J'ai été très déçu par cette lecture. Cela commence mal car Julia de Funes prend il me semble un très mauvais exemple pour nous parler de processus. N'importe qui travaillant en entreprise sait que les process sont souvent lourds et pénalisants pour rester agile (un mot à la mode ces temps)… mais l'auteur nous raconte qu'elle vient depuis quatre ans, deux fois par semaine, intervenir dans une entreprise et que la personne de l'accueil lui demande toujours sa carte d'identité… elle essaye un jour où elle ne trouve pas sa carte au fond de son sac de dire que ce n'est pas utile puisqu'elle vient régulièrement. La personne de l'accueil lui répond alors que « c'est le process » et qu'elle doit donner sa carte. Et Mme de Funes nous propose alors un chapitre de réflexions sur la lourdeur et le frein que représente les process en entreprise (elle écrit même : si à l'accueil les personnes ne suivaient pas des process mais avaient une liberté d'agir avec leur intelligence, tout le monde aurait gagné du temps). Mais le point de départ est mauvais ; cette personne à l'accueil ne répond pas à un process mais à des consignes de sécurité (quelle entreprise laisse rentrer n'importe qui, et peut se permettre de ne pas savoir qui est dans ses murs ?). Et cela me donne tout de suite l'idée que Mme de Funès mélange un peu tout, et la suite m'a confirmé ceci car je n'ai pas trouvé d'intérêt à cette lecture. Les thématiques abordées sont intéressantes et des liens vers des réflexions philosophiques sont associées à ces thèmes puisque c'est l'objet du livre, mais le tout est indigeste et à part découvrir date de naissance et de mort de certains philosophes, on y apprend très peu de choses. On y parle de « brainstorming », de « burn-out » (les « motsdits », jeu de mot sympathique pour les mots « maudits » mais cela ne suffit pas à justifier un livre), de « selfie ». Quelques propos sont intéressants… par exemple le win-win quand on travaille avec quelqu'un et le fait qu'en cas de win-win, on ne devrait pas devoir contractualiser avec un contrat, puisque chaque partie à intérêt à réaliser la prestation… ainsi le « Contrat de confiance Darty » est pris comme exemple de non-sens. Autre sujet qui fait mouche : l'absence de temps pour penser et réfléchir à son métier, saturés que nous sommes par toutes les tâches à réaliser. le sujet est intéressant.
Mme de Funès fait des constats (mais il suffit de travailler en entreprise depuis quelques années pour faire les mêmes constats), et fait des liens avec des pensées de philosophes… mais le soufflé retombe aussi vite qu'il est monté car j'ai envie de dire :… et alors… ?
Mme de Funès a eu le mérite de faire un ouvrage concis de 140 pages là où nos amis Américains auraient dilué tout ceci pour en faire un livre de 400 pages, avec des exemples à n'en plus finir qui auraient noyé le propos pour un ouvrage indigeste au final.
C'est bien le seul plus de ce livre pour moi.
Ces sujets m'intéresse… car je travaille en entreprise… mais très sincèrement, j'ai refermé cet ouvrage en me disant que cela ne m'avait pas apporté grand-chose.
Je pense qu'il faut du temps pour comprendre le système que représente une entreprise, il faut y vivre, y évoluer, dans le meilleur des cas y progresser, pour appréhender tous les enjeux (économique, humains, organisationnel…). Il faut aussi naviguer dans toutes les strates, le top management, le management intermédiaire, les exécutants… pour petit à petit saisir une globalité. Et il faut sûrement continuer à travailler en entreprise pour appréhender son évolution et adapter son discours.
Peut-être que Mme de Funès a quitté trop tôt l'entreprise pour pouvoir ensuite apporter une réflexion qui nous parler ?
D'un autre côté, travailler « de l'extérieur », est peut-être aussi un moyen de réfléchir sans être influencé par ce qu'on vit en étant partie prenante.
Rendez-vous vraiment raté pour ma part, mais peut-être que d'autres lecteurs trouveront un intérêt dans ce livre.
Ce livre est un aperçu des habitudes de nos entreprises avec la mise en place de « process » à tous les niveaux.
L'introduction de chaque chapitre est amusante parce qu'elle décrit un « process » en particulier : brainstorming, burnout, selfie… que des termes anglais !
Un livre léger mais qui, lorsque l'on est confronté à ces « process », prend un sens différent. On peut se rendre compte de l'absurdité de ce fonctionnement.
Par exemple, dans mon entreprise on ne peut plus aller chez les SG (Services Généraux) pour avoir une info ou leur téléphoner, il faut envoyer un mél à une adresse dédiée (helpdesk… encore de l'anglais).
Et après, on se plaint qu'il n'y a plus de contacts entre collègues… l'absurdité…
Julia de funes est intervenante dans des entreprises.
Vision passionante de ce qui se passe dans nos entreprises depuis 20 ans, tous secteurs confondus. le regard neuf et lucide d'une personne extérieure et non conditionnée, nous ouvre les yeux sur les abérations des process mis en place progressivement depuis 20 ans, au détriment de l'humain. C'est aussi une grande satisfaction de mettre des mots, grace à ce livre, sur ce qui dérange dans le fonctionnement des entreprises, et qui peut même pousser à la reconversion ou au burn out dans des cas extrèmes.
Procédure, burn-out, brainstorming, salaires, interventions de formateurs, win-win, big-data ou sabirs incompréhensibles mêlés d'anglicismes et d'abréviations… Julia de Funès décortique les entreprises, leurs biais, la vie qui les anime et leurs méthodes managériales sous un angle philosophique.
Socrate au pays des process de Julia de Funès
Et cela donne des portraits drôles, absurdes, édifiants, consternants ou surprenants… mais rarement efficaces et sensés
Ou sont les humains qui les composent, leur libre-arbitre et l'expression de leur bon-sens ? Est-ce efficace ou sensé ?
Et moi ?
Le genre de livre qui ne sert à rien, hormis le passage sur le brainstorming assez intéressant, le reste n'apporte rien, l'éclairage philosophique étant succinct et limité à quelques exemples. Je dirais pas nul, mais pas loin ....
La norme disciplinaire peut se comprendre comme une technique de comportement : en codifiant les bonnes pratiques à avoir, les procédures à suivre, les pouvoirs disciplinaires ont multiplié les techniques pour « dresser les corps et contrôler les esprits ». Ce sont des fabriques à produire des individus « dociles », dit Foucault, c'est-à-dire qui obéissent gentiment à la procédure, sous prétexte de gagner en gestion de temps et organisation de l'espace. Obéissance et rendement sont les deux objectifs des techniques disciplinaires. Ces dernières sont d'autant plus puissantes qu'elles avancent masquées…
Jamais elles n'usent de la violence, trop visible, trop dangereuse. Elles s'imposent insidieusement, de manière tentaculaire, jusqu'à prétendre gérer la vie entière.
Là où l'esprit borné reste englué dans ses manières de faire, dans ses mécanismes, dans ses automatismes ritualisés, au point de juger qu'ils sont les seuls légitimes, l'esprit élargi propose un déplacement de point de vue et une autre perspective. Aussi parvenons-nous à prendre conscience et d'une situation et de nous-même de manière distancée. La pensée élargie donne ainsi, et de manière substantielle, du recul, c'est-à-dire du sens à nos actions, ce dont nous prive définitivement le process.
L’amitié est une disposition de tous les jours l’amitié consiste à aimer, aimer consiste à agir.en somme, l’amitié est un domaine d’excellence où il ne suffit pas de rire, pleurer, cliquer… Si le lieu de travail, exigeant, n’est pas toujours un lieu d’amitié, l’amitié, exigeante, est toujours en travail
La discipline n'est pas le droit, elle n'est pas une sanction juridique. Présenter ma carte à l'accueil n'est pas légal ou illégal, mais néamoins obligatoire. Là où le juridique protège universellement les droits des individus, la discipline contraint et constitue les individus en sujets obéissants, par le biais d'un rituel.
Seule la lourdeur des chaînes peut nous enseigner la légèreté du pas. La répétition, le besoin temporaire de se fermer à tout autre intérêt, la nécessité de se soumettre à des règles strictes, arbitraires, et de répéter inlassablement les mêmes procédures, aussi idiotes soient-elles, est la condition de l'excellence.
Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?