AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de horline


Une maison inachevée, un amour fauché, un homme brisé. Et pourtant il n'y a pas de place pour le mélodrame à tire-larmes ni pour la noirceur gorgée de culpabilité dans ce roman, Pete Fromm a pris le soin de se tenir à bonne distance de ce qui lesterait son histoire.
La vie en chantier séduit parce qu'il témoigne d'une beauté qui se diffuse tout au long du texte et qui n'a rien à voir avec l'esthétique littéraire ou la profondeur d'esprit. C'est plus une question de sensation que de contenu. Rétif aux manifestations trop démonstratives de la tragédie, le roman puise plutôt sa force dans l'authenticité des émotions qu'il charrie et le chagrin qui hante secrètement jusque dans les soubassements du texte.
La construction esquive ainsi sans cesse l'expression trop frontale des affects. Un territoire de non-dits, des conversations intuitives et dérivatives...c'est une histoire qui s'écrit autant dans les mots posés sur le papier qu'entre les lignes et invite à regarder les personnages d'un oeil ému. Et l'auteur propage tant de bienveillance et de complicité libératrice que l'on plonge dans cette lecture avec une sensation réconfortante.
Mais la beauté évoquée ne s'exprime pas uniquement dans les sentiments. L'auteur américain nous laisse la possibilité d'accompagner dans son deuil un artisan qui doit apprendre à se construire sans la pièce maîtresse qu'il formait avec sa femme, un ébéniste méticuleux et sensible aux essences de bois qu'il travaille dans un Montana qui nous charme avec des paysages préservés et intimes.

Si le symbolisme de la reconstruction de soi n'est pas spécialement novateur, il fait pourtant mouche dans ce récit. L'auteur montre sans effort au-delà de ce que le deuil détruit tout ce qui soude.
Je ne serais pas surprise de voir ce roman efficace transposé à l'écran tant il laisse l'impression d'être construit sous forme de plans-séquences avec un fort impact visuel.
Rien d'extraordinaire d'un point de vue littéraire mais c'est une lecture bien agréable et qui a la vertu de faire travailler le coeur en ce mois le plus pénible de l'année.
Commenter  J’apprécie          922



Ont apprécié cette critique (85)voir plus




{* *}