Ma route coupait droit à travers le monde

C'est d'abord un petit mais très bel ouvrage que les Editions « Esperluète » nous offrent à travers ce recueil de trois nouvelles.
Une couverture à la texture douce et presque soyeuse que l'on aime tenir en main.
L'auteur nous offre trois textes originaux.
Le premier relatif à l'apparition d'un personnage d'un tableau de Hopper qui va perturber la vie de Lupo.
Le second texte traite des regrets et des remords d'un éditeur ayant refusé un manuscrit alors qu'il contenait de troublantes révélations.
Le troisième nous place devant le mystère de la création littéraire.

Ce sont des thèmes originaux, mais compliqués, qui paraissent faciles à lire car très bien écrits,. Mais tout est dans le détail, et il faut toute l'attention du lecteur pour bien profiter des scènes décrites par l'auteur.

Un grand merci à Babelio et aux Éditions Esperluète pour la découverte de ce recueil de nouvelles, bel objet à la couverture (un tableau de Hopper) et à la mise en page soignées.
Hopper, dont la femme en blanc du tableau "Summertime" constitue le fil rouge de la première nouvelle, "Maison de bois rouge en Californie". Cette femme qui a séduit le narrateur et lui permet de nous offrir, par touches précises et avec beaucoup d'émotion, l'histoire de Lupo, marquée par un déracinement familial et géographique à l'adolescence. La grande qualité de ce texte est d'être à la fois très précis sans pour autant entrer dans les détails ; il est une somme d'anecdotes, d'illusions, de fantasmes aussi, conduisant le lecteur à cerner le personnage et à comprendre la façon dont il est arrivé où il en est. Ce texte est celui que j'ai préféré.
Dans "l'avenir à belles dents", le narrateur (un agent littéraire ?) nous raconte comment il a découvert et refusé le manuscrit d'un auteur américain de polar en concluant par la culpabilité qu'il a ressentie, des années plus tard. L'accent est ici mis sur l'histoire contenue dans le manuscrit (et celle de son auteur, impliqué dans une grosse affaire de drogue). Comme dans la nouvelle précédente, ce sont des petits détails pouvant paraître légers qui donnent au texte toute sa profondeur. La construction - une histoire dans l'histoire - procure une tension narrative certaine.
Le recueil se termine par la nouvelle éponyme : "Ma route coupait droit à travers le monde". Elle nous présente les affres du narrateur : un auteur, non pas en mal d'inspiration, mais en plein doute sur la pertinence et l'intérêt des histoires qu'il projette d'écrire. le questionnement permanent de l'auteur par rapport à ses idées, son insatisfaction , son besoin de chercher l'inspiration en dehors de lui alors que, peut-être, tout est en lui, interrogent quant à la création littéraire. Ce texte mérite, à mon avis d'être lu plusieurs fois pour en saisir toute la profondeur.
Ce recueil est donc constitué de trois textes courts, profonds et agréables à lire grâce à une écriture fluide, imagée, à la fois floue et précise. Un peu comme la photo d'un artiste qui aurait choisi de rendre son sujet plus beau, plus fort, par un effet de flou.

Malgré une écriture fluide et une belle construction pour ces trois nouvelles, elles n'ont malheureusement pas retenues mon attention.
Peut-être parce que je m'attendais à autre chose?
Découvrir un roman de cet auteur me donnerait sans doute une autre vision de sa plume.

merci à Babelio masse critique pour cet essai.