Pour Marx, l´homme se caractérise par le "principe du mouvement". Il cite le grand mystique Jacob Böhme. Ce mouvement n´est pas mécanique, c´est un élan, une énergie, une vitalité créatrice. Pour Marx, "la passion est la force essentielle de l´homme qui tend énergiquement vers son objet". Cette idée de productivité, Marx l´applique au phénomène de l´amour. Si tu supposes l´homme en tant qu´homme et son rapport au monde comme un rapport humain, tu ne peux échanger que l´amour contre l´amour, la confiance contre la confiance, etc. Si tu veux exercer de l´influence sur les autres hommes, il faut que tu sois un homme qui ait une action réellement animatrice et stimulante sur les autres hommes. Chacun de tes rapports à l´homme et à la nature doit être "une manifestation déterminée" répondant à l´objet de ta volonté, de ta "vie individuelle réelle". Si tu aimes sans provoquer d´amour réciproque, c´est à dire, si ton amour , en tant qu´amour ne provoque pas l´amour réciproque, si par ta "manifestation vitale" en tant qu´homme aimant, tu ne te transformes pas en "homme aimé", ton amour est impuissant et c´est un malheur.
Marx a très bien vu que la force politique est incapable de produire le moindre résultat s’il n’y a pas eu de préparation dans le processus social et politique. Cette force, si elle est nécessaire, apporte la dernière impulsion au développement qui a déjà commencé, mais elle ne peut jamais apporter quoi que ce soit de nouveau.
Le changement [historique] est dû à la contradiction entre les forces de production (et autres conditions objectivement données) et l’organisation sociale existante. Quand un mode de production ou une organisation sociale fait obstacle aux forces de production, la société, plutôt que de s’effondrer, choisira telles formes de production qui conviendront aux nouvelles forces productives et les développeront.
[…] l’idée fondamentale de Marx : l’homme crée sa propre histoire, il est son propre créateur.
Certaines conditions économiques, comme celles du capitalisme, créent le désir de la richesse et de la propriété ; d’autres conditions économiques peuvent créer des tendances opposées, telles que l’ascétisme et le mépris des biens terrestres, qui existent dans nombre de cultures orientales ou dans les débuts du capitalisme.
[…] la « méthode matérialiste » de Marx, qui se différencie de celle de Hegel, comporte l’étude de la véritable vie économique et sociale de l’homme et de l’influence du mode de vie actuel sur ses idées et ses sentiments.
Marx prit […] une position très ferme contre un matérialisme philosophique qui était courant chez les penseurs progressistes (spécialement les naturalistes) de son temps. Ce matérialisme soutenait que « le » substratum de tous les phénomènes mentaux et spirituels dépendait de la matière et des processus matériels. […]
Marx combat ce matérialisme mécaniste « bourgeois », « le matérialisme abstrait des sciences naturelles qui exclut l’histoire et son évolution » [Marx, Le Capital], et pose, à la place, ce qu’il appelle dans les Manuscrits économiques et philosophiques le « naturalisme conséquent ou humanisme qui se distingue aussi bien de l’idéalisme que du matérialisme et est en même temps leur vérité qui les unit ».
Le socialisme, qui est le but de Marx, fondé sur sa théorie de l’homme, est un messianisme prophétique exprimé dans la langue du XIXe siècle.
Le but de Marx est l’émancipation spirituelle de l’individu, il veut le libérer des chaînes du déterminisme économique, lui redonner son intégrité humaine et l’amener à trouver l’unité et l’harmonie avec ses semblables et avec la nature. En termes laïques, la philosophie de Marx fait avancer d’un pas la tradition du messianisme prophétique : elle a pour but la pleine réalisation de l’individualisme, qui fut le but de la pensée occidentale depuis la Renaissance et la Réforme jusqu’à la fin du XIXe siècle.
J’estime que Marx n’a pas vu que le capitalisme était capable de se modifier et de satisfaire aux besoins économiques des nations industrialisées, qu’il n’a pas prévu les dangers de la bureaucratisation et de la centralisation, ni les systèmes autoritaires qui pouvaient naître du socialisme.