Citations sur Traqué, tome 1 : Cessez d'être la proie, devenez le chass.. (31)
-Ca fait cinq minutes que je frappe. C'est quoi, votre problème ?
-Désolé, je ne me suis pas réveillé. Ces étriers sont trop confortables.
N'oublie jamais qui tu es.
Quand on s'efforce trop longtemps à ne pas être quelque chose,on finit par se détester.
Je ne m'arrête pas pour autant. Alors que les larmes me montent au yeux, alors même que mes jambes menacent de me trahir, que mes poumons débordent d'acide, je ne m'arrête pas. Je mourrai debout. Je ne mourrai pas à genoux. Je mourrai en me battant et en courant.
Je fais la seule chose à faire : je lève la tête, contemple le plafond, et me mets à crier. Pour chasser la douleur, pour oublier l'horreur qui se déroule juste sous mon nez. Ma complainte se joint à celle de mes compagnons. Pendant quelques instants, je couvre les hurlements de chacal et de hyène qui m'entourent. C'est tout ce que je demande : d'en être libéré pendant quelques secondes.
La meilleure défense est l'attaque.
-C'est un grain de beauté, murmure-t-elle. Tu peux le frotter autant que tu veux, il ne partira pas.
-Je ne veux pas le faire partir, je réponds.
en réalité, je ne sais pas ce que je suis en train de faire. Tout ce que je sais, c'est que mon cœur bat à tout rompre, et que j'ignore comment me comporter.
-Fait semblant de tenir à moi, me chuchote-t-elle. D'aimer la forme de mes lèvres, la douceur de ma peau, l'odeur de mon souffle, la couleur de mes yeux. Fais comme si tu voyais même au-delà des apparences, comme si tu me connaissais plus en profondeur. La face cachée. Comme si je t'attirais néanmoins, peut-être même plus encore. Imagine qu'il n'y a rien d'autre que moi, debout devant toi, et que nous sommes seuls au monde. Qu'il n'y a pas d'autres chasseurs, pas de membres du personnel, pas d'homiférés. Pas même la lune, les étoiles ou les montagnes. Imagine que tu rêves de moi depuis toujours, et que je me tiens juste là devant toi. Imagine tout cela, au moins pour une nuit.
Le directeur de l'institut homifère est aussi stérile et sec que le désert qui l'entoure, ce qui n'est pas rien.
Mais au lieu de lui répondre, j'entends la voix de mon père.
"N'oublie jamais qui tu es."
Et pour la première fois, je comprends ce qu'il voulait dire par là. C'était juste une façon détournée de dire "N'oublie jamais qui ils sont".