Le récit est toujours construit en analepse : Aurelius Clemens continue d'interroger Marcus Livius déserteur aux yeux de Rome, qui lui prétend qu'il est le seul survivant d'une mission secrète décidée par le défunt Caïus Bracca, qui continue de raconter l'histoire de l'expédition dont il a été le chef...
Dans ce tome 3 intitulé "Sous les Larmes sacrées de Nyabarongo", je suis obligé de passer en zone SPOILER !
Blessé et empoisonné lors de sa révolte, Marcus Livius se réveille d'un long sommeil : deux années se sont écoulées, les choses ont bien changé et c'est à travers ses yeux que nous découvrons la nouvelle situation ! Galliena a récupéré son trône et les aventuriers romains sont en liberté surveillée : Dubaku est son principal général, Tiberius son principal conseiller, le rookie idéaliste Publius Gala a fondé une famille métissée, le soldat-philosophe Nikolaios a trouvé une nouvelle Bibliothèque d'Alexandrie à organiser, et ces brutes suprématistes de Falco et Aquila sont au mitard pour leurs crimes racistes... Marcus Livius n'en démord pas, il sera roi et le plus court chemin pour cela est d'épouser la Vénus Noire qui hante ses pensées depuis Thèbes : pour réaliser ses ambitions, il doit passer par une ordalie de sauvagerie !
Nous sommes clairement dans la folie des grandeurs : Marcus Livius se voit en nouvel Alexandre voir en nouvel Hercule, et ses compagnons se voient bien eux en nouveaux Diadoques... Mais ils sont trop imbus d'eux-mêmes et de la prétendue supériorité de Rome pour s'apercevoir qu'ils ne sont pas les maîtres parce qu'ils sont les esclaves, et qu'ils ne sont pas les joueurs parce qu'ils sont les pions... le ver est déjà dans le fruit, et j'imagine que les masques vont tomber dans le tome 4 intitulé "Un Homme mort sur le Nil", et que les Romains vont sacrément déchanter quand leurs illusions vont s'envoler...
Les auteurs continuent de tirer à boulet rouge sur la prétendue supériorité de l'Homme Blanc, et on retrouve toutes les délires impérialistes et colonialistes des XIXe et XXe siècle avec un Marcus Livius qui préfère s'accoquiner avec la lie de l'humanité au lieu de considérer les Africains comme des égaux donc comme des alliés, parce les premiers sont blancs donc d'une civilisation et d'une race supérieure et que les seconds sont noirs donc d'une civilisation et d'une race inférieure. Soupirs, d'autant qu'il y a encore pas mal de gens pensent encore ainsi, et plus encore dans la France d'en haut que dans la France d'en bas puisque ceux qui se posent en aristocrates sont suprématistes par essence !
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