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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Vicente Valera, en écoutant la voix hypocritement caressante de l'hôtesse de l'air, ne pas fumer, attacher sa ceinture, relever son siège, nous arrivons bientôt, désire un drame à l'atterrissage : « une star d'Hollywood a trouvé la mort au dessus de la baie d'Acapulco. »
Finalement, il en réchappe, sort dans l'air brulant , vague de feu contrastant avec le froid de l'avion, froid que le narrateur a aussi senti lorsqu'il a reçu un oscar du meilleur acteur( de seconde zone).

La gloire est froide : « ma main brûlante contre l'objet glacé ».

C'est dans la chaleur mexicaine que le mexicain Carlos Fuentes redécouvre son pays avec l'oeil de son narrateur, Irlandais de Los Angeles ; celui-ci engage sept prostituées sur un voilier qu'il loue.
Les jeux de mots s'échangent, puisque, dit Fuentes, le langage sert plus à se défendre qu'à communiquer, à dissimuler plus qu'à révéler. Dans la situation échauffée, les mots ne tardent pas à revêtir une double, ou triple implication obscène :
« La canne à pêche fit l'objet de toutes les métaphores phalliques, l'hameçon se clitorisa, l'appât se prépuça. »
Prélude évidemment au passage à l'acte, avec les sept naines pas si naines que ça quant il s'agit de passer à l'action collective, mouillée, excitée, inventive et enflammée.
Vicente , pauvre Apollon de Celluloïd, est pompé, sucé, caressé, mordillé, pénétré par sept jeunes déchainées, il se livre à l'extase multipliée, sous le regard de Blanche-Neige, la marâtre.
Chaleur, ah, que calor, érection qui durcit, en l'attente de la jouissance suivante, et reste pourtant rigide, ah, mourir de plaisir…. Voilà il est mort, le froid de la mort l'étreint sous le soleil équatorial, malgré les mains de plus en plus chaudes des filles riant aux éclats de la situation.
Il est mort, mais conscient, et en premier lieu du désarroi de ces femmes qui ont fui leurs vies, ont dénié les douleurs de leur courte existence et essayé de s'étourdir en dansant nues.
Cette nouvelle fait partie du recueil l'Oranger, or Vicente sera enterré à côté du fils de l'une des naines près d'un oranger, petit soleil.
« Qui a bien pu le planter, se demande-t-il ?il y a combien de temps ? J'aimerai savoir quelle quantité d'histoire me protège désormais. Suis-je couché à l'ombre de l'histoire ?»
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Les vacances, faire le vide dans sa tête, se vider les bourses, et lire sur le pont d'un voilier, sous le soleil d'Acapulco. La vie est belle, je lis, j'écris, le soleil me brûle et j'ai convié sept putains à venir sur mon voilier. Tourner les pages, et se faire sucer en même temps. La maquerelle m'apporte un pina colada, quel délice pendant que je sodomise la numéro deux. Et au milieu de cette eau sans vague, le vague à l'âme, j'en garde mon âme d'enfant. Blanche-neige et les sept nains. Apollon et les sept putains. C'est une métaphore. Car si ces « naines » ont de belles et grandes jambes, des seins généreux, des culs appétissants, elles n'en sont pas moins besogneuses, à l'image de ses nains de jardins dans le conte pour grands enfants. Eh oh on rentre du boulot. Et question boulot, je suis servi, elles me servent, écartent les cuisses, me masturbent, me fellationnent, tout en prenant un bain de soleil, seules et perdues sur ce voilier sans vent et sans regard.

Qui n'a pas rêvé d'une croisière telle que Vince l'a organisé ? Chronique d'une partouze annoncée. Car, je n'en oublie pas mes références littéraires. Il n'y a pas que la sodomie dans la vie même dans une croisière, même sous le soleil mexicain à en attraper un coup de soleil sur le derrière, surtout avec un punch coco à la paille. Pendant que N°3 s'abreuve de mon foutre, doucement ma belle, savoure, c'est pas du lait de coco. Vince, il peut mourir heureux, cet acteur miteux qui a failli devenir mythique dans une série B. Vince, il peut mourir le sexe érigé vers les cieux, son âme flottant entre les effluves de ces délicieuses putains, pêcheuses amatrices, pécheresses aguerries.

Sans Carlos Fuentes et ma bouteille de Mezcal, je n'aurai imaginé un tel plaisir sur un voilier. Sept putes sur ma queue, fière et dure. Je réapprends à rêver, sous le soleil d'Acapulco. Tout me semble possible, même de croquer le ver au fond de ma bouteille. le pouvoir des mots, ou est-ce celui de mon imagination qui sourit à l'idée de voir sept bouches s'évertuer à caresser, sucer, gober, mon magnifique glaive, fièrement dressé sous le soleil d'Acapulco. Un air trotte dans ma tête, The Love Boat, et sept culs qui dandinent devant moi, de haut en bas, le long de ma queue. J'aurai du faire acteur de porno, sous le soleil d'Acapulco. A moins que je ne me réveille, les rognons bouffés par ces sept putains livrées à elle-même, mon coeur ayant lâché d'une telle jouissance, sur cet océan du plaisir. La croisière ne m'amuse plus tout d'un coup, même sous le soleil d'Acapulco.
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Vincente Valera était acteur de série B, jusqu'au jour où il a remporté un Oscar. Mais loin d'améliorer sa carrière, cette récompense a plutôt déstabilisé son public et, depuis, Valera est au chômage.

Valera décide donc de s'offrir quelques jours à Acapulco, afin de se détendre et d'oublier le petit monde du cinéma.

Sur place, il fréquente les boîtes de nuit et les bars et finit la soirée dans un endroit qu'on lui a renseigné comme étant une maison close, mais où les filles ne font que danser et où les clients ne peuvent les toucher. Frustré, Valera décide d'inviter les sept filles et la patronne de la boîte sur le bateau qu'il a loué pour le lendemain, les Deux-Amériques.

La patronne accepte et embarque, avec ses sept protégées, sur les Deux-Amériques. Mais, alors que le bateau est en pleine mer et la patronne à la barre, Valera meurt d'une crise cardiaque. Commence alors une longue période d'angoisse et de réflexions pour les occupantes du bateau: elles ne savent pas quoi faire du corps, elles sont incapables de manoeuvrer le bateau, et les provisions commencent à manquer...


Apollon et les putains est une nouvelle assez spéciale, mais pas désagréable.

Il s'agit, en fait, d'une parodie de la littérature pornographique, ce qui explique le titre assez choquant au premier abord. Et, malgré quelques allusions au cours du récit, le sexe n'est pas tout dans cette courte nouvelle.

En réalité, grâce au décès imprévu de Valera, l'histoire prend une tournure assez intéressante, puisque l'auteur développe alors les introspections de chacun de ses personnages, y compris celles du mort, qui, malgré son état, est toujours conscient et parvient à comprendre les pensées des sept danseuses et de leur patronne.

Pour Valera, donc, la mort se manifeste par une capacité à comprendre tout ce qui l'entoure de façon absolue, comme s'il était tout d'un coup devenu un personnage omniscient, capable de tout connaître de n'importe quelle personne se manifestant dans son champ de vision. Cela apporte une atmosphère quelque peu spéciale au texte, mais également très utile: qu'y a-t-il de mieux qu'un narrateur omniscient pour nous révéler tous les petits secrets des autres personnages?

Et ici, c'est bien évidemment le cas, puisque grâce à Valera et au nouveau don qu'il a acquis en décédant, on en apprend beaucoup sur les filles, au point que certaines d'entre elles commencent à provoquer la pitié.

Ainsi, alors qu'elles dérivent lentement à bord du bateau laissé sans capitaine et qu'elles sont entourées par l'immensité de l'océan, les danseuses songent à leur vie passée comme elles ne l'ont sans doute jamais fait avant. Peu à peu, chacune se souvient des faits marquants de sa vie, des événements ayant mené les petites filles qu'elles étaient sur le chemin qu'empruntent, chaque jour, les femmes qu'elles sont devenues. Pourquoi avoir choisi de devenir danseuse dans ce bar? Avaient-elles réellement le choix? Quels avantages cette situation comporte-t-elle par rapport à leur vie d'avant?

Et ce qui est encore plus intéressant, c'est que Valera lui-même finit par réfléchir sur sa propre vie, sur sa carrière et sur son passé. Lui aussi se pose des questions: que reste-t-il de cette carrière? Qu'a-t-il fait de bien pendant les cinquante-cinq années de son existence? Quels regrets éprouve-t-il?

Une nouvelle très intéressante, étonnante et haute en couleurs, sous-tendue par une réflexion intéressante sur la vie et sur les choix auxquels elle nous confronte.
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Nouvelle d'une centaine de pages retraçant le tourisme d'un acteur de série B hanté par le seul film valable qu'il ait fait et par l'ennuie existentiel de sa vie. Pour rompre cette déprime il décide lors de vacances à Acapulco de louer un bateau et des prostituées.

Histoire qui est l'objet d'un twist à la moitié du récit, twist qu'on ne peut vraiment deviner et qui laisse place à tout l'intérêt de l'ouvrage. La nouvelle situation permettant un vrai questionnement existentiel et philosophique sur l'utilité de tout ce qu'on vit et sur le sens qu'on peut y attribuer.

Le style est fluide, bien que je pense que la traduction n'est pas mirobolante. Vocabulaire courant voire familier voire pornographique sur certaines phrases, Fuentes semble vouloir traiter de l'obscénité sous toutes ses formes même l'obscénité induite, insidieuse tellement nous y sommes habitués.

Un récit intéressant qui pêche par une certaine mollesse.
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