand public. le corps des femmes est ce fil conducteur, ce lien indélébile unifiant les chapitres, ce corporatisme féminin en mode d'apprivoisement.
Dès les premiers mots, Camille Froidevaux-Metterie livre les prémisses qui lui ont permis de faire germer l'idée d'écrire ce livre, ce catalyseur ou plutôt vecteur, c'est l'affaire Harvey Weinstein, révélée par le "New York Times" et le "New Yorker", sur le harcèlement, le viol de nombreuses femmes. de toutes ses accusations, déliant la parole des autres anonymes, prisonnières de ces sévices de la phallocratie masculine, pour devenir selon Camille Froidevaux-Metterie, le tournant génital féministe, les femmes voguent vers une ère nouvelle, une autre bataille féministe, celle de l'intime, oeuvrant le livre par tous ses thèmes féminin qu'aborde Camille Froidevaux-Metterie, tels les règles, la ménopause, le clitoris, les seins, le corps de la femme se dessine sous la plume de Camille Froidevaux-Metterie pour avoir cette maitrise des thématiques corporels afin de s'en approprier et la maitriser, suivre cette voix de la liberté.
L'homme que je peux être, ma chair masculine, ne peut respirer le corps féminin qui se façonne sous la plume de Camille Froidevaux-Metterie, ces mots résonnent comme une chanson étrangère au rythme ensorcelant, venant hanter mon âme avec cette douce mélodie de ce corps s'apprivoisant, se cherchant, se construisant au fil des années, ce corps cherchant à se libérer de l'emprise d'une société phallocentrique, dont je fais partie, étant de la gente masculine physiquement, mon esprit s'échappe de ce corps pour un temps comprendre cet intime féminin, caresser le velours lointain de la femme désirant être libre d'elle-même, libre des chaines d'un passé masculin, libre de disposer de leur corps, libre d'être des hommes comme les autres.
Camille Froidevaux-Metterie de manière schématique divise le combat féministe en six moments, la bataille du vote, la bataille de la procréation, la bataille du travail, la bataille de la famille, la bataille du genre et enfin la bataille de l'intime. de cette dernière, de son expérience, de ses lectures, de sa conviction de femme, le livre aura ce doux espoir comme le dit notre auteure :
« Si je parviens à tracer les contours des corps féminins contemporains, j'aurais alors atteint mon but. »
Il faut, comme peut l‘écrire Camille Froidevaux-Metterie, savoir que le corps contemporain féminin dessiner sous ses mots, est la femme occidentale, cette femme ayant déjà effectuée ses différentes révolutions, pour être dans la bataille intime. Avec des références diverses, Slogan de pub, étude de sondage, statistique, écrits féministe, et autres, Camille Froidevaux-Metterie étudie la condition de la femme et de son intime avec une maitrise sans être dans le féministe extrême, sans manichéisme, juste une étude de la femme, comme sa propre expérience avec l'achat du premier soutien-gorge de sa fille, le roman d'Annie Ernaux, Mémoire de fille et bien sur le Deuxième sexe de Simone de Beauvoir.
Il y a une forme de moquerie de l'incohérence de certain auteur masculin comme Comte-Sponville, avec son Dictionnaire philosophique, le nommant d'ermite, exilé au fond d'une grotte perdue, lui reprochant de ne pas voir la révolution féministe enclenchée. Sans trop dévoiler ce livre et l'approfondir, ce regard de femme sur les femmes, sur leur corps, l'intérieur de leur chair, l'explosion de la puberté comme un papillon sortant de son cocon, la jeune fille menstruée, une poitrine vallonnant la jeunesse d'un corps en mutation intérieur et extérieur, le regard changeant masculins, et le miroir sombre de la ménopause, une chute invisible, cet aller-retour d'une vie cultive une féminité de combat, une intimité contrôlée, les seins comme des visages, illusionnent un changement de regard face à cette poitrine, ce paysage désirant retrouver cette liberté, comme la pilosité libre de tout regard, échappant à la norme sociétale, pouvoir contrôler à sa guise son corps et sa sexualité reste cette bataille que les femmes semblent parvenir à faire face à ce monde trop codifié par des artifices industrielles, des politiques phallocentriques.
Camille Froidevaux-Metterie avec son chapitre, le dernier avant de conclure son livre, PMA-GPA : de la liberté à l'égalité procréative, amorce des questionnements philosophiques pertinents sur le droit à la procréation, la métamorphose de la famille, le statut des femmes, l'éthique, la réflexion est grande, profonde et importante.
« L'énormité des sujets à débattre peut faire peur, elle n'a d'égale que l'énormité du défi que constitue l'égale accès de tous les individus au projet parentale ».
Camille Froidevaux-Metterie en s'appuyant dans sa conclusion de Simone de Beauvoir et d'Iris Marion Young avec respectivement leur livres, Le deuxième sexe et L'expérience corporelle féminine, de la dualité de l'aliénation du corps et de son émancipation, la fluidité du genre en échappant à la binarité du féminin et du masculin, du féminisme incarné ou « féminisme phénoménologique » qu'est Camille Froidevaux-Metterie, médite à l'avenir de la cause féminine et ce corps féminin si intimement libre de s'exprimer au gré de sa volonté propre.
La cause féminine est de plus en plus un féministe extrémiste, un combat contre les hommes, qui aux yeux de Camille Froidevaux-Metterie dans ce livre est plus subtile, plus dans la recherche de soi et l'autre, pour une affirmation identitaire et d'une connaissance d'un corps encore un peu trop sombre aux regards de la plupart, à cause d'une société encore trop phallocrate. de plus le phénomène du genre casse tous les codes établis, le corps est juste une apparence, l'esprit prédomine de ce que nous sommes. Et enfin la procréation est dans l'avenir un enjeu vitale, bouleversant tous les codes déjà établis, il faudra définir une étique pour protéger l'enfant et la procréatrice. Avec beaucoup de référence, Camille Froidevaux-Metterie explore la femme à travers son corps, son intimité, de son expérience de femmes, de sa philosophie, de sa maitrise littéraire, livre une belle géographie de la femme, un paysage chavirant selon les âges, aux climats changeants, cette approche de la femme est sans manichéisme, permettant de poser le postulat de la femme en tant que telle, une femme aspirant à la liberté.
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« le corps des femmes ; la bataille de l'intime » : Camille Froidevaux-Metterie (Editions Philosophie Magazine, 158p)
Ce livre reprend en les retravaillant des chroniques d'un blog que l'auteure a animé sur le site de ‘Philosophie Magazine' pendant six ans. Son objet : mettre en question le corps des femmes en regard des nouveaux, nécessaires et légitimes besoins d'émancipation et d'égalité.
Le mouvement de libération des femmes est passé par différentes étapes revendicatives : égalité citoyenne et juridique, égalité professionnelle et salariale ; mais dans la foulée de l'affaire Weinstein et du mouvement « me-too », il est maintenant question du corps des femmes, de l'intime féminin comme le nouveau (l'ultime ?) terrain d'égalité et d'autonomie à gagner. L'auteure évoque ainsi ce qu'elle nomme « le tournant génital du féminisme ». Elle rappelle brièvement que le mouvement féministe est pluriel, que nombre de féministes d'hier et d'aujourd'hui persistent à assigner la femme dans une dimension procréatrice qui en serait une identité par essence obligée, ce que bien sûr elle conteste.
C. F.-M. explique d'abord, à partir d'exemples concrets, comment le corps féminin est modelé par l'éducation pour limiter son appropriation de l'espace, comment dès avant même la puberté « la corporéité féminine se conçoit d'abord dans les termes de la passivité » ; « ayant intériorisé la nécessite d'entraver leurs mouvements, elles développent une timidité corporelle (…) ». Et si les femmes s'approprient peu à peu l'espace public, c'est avec bien des difficultés et des résistances à abattre. Mais le mouvement est lancé, et d'ailleurs, gage de rééquilibrage, nombre d'hommes reconnaissent voire revendiquent pour eux-mêmes une appropriation plus grande de l'espace domestique, trop traditionnellement réservé aux femmes.
Les mécanismes culturels et religieux ancestraux qui fabriquent le sentiment de honte menstruelle et une vision salie du sang féminin sont analysés, ainsi que leurs conséquences : « L'injonction à dissimuler le sang et l'état menstruel fonctionne très exactement de la sorte : en disant aux jeunes filles que leurs règles sont sales et socialement irrecevables, on leur signifie qu'elles-mêmes sont souillées et socialement inaptes. » L'auteure pointe pourtant un certain nombre de progrès dans ces perceptions normatives aberrantes et phallocentrées. Aujourd'hui, pour vivre plus sereinement leurs règles, les femmes occidentales ont la chance de pouvoir choisir entre des moyens médicamenteux pour mieux les contrôler, voire les interrompre, ou des méthodes plus ‘naturelles' comme le Flux Instinctif Libre (terme et pratique que j'ai découverts ici) ; sans jugements sur les partis-pris de chacune, ces possibilités de choix sont pour C. Froidevaux-Metterie un bon marqueur de progrès.
Dans le chapitre sur « la première fois », à partir d'une référence poignante au livre d'Annie Ernaux « Mémoire de fille », l'auteure évoque plus spécifiquement l'anorexie comme trouble consécutif à un premier rapport sexuel dramatique pour une jeune fille, et j'ai trouvé dommage cet axe exclusif et donc bien trop rapide et restreint pour aborder la question de « l'entrée dans son corps désirant ».
Dans « l'apparence », l'auteure prend le contrepied d'une généralisation qu'elle trouve abusive : si elle donne raison à Simone de Beauvoir qui déclare en 1949 que la soumission des femmes aux diktats de la mode ne relèverait que de la soumission aux désirs des hommes, elle estime que les choses ont changé, que les femmes ont conquis une place et une conscience qui leur permettent de maîtriser autrement leur ‘paraître' sans qu'il soit assimilable à une simple sujétion. Elle va chercher ainsi ses sources dans la philosophie, l'histoire voire l'architecture, et j'ai trouvé assez jubilatoire la manière dont elle ‘crucifie' André Comte-Sponville et ses positions machistes et rétrogrades.
Après avoir analysé les différentes motivations du non désir d'enfant (ou du non désir de maternité) chez certaines femmes, un choix qui doit se défendre contre une pression sociale millénaire, C. Froidevaux-Metterie s'intéresse à l'étape cruciale de la ménopause. Son rappel à propos du vide abyssal concernant la ménopause et le vieillissement de la femme dans le livre à succès « Les joies d'en bas » nous rappelle que, y compris des femmes jeunes peuvent se revendiquer d'un féminisme bon teint et colporter de fait des positions archaïques et phallocrates. Si ce chapitre sur la ménopause est bienvenu dans son objet, j'ai trouvé nombre de formulations généralisantes et totalisantes, bref sans nuance. Par exemple, pour moi, il est un peu caricatural de dire que « les discours et les recherches sur le vieillissement masculin occultent soigneusement le prisme des âges de la vie pour se concentrer sur les accidents cardio-vasculaires, seul coup de théâtre envisageable pour les hommes de plus de cinquante ans. » Quand C. F.-M. dénonce « l'injustice d'un désir masculin sans limites quand celui des femmes s'annonce d'emblée circonscrit », et n'osant imaginer qu'elle parle d'un fait de nature, je suppose donc qu'elle évoque un discours ; mais qui tient ce discours ? J'ai parfois l'impression qu'à ce moment de son essai, les comportements sociaux majoritaires et, sous cet angle, indiscutables que l'auteure dénonce sont « intériorisés » par elle. Ainsi, la phrase « en même temps que les femmes cinquantenaires se voient dénier la position de sujet de désir, elles cessent d'être désirables socialement » ne me semble pas décrire une réalité absolue partagée par tous et toutes, très loin de là, , ni fort heureusement indépassable ni même indépassée. Ainsi, dans cet essai publié à l'automne 2018, elle n'évoque pas le fait qu'E. Macron (Ministre de l'économie depuis aout 2014) partage depuis longtemps la vie d'une femme de 24 ans son ainée (fait sans incidence sur une politique que je condamne, mais pas forcément sans intérêt du point de vue de l'évolution des mentalités, puisque cela ne l'a pas empêché d'être élu). Quand elle écrit : « Pourquoi les rides, bedaines, et autre tonsures (des hommes) sont-elles considérées comme séduisantes, voire comme des atouts, alors que leurs équivalents féminins : pattes d'oies, culottes de cheval, et cheveux blancs, font l'objet d'une traque implacable ? », j'ai l'envie malicieuse de présenter les miennes (rides, bedaine, tonsure) à l'auteure pour vérifier la véracité de son assertion si radicale. Et quand elle affirme « Pourquoi n'évoque-t-on JAMAIS l'andropause ? », je trouve ce « jamais » bien caricatural. C'est sans doute la chapitre dont je partage le moins l'analyse ; bien loin d'un lumineux et complice « Messieurs, soyeux beaux » de la féministe Belinda Cannone, qui pointe le fait que de plus en plus d'hommes sont soucieux du plaisir et des désirs de leur partenaire femme.
Concernant l'apparence des seins et la prégnance des exigences sociales qui pèsent sur les femmes, C. F.-M. dénonce fort justement « les liens entre somations esthétiques et profits commerciaux (…) tout comme l'inanité de normes auxquelles seule une minorité de femmes sont susceptibles de souscrire », et elle en appelle à « une lutte intense (…) contre le formatage corporel généralisé. »
Puis c'est la dénonciation de la fréquence des violences gynécologiques et obstétricales, et la nécessité pour les femmes « d'une réappropriation de leurs organes génitaux (…et donc…) de la revendication d'une participation aux processus médicaux et chirurgicaux qui les concernent » (cf par exemple les épisiotomies trop fréquemment opérées sans explication ni discussion). Et oui, la virilité infaillible est bien un mythe dangereux pour les deux sexes.
Dans le dernier chapitre relatif à la PMA et la GPA, C. F.-M. relève les aberrations d'un discours réactionnaire qui prétend limiter la possibilité de parentalité aux couples dits classiques, mais aussi les incohérences de la législation. Les questions éthiques autour de la GPA restent pour moi sans réponse bien affirmée, et contrairement à l'auteure, je pense que derrière CERTAINES (pas toutes, bien sûr) demandes de Gestation Pour Autrui, se dessine bien la conception problématique d'un droit absolu à l'enfant, parfois envers et contre tout.
Et elle nous propose en conclusion de revenir sur les fondements philosophiques de son engagement féministe (le passage pour moi le plus ardu du livre).

Si elle a bien raison de dire qu'il y a de la place pour des formes variées de féminisme, j'ai ici ou là regretté qu'elle évoque certains auteurs sans trop donner son propre avis. Et si elle a bien conscience de ne parler que de la situation de la « femme occidentale », elle n'éclaire guère cette notion floue qui évacue la question sociale (une femme élevant seule deux enfants, caissière à temps partiel dans un supermarché qui fait des ménages en soirée pour compléter son salaire, a-t-elle accès aux mêmes ressources culturelles et sociales qu'une enseignante, a-t-elle les mêmes moyens de postuler à l'autonomie de son intimité, bref est-elle pour C. F.-M. une ‘femme occidentale' ?)
Malgré quelques limites (synthétiser un blog ne permet pas forcément de déployer son point de vue d'une manière large et toujours structurée), et même si je ne partage pas tous les points de vue de l'auteure, ni le ton de tel ou tel chapitre (qui m'a au moins à un endroit fait songer à un féminisme de la plainte victimaire plus que de la revendication militante et constructive), je trouve cet essai particulièrement intéressant, à lire absolument par les hommes et les femmes d'aujourd'hui.
***
Addenda : en y réfléchissant avec un peu de recul, je confirme que parfois CFM s'arrête prudemment dans l'exposé de son avis, ne poussant pas son argumentaire au bout de sa logique. Comme si elle ne voulait pas heurter le lecteur ; mais c'est peut-être comme cela qu'elle a construit son blog, en dialoguant avec des interlocutrices sans vouloir les froisser, d'où le ton parfois « consensuel », voire « oecuménique », pour préserver la possibilité d'un dialogue qui alimentait son blog ?

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« Elles n'en peuvent plus des regards gluants, des remarques dégueulasses, de la peur qui accompagne si souvent leurs déambulations urbaines. » (p. 10) Quelle femme n'a jamais ressenti cela ? Ce sentiment viscéral de n'être qu'un corps à la disposition du bon plaisir et/ou du pouvoir masculin ? Dans sa réflexion, l'autrice invite à libérer le corps des femmes de sa dimension strictement génitale afin d'en finir avec l'oppression reproductrice et d'en venir à une sexualité libre, personnelle et débarrassée des hontes et de la scrutation masculine. En valorisant un autre archétype que celui de la femme maternelle et domestique, la société peut permettre aux femmes de réinvestir la pleine potentialité de leur corps. « Il n'y a pas une seule et bonne façon de vivre son corps féminin, pas plus qu'une seule et bonne façon d'être féministe. » (p. 62)

Parler du corps, c'est évoquer la première fois, le désir, le consentement, les troubles du comportement alimentaire, les règles et la ménopause, les diktats de la beauté, l'obsession pour les seins, la minceur et les poils, la maternité choisie et tardive, et tant d'autres sujets intimes et donc hautement politiques. « Il s'agit de sortir les femmes de l'ignorance, de leur remettre les clés de leurs propres corps et, plus largement, de les libérer. » (p. 128) Assez logiquement, tout ramène toujours à l'éducation : celle que l'on refuse aux jeunes filles et aux femmes en général, celle qui pourtant ferait tant pour une société plus égalitaire et apaisée.

Pour qui voudrait commencer une réflexion féministe, ce texte post #MeToo est une porte d'entrée parfaite. Je le place évidemment sur mon étagère féministe et je le ferai lire à mes proches.
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J'ai beaucoup apprécié cet essai court et pointu, sorte de dépoussiérage du féminisme De Beauvoir -qui reste tout de même LA référence pour l'autrice. Même si certains passages n'apportent rien de nouveau pour qui suit un tant soit peu l'actualité féministe, on y apprend tout de même beaucoup de choses. A commencer par cet historique des 6 grands combats du féminisme en introduction qui aboutit sur la bataille de l'intime où nous en serions aujourd'hui, c'est le postulat de base de Camille Froidevaux-Metterie. le chapitre sur l'apparence est je trouve très bien vu et apporte une réflexion intéressante sur l'évolution du rapport des femmes à leur paraitre depuis les années 50: nouveaux diktats, nouvelles injonctions, mais aussi une liberté de choix sans égale dans l'histoire. En revanche, un chapitre m'est resté totalement opaque, c'est celui qui fait le parallèle entre premier rapport sexuel et troubles de l'alimentation, j'avoue m'être demandé où elle voulait en venir.

Pour conclure, sans angélisme et sans oublier de pointer les verrous qui restent encore bien présents pour les femmes, l'autrice pose un constat globalement positif sur la réappropriation de leur intimité. Je regrette le manque de cohérence et d'enchainement entre les chapitres, ainsi que les nombreux renvois à l'actualité qui je pense vont faire vieillir cet essai assez rapidement. Une réflexion très intéressante sur l'état actuel du féminisme, mais qui ne deviendra sans doute pas un ouvrage de référence de manière durable. J'ai toutefois bien envie d'aller découvrir les autres ouvrages de cette philosophe.
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Je dois dire que je sors perplexe de cette lecture qui m'a assez déçue, je dois l'avouer ! L'autrice aborde pourtant un sujet central du féminisme « le corps » par des thématiques intéressantes et structurées.
Cependant, au fil des pages, on se retrouve vite dans de long passages descriptifs et assez peu documentés, argumentés, voire parfois généralisés (« Je noircis un peu le tableau, mais il me semble que c'est une expérience vécue assez largement partagée »)
Ce recueil, qui ne se veut pas exhaustif comme l'indique l'autrice en introduction, m'a néanmoins laissé sur ma faim en apportant peu de nouvelles idées ou d'enrichissements sur la fameuse « bataille de l'intime » qui se joue aujourd'hui.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Moulés, coqués, bombés....
J'observe incrédule les rayonnages où sont suspendus des soutiens-gorge de toutes les couleurs qui n'ont pourtant qu'une seule forme : ronde, ferme et haute. Tous recèlent sous le coton ou la dentelle une couche plus ou moins épaisse de mousse qui leur confère rigidité, volume et rondeur. Il ne s'agit plus de soutenir, c'est un véritable remodelage des seins qui vise cette offre à la fois exubérante et monomaniaque. Caque fois ou presque – car il y a bien des exceptions –, le soutien-gorge se présente comme une paire de coques rigides destinées à recevoir et à sculpter la poitrine, quelles que soient sa morphologie et sa taille. Pire qu'un uniforme, les femmes doivent revêtir un carcan qui façonne leur chair selon les standards invariables et qui transforme leurs seins en objets adéquats.
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Les femmes qui l'envisagent [la stérilisation] témoignent. Elles sont jeunes, n'ont jamais eu d'enfant et n'en souhaitent pas. Pourtant, en dépit du cadre légal, elles ont toutes les peines du monde à trouver des praticiens acceptant de répondre à leur demande. Leur projet est jugé insensé ou ridicule, on leur assure qu'elles le regretteront, on leur recommande de consulter un psy plutôt qu'un gynécologue... Au nom de quelles valeurs ultimes et en vertu de quel arrogant pouvoir dénie-t-on à ces femmes cette ultime liberté que constitue la possibilité de s'assurer qu'elles n'auront jamais d'enfant? On pourrait choisir le moment de sa grossesse, programmer l'intervalle de temps entre deux naissances et déterminer même le sexe de l'enfant à naître, et on ne pourrait pas faire le choix de la non-maternité? Une fois encore, le paradoxe est de taille.
p90
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Il s'agit de comprendre les ressorts de cette injonction nouvelle qui voit les individus sommés de se définir du dedans d'eux-mêmes à distance des fonctions, des positions et des identités prescrites. La chose apparaît particulièrement ardue les femmes qui, après n'avoir été pendant des siècles que des corps, soumises aux hommes comme à la nature, doivent désormais assumer une liberté nouvelle. Dans le domaine procréatif évidemment mais, bien au-delà, dans tous les domaines « corporels » (vie amoureuse et sexuelle, maternité, santé, apparence physique), elles se trouvent en position de choisir parmi un éventail d'options très large. Or, cette ouverture des possibles est inséparable d'un faisceau de diktats sociaux, médiatiques et commerciaux qui rendent particulièrement difficile un choix libre et affranchi de toute prescription.
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Cela se passe, je crois, par la mise au jour de la pluralité de formes des organes génitaux, seins et sexes réunis dans la même aspiration à la singularité. C'est une lutte intense qu'il s'agit de mener, la lutte contre le formatage corporel généralisé. Je compte sur le féministes de la nouvelle génération qui l'ont déjà entamée pour continuer de revendiquer avec force la liberté d'être et de paraitre soi.
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Moulés, coqués,bombés...J'observe incrédule les rayonnages où sont suspendus des soutiens-gorge de toutes les couleurs qui n'ont pourtant qu'une seule forme : ronde, ferme et haute. Tous recèlent sous le coton ou la dentelle une couche plus ou moins épaisse de mousse qui leur confère rigidité, volume et rondeur. Il ne s'agit plus de soutenir, c'est un véritable remodelage des seins que vise cette offre à la fois exubérante ( toutes les teintes de l'arc-en-ciel, tous les motifs imaginables) et monomaniaque. Chaque fois ou presque-car il y a bien des exceptions-,le soutien-gorge se présente comme une paire de coques rigides destinées à recevoir et à sculpter la poitrine, les femmes doivent sa morphologie et sa taille. Pire qu'un uniforme, les femmes doivent revêtir un carcan qui façonne leur chair selon des standards invariables et qui transforme leurs seins en objets adéquats.
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Camille Froidevaux-Metterie, philosophe et écrivaine, fait paraître "Un si gros ventre. Expériences vécues du corps enceint" (Philosophie magazine Éditeur/Stock), une enquête philosophique qui mêle témoignages et réflexion sur la grossesse.
Elle présente son ouvrage et répond aux questions d'Ariane Nicolas, journaliste à "Philosophie magazine".
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