AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,22

sur 119 notes
5
9 avis
4
5 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis
Fukuoka écrit ce livre dans les années 70 pour mettre en garde les paysans japonais contre la technique occidentale. Avec sa machinerie agricole censée faciliter le boulot, la Tekhnè propose de révolutionner des millénaires de culture traditionnelle de la terre. Fertilisants, labourage, insecticides et culture intensive des terres pour produire toute l'année et parfois hors saison deviennent la règle, au détriment de la qualité nutritionnelle et gustative des aliments (ce qui engendrera d'ailleurs une autre industrie, celle des compléments alimentaires et de la pharmaceutique). L'agriculteur n'a en fait aucun intérêt à acheter ces conneries. Il se charge de tâches superflues destinées à légitimer l'utilisation des produits qu'on lui a fourgués en lui assurant qu'ils l'aideraient à accomplir plus facilement son travail. Il enterre les méthodes de culture traditionnelle, croyant que le progrès scientifique est une destination fiable. Il permet l'appauvrissement du sol de ses terres et crée les conditions de l'installation d'un cercle vicieux de dépendance. Enfin, il perd la qualité gustative des aliments qu'il produit.


Fukuoka, après avoir travaillé comme microbiologiste, décide un jour de tout abandonner pour aller faire son potager. C'est par expérimentations successives faites d'échecs et de réussites qu'il parvient progressivement à développer une méthode agricole dite naturelle, n'employant pas de fertilisants chimiques, pas d'insecticide, ne nécessitant pas de labourage ni de désherbage. Par une observation précise des rythmes de croissance des plantes, par l'étendage de paille sèche sur les cultures et par l'utilisation de semis de trèfle blanc pour nourrir la terre et faire concurrence aux mauvaises herbes, il obtient une récolte aussi abondante que celle de ses voisins qui recourent aux produits et techniques compliquées et fatigantes. Mais contrairement à eux, il ne travaille que quelques heures par jour, pour faire ce qui doit être fait, et ne s'use pas à la tâche continuellement.


« Il n'y a pas méthode plus facile, plus simple, pour faire pousser le grain. Elle comporte à peine plus que semer à la volée et répandre la paille, mais il m'a fallu plus de trente ans pour atteindre cette simplicité. »


L'agriculture naturelle, contrairement à l'agriculture industrielle, ne permet cependant pas à celui qui la pratique de s'enrichir. Elle permet seulement de vivre en autosuffisance alimentaire. Pour beaucoup, ça ne sera pas suffisant. Qui veut s'enrichir se détournera de cette méthode, et qui ne peut se contenter de manger seulement ce qu'il produit finira par demander autre chose et encouragera ailleurs la pratique de l'agriculture industrielle.


« Si nous avons une crise alimentaire elle ne sera pas due à l'insuffisance du pouvoir productif de la nature, mais à l'extravagance du désir humain. »


Le principal frein à la diffusion du message de l'agriculture naturelle reste encore et toujours l'insatiabilité de l'homme qui espère l'avènement de son bonheur dans la complexification pénible et torturée de ses désirs. L'agriculture naturelle constitue ainsi, paradoxalement, une victoire contre la pente naturelle de l'homme à nourrir son désir de l'insatisfaction.
Commenter  J’apprécie          181
Ce livre n'est pas seulement un ouvrage qui présente une méthode aussi simple que révolutionnaire de pratiquer l'agriculture : c'est une initiation à une école de vie d'harmonie, d'écoute et d'humilité. Influencé par les préceptes du taoïsme et du bouddhisme zen, Fukuoka ne se livre pas à de grandes théories, mais invite par ses remarques, commentaires (parfois mordants) et expériences à se concentrer sur ce qui fait l'origine de notre rapport au monde et l'essence de notre condition au sein de la nature immense, largement inconnue, et merveilleuse.

Au-delà d'une foi sacro-sainte dans les connaissances de la science moderne, qui segmente et dissèque chaque chose une par une, que voyons-nous si nous embrassons le monde d'un seul regard, non-discriminant ? La science a-t-elle vraiment permis d'améliorer notre accès au bonheur ? Les innovations et progrès de la civilisation contemporaine constituent-ils réellement des améliorations de nos conditions de vie ou plutôt un simple déplacement du désir vers un objectif plus lointain, qui rend nécessaire le progrès lui-même ? Quel est le sens de cette soif de connaissances scientifiques, technologiques et économiques que la civilisation a érigé au sommet de ses valeurs, et que peut-elle nous apporter, toutes choses bien considérées ?

Remettant en question ce que sa société considère comme des acquis, l'auteur nous invite à considérer que, bien souvent, la finalité du progrès ne réside pas tant l'amélioration des conditions de vie intrinsèques de l'humain, mais qu'elle propose simplement un modèle de mouvement, perpétuel, incessant, qui finit par se prendre les pieds dans le tapis de son aveuglement.

Peu importe par quel bout l'on prendra ce livre, on finira toujours par se heurter aux questions essentielles qui le sous-tendent, et qui toutes sont la même, formulée de diverses manières : celle de notre rapport au monde. Comme le dit Masanobu Fukuoka lui-même : "Un objet vu isolément du tout n'est pas l'être véritable."
Commenter  J’apprécie          151
Blaise Pascal a écrit que l'homme est un roseau pensant. M. Fukuoka décide de le prendre au mot, expérimente le principe philosophique du roseau pensant, dans des champs de riz et de céréales d'hiver ...

Le microbiologiste qu'il était quitte son poste qui consistait entre autres à créer des maladies des plantes ( je ne comprendrais jamais pourquoi ce métier existe). Et il décide alors de faire tout le contraire. de devenir paysan et de tout faire pour créer un milieu sain, non propice aux maladies etc, maladies créées entre autres par les produits chimiques et par les méthodes agressives de l'agriculture moderne. Mais il rejette encore, plus étonnant, la méthode traditionnelle (car elle nécessite trop de travail à son goût) et expérimente, réellement, de nouvelles méthodes, en observant le microcosme et le macrocosme du champ. Il prône pour le non-agir, mais attention, il s'agit quand même d'agir un peu quand même. Il essaie, fait des erreurs. Les arbres du verger de son père n'auront pas résisté bien longtemps à ses expérimentations de jeunesse (il se rend compte que la méthode du non-agir ne marche pas sur des arbres taillés). Il se rend compte plus tard que semer les graines à la volée, c'est parfois assez comique, surtout lorsque les oiseaux rôdent autour ... À retenir la solution des boulettes d'argiles pour les semis.

L'essai traite de technique agricole (ou de non-technique plutôt) mais c'est aussi un traité philosophique qui me rappelle le Walden de Thoreau, en plus plaisant à lire. La différence étant sans doute que Fukuoka est plus empreint de philosophie orientale, de zen, de taoïsme ... ce qui en fait une lecture relaxante. Thoreau, dans mes souvenirs, m'avait plutôt fait l'effet d'un rebelle ( du fait de squatter son terrain sans doute). Mais Fukuoka aussi est un rebelle et un vrai. Il n'est pas tendre avec le Ministère de l'Agriculture qu'il accuse d'hypocrisie, il n'est pas tendre non plus avec les chercheurs aux questions dénuées de sens profond. Et surtout, ne fomente-t-il pas une révolution avec son brin de paille ?
Commenter  J’apprécie          115
Il suffit de lire le sous-titre « Une introduction à l'agriculture sauvage » pour se faire une idée du propos de ce livre. L'agriculture industrialisée moderne avec machines, engrais, pesticides, insecticides, intrants divers et OGM mène l'humanité dans une impasse. Ni le producteur, ni le consommateur n'en tirent vraiment profit. Seuls les commerçants, les semenciers, les industriels de la chimie et autres constructeurs de machines agricoles sont gagnants alors que notre santé se dégrade et que le problème de la faim dans le monde, loin d'être résolu, risque encore de s'aggraver. Et là, Fukuoka, avec ses méthodes révolutionnaires de culture, pourrait bien détenir la solution. Depuis des dizaines d'années, il ne laboure plus, sème à tous vents, se contente de récolter le riz puis de resemer des céréales locales d'hiver en laissant la paille sur le sol. Tout repose sur le respect et l'imitation de la nature. Fukuoka n'utilise aucun engrais si ce n'est quelques fientes de ses poules et obtient des rendements équivalents aux meilleurs de l'agriculture moderne, mais sans épuiser la terre et en la rendant d'années en années de plus en plus fertile. En fait, il prône un retour au traditionnel, aux méthodes d'avant les machines, et même d'avant la traction animale. Pour lui, il suffit d'observer la nature, d'être moins intrusif et de toujours lui restituer tout ce qu'on lui prend. Toujours rejeté, méprisé ou moqué par l'institution, il a fait pourtant de nombreux adeptes. Des étudiants du monde entier viennent en stage sur sa ferme pour observer cette révolution tranquille et apprendre pour reproduire chez eux. Il fut l'inspirateur de la permaculture, technique qui rencontre de plus en plus d'écho dans le monde.
Qui veut s'informer sur cette agriculture « sauvage » doit lire ce livre finalement assez peu technique et en forme de témoignage touchant et poétique. le message de paix et de respect de Fukuoka est aussi touchant que passionnant. Il nous fait toucher du doigt combien nous nous sommes éloignés de la nature et combien il est temps de s'en rapprocher. Produire sain, savoureux et local. Tout un programme... Magnifique objectif peut-être moins difficile à atteindre qu'on croît. Il suffit sans doute d'une bonne poignée de paille et d'un soupçon de bon sens.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
Commenter  J’apprécie          90
magnifique !!! enfin la solution pour éviter les pesticides !!!! cultiver au naturel : sans pesticide, sans angrais autre que naturel : il prône cela depuis une trentaine d'années mais bien sûr personne n'écoute !! ils préfèrent faire "marcher" les lobbies des vendeurs de tracteurs épandeurs de mort qui tue !
Commenter  J’apprécie          92
Entre deux fictions romanesques, il est bon de revenir sur terre. Et de la respecter, cette terre! La lecture de la révolution d'un seul brin de paille nous rappelle combien nous nous sommes éloignés du bon sens pour le seul bénéfice d'un système, avec sa logique de productivité immédiate et de bénéfices à tout prix, même le prix de la pollution par les pesticides et autres produits nocifs. Un homme, Fukuoka, nous prouve par son expérience de plusieurs décennies, qu'on peut cultiver autrement, aussi bien, tout en restant en harmonie avec la diversité naturelle. de lecture agréable, cet ouvrage donne envie d'essayer le pari du respect de la nature. A offrir à Noël à tous nos amis agriculteurs à la fibre un peu écolo... :o)
Commenter  J’apprécie          60
Un superbe livre, qui montre qu'un changement vers une agriculture plus respectueuse de l'environnement est plus que possible
Commenter  J’apprécie          50
J'ai découvert ce livre lorsque le mot "permaculture" existait à peine (il y a plus de 10 ans). A cette époque, sur le sujet, il existait seulement 3-4 vidéos et très peu de livres. Aujourd'hui les ressources sur le sujet sont en quantité (et parfois ça part dans tous les sens au point de s'éloigner de l'esprit même de la permaculture).
Heureusement, ce livre reste sans nul doute une référence en la matière !
Seule la lecture peut rebuter à certains moments.
Commenter  J’apprécie          40
Ce qui est frustrant dans ce livre c'est que l'auteur nous parle de non faire et de fusion avec la nature... on cherche à comprendre comment on pourrait faire et on a tout faux... On comprend vite, même si l'auteur ne le dit pas, que c'est du zen.
Malgré la mauvaise qualité des photos et une traduction un peu simpliste, l'intérêt (et l'actualité) de ce petit livre écrit en 1975 est dans les possible qu'il ouvre comme alternative au système d'agro-industrie au delà du Bio.
On a en vie d'aller passer plusieurs mois dans sa ferme pour se ressourcer, manger avec un immense plaisir, humer les parfums des légumes et des herbes.. et de trouver un carré de jardin isolé à flan de colline pour se lancer.
Commenter  J’apprécie          40
Le titre est magique, je l'ai lu plusieurs fois avant de démarrer. Oui, un brin de paille fait la différence. Pas un brin de paille taillé et joliment disposé, non celui que l'on fauche et qu'on laisse retomber sur la terre. Ce brin de paille, va se transformer et nourrir la terre. Fukuoka est comme les indiens d'Amérique, les aborigènes,.. il a confiance en la Nature, il sait qu'elle sait faire mieux que nous. Il sait qu'il peut compter sur elle pour peut que l'on apprenne son langage.
A partir de son récit personnel, il nous livre son rapport à l'agriculture sauvage. Une agriculture qui produit plus que la conventionnelle tout en respectant la terre et l'environnement.
Ses leçons d'agriculture sont autant de leçon de vie que même sans jardin on peut lire avec plaisir.
Il serait tant de réapprendre à converser avec la Nature.
Commenter  J’apprécie          22




Lecteurs (346) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (5 - essais )

Roland Barthes : "Fragments d'un discours **** "

amoureux
positiviste
philosophique

20 questions
849 lecteurs ont répondu
Thèmes : essai , essai de société , essai philosophique , essai documentCréer un quiz sur ce livre

{* *}