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Critique de Aquilon62


Une phrase pour résumer ce lieu : le signe tangible du passage de François sur la Terre reste la basilique où, comme continue à le rappeler le pape, on a conservé sa dépouille et où le programme iconographique des fresques soulignera le rôle que les franciscains ont joué en faveur de l'Église de Rome, avec laquelle ils sont désormais parvenus à établir un lien très étroit en la personne du souverain pontife franciscain.

Un mot pour qualifier cet ouvrage : Monumental et dans les deux acceptions que cela représente.

1- Relatif aux monuments : car l'auteure s'attache a nous livrer les secrets de la Basilique Saint - François D'Assise, des plus évidents à ceux bien cachés dans les fresques.

Petit retour en arrière : Saint François est considéré comme l'un des plus grands saints de l'histoire de l'Église : il fait accomplir au christianisme une mutation décisive, et est rapidement surnommé "l'Alter Christus" , l'autre Christ, après sa mort car selon la tradition catholique, il est le premier saint de l'Histoire à recevoir les stigmates. On considère également que c'est lui qui est à l'origine de la première crèche quand il célébra Noël à Greccio en 1223.
Il meurt en 1226 et deux ans seulement après sa mort, le Pape de l'époque Grégoire IX est à Assise et pour procéder à la canonisation de François en l'église Saint-Georges, où repose son corps. le lendemain, le souverain pontife et le représentant des frères mineurs conventuels, le frère Elie de Cortone, "posent" la première pierre de l'imposante basilique, comme convenu l'année précédente. Il est vite devenu évident que la nouvelle basilique serait une "specialis ecclesia", à la fois le sanctuaire abritant les restes du saint et l'église mère du nouvel Ordre.
En 1230, le corps de Saint-François, est transféré dans la crypte de l'église inférieure, décorée par Cimabue, Giotto ou Simone Martini.

Quant à la l'Église supérieure, il faut attendre 50 ans avant que les murs blancs ne se parent de décors aussi symboliques que magnifiques.
Et l'auteure y déploie toute sa connaissance de Saint-François D'Assise à qui elle consacra de multiples ouvrages, et celui-ci ne déroge pas à la règle
Tout y est extrêmement bien documenté, solidement expliqué, historiquement et théologiquement contextualisé. Avant de s'atteler, à l'analyse très précise des fresques de la Basilique supérieure.

2- Par extension. Qui est gigantesque, colossal. Et là n'ayons pas peur des mots l'analyse des fresques est absolument monumentale, un véritable musée de papier, un vrai travail également de sauvegarde.
Sauvegarde car certaines de ces fresques ont subies les affres du temps ou des catastrophes naturelles, et certaines nous sont proposées dans des versions sous formes de "reconstitutions virtuelles".
Muséale car rien n'échappe à l'auteure, des démons cachés dans les nuages ou les ombres, du diable à peine esquissé et le passage de la porte de la ville qui est sur le point de tomber dans "l'extase de François", diable que l'on retrouve dans "l'expulsion des démons d'Arezzo", les colombes représentées dans ce qu'elles ont de plus symbolique un peu partout, l'aigle au faîte de la basilique de Saint-Damien qui représente Saint-Jean considéré comme l'aigle des évangélistes .
Nous avons sous les yeux le fruit d'un merveilleux travail d'analyse minutieuse et monstrueux travail d'exégèse pour des explications toutes aussi détaillées et complémentaires aux fresques.
Et que dire des plans de la basilique qui démontrent que sur le mur Nord sont représentées les scènes de l'Ancien Testament (exemple : offrande de Caïn et Abel) qui répondent sur le mur Sud aux scènes du Nouveau Testament (exemple : le Christ parmi les Docteurs) qui dans le transept trouve dans leurs échos dans le cycle franciscain (respectivement expulsion des démons d'Arezzo et Stigmates de François).

Au titre des adjectifs j'ajoute remarquable pour la qualité de l'ouvrage fruit de l'éditeur les Belles Lettres, qui démontre une nouvelle fois la qualité tant éditoriale que de façonnage (livre relié, toilé avec dorure à chaud, magnifiques illustrations, apparat critique conséquent et index à la hauteur du travail de l'auteur) de ses publications.

J'ajoute que l'auteure est décédée le 9 avril dernier, elle comptait parmi les référents en histoire du Moyen-Âge, et sur l'histoire de l'Église catholique. Il nous reste ses ouvrages pour louer son travail de transmission de ses savoirs sur ces époques...

On dit que les murs ont des oreilles, grâce à Chiara Frugoni, ils nous parlent et révèlent leurs secrets...
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