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Joëlle Dufeuilly (Traducteur)
EAN : 9782070785889
304 pages
Gallimard (26/03/2009)
3.48/5   27 notes
Résumé :

Un garçon de onze ans voit son père partir, encadré par des étrangers. Nous sommes en Roumanie, au milieu des années quatre-vingt, et très vite il devient évident que le père du narrateur a été déporté en tant qu'opposant au régime. Les jours passent, sans la moindre nouvelle de lui. En attendant, le garçon s'occupe tendrement de sa mère qui ne lui dit rien, et il essaie de remplac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Né en Roumanie, György Dragomán a quitté ce pays à l'âge de 15 ans pour vivre en Hongrie. Dans le roi blanc, livre traduit dans vingt-sept pays, il fait parler un garçon de onze ans qui fait partager sa vie quotidienne avec une franchise et une spontanéité émouvantes.

Dans la société totalitaire des années 1980, l'absurdité du mode de vie imposé par le pouvoir est de plus en plus fragrante. Non seulement la vie devient absurde mais les souffrances s'accumulent dans ce peuple au nom duquel les autorités sont censées gouverner.
Dès le début, on comprend que son père a été emmené, déporté à cause de ses idées qui déplaisent au pouvoir. Naïvement, son fils croit que des collègues l'ont emmené faire des recherches comme son poste de professeur l'aurait permis mais c'est dans un camp de travail sur le Danube qu'il est interné pour « atteinte à la sûreté de l'État ».
En bute aux moqueries de ses camarades, aux brimades de ses professeurs, notre garçon ne cesse de croire au retour de son père, même s'il ne donne plus de nouvelles après quelques cartes imposées par l'administration. D'un chapitre à l'autre, on souffre avec lui, on découvre une sombre brute, entraîneur de foot, les paris stupides entre garçons, ses premiers émois sexuels avec Iza, studieuse camarade de classe, une mauvaise blague faite par des hommes n'hésitant pas à faire travailler des enfants à leur place…
Les phrases sont très longues comme le récit d'un enfant qui ouvre son coeur et ne sait plus s'arrêter. le récit est délicieux aussi avec des remarques sur le mode de vie, l'embrigadement des écoliers et les résultats trafiqués. Il doit même appeler son grand-père « camarade secrétaire » ! Il y a aussi une bataille épique dans les maïs, l'alcool que des adultes n'hésitent pas à faire boire aux enfants et ce petit Marius, (6 ans et demi) qui, affamé, fait du porte à porte pour vendre des cintres et des épingles à linge en bois.
On découvre aussi comment était géré l'approvisionnement de la population avec cette queue immense devant la supérette pour acheter des fruits exotiques, des oranges et des bananes… Notre garçon souffre avec sa mère et remarque : « … avant que papa ne soit emmené, elle ne cassait jamais rien, et ne claquait pas les portes, même quand elle se disputait avec papa… » Ils vont chez un « camarade ambassadeur » vivant dans quatre appartements regroupés pour lui seul. Sa mère tente de convaincre cet apparatchik d'intervenir en faveur de son mari mais la rencontre tourne mal et l'enfant s'empare alors d'une pièce en ivoire d'un jeu d'échecs : un roi blanc !

Toujours avec ce talisman dans la poche, il trouve la force de résister et d'espérer. le livre se termine avec une scène terrible, atroce, insupportable qu'il ne faut pas raconter mais qui finit d'horrifier devant les perversions des régimes totalitaires
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Bien que ce ne soit pas dit explicitement, le récit se déroule en Roumanie dans le milieu des années 80, sous Ceausescu. le narrateur, un garçon de 11/12 ans raconte des épisodes de sa vie quotidienne. Son récit s'ouvre sur l'arrestation de son père, opposant au régime, chez lui, par la police politique. Il sera déporté dans un chantier sur le canal du Danube. Dzsátá, c'est le surnom du garçon, reste seul avec sa mère, une femme magnifique de courage qui s'attache à cacher sa douleur à son fils et qui tente tout ce qu'elle peut pour faire libérer son mari, y compris aller rencontrer chez lui un ancien dignitaire du régime où le garçon volera « le roi blanc », une pièce d'un jeu d'échecs. Il nous raconte des épisodes de sa vie dans le village où règne une grande violence autant entre les adultes qu'entre les enfants. le jeune garçon rencontre aussi quelquefois son grand-père, un dignitaire du Parti, mis à la retraite après l'arrestation de son fils et qui a toujours refusé de voir sa belle-fille qu'il qualifie de « pute juive hystérique ». La scène finale de l'enterrement du grand-père est bouleversante et terrifiante à la fois.

J'ai beaucoup, beaucoupaimé ce roman tout à fait hors du commun. L'écriture particulière, presque dénuée de ponctuation, qui restitue la parole d'un enfant ne pose aucune difficulté de lecture. Les chapitres du livre sont une succession d'épisodes de sa vie. Il pose un regard d'une grande lucidité sur les gens qui vivent dans son village et qui sont singulièrement dénués de toute compassion. La peur les rend égoïstes et cruels. Une seule idée l'obsède : revoir son père, au point de se laisser parfois abuser par des hommes sans scrupule. Ce livre nous restitue le climat oppressant d'un pays soumis à une terrifiante dictature. Pourtant des scènes complètement burlesques viennent souvent en contrepoint de la tragédie. Il est à recommander aux grands adolescents sans aucune restriction ! C'est un grand, très grand roman ! Un futur Goncourt des lycéens ?

note : l'auteur est né en 1973 en Roumanie, dans l'importante minorité hongroise de Transylvanie. Il vit à Budapest depuis 1988 (un an avant la chute de Ceausescu) C'est son deuxième roman mais le premier traduit en français.
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J'ai eu du mal à entrer dans ce roman : la technique des phrases sans points, je l'avais trop vue, trop lue ailleurs et surtout elle ne me paraissait pas servir le texte. Mais le fond m'a retenue et j'en ai été récompensée quand j'ai constaté que l'auteur savait varier ses techniques d'écriture au fil de l'histoire.
"Une société amorale diminuée par la terreur et la peur" voilà ce qu'annonce la quatrième de couverture. Et c'est bien là l'un des enjeux de ce roman : raconter les épisodes de la vie d'un jeune garçon de 11 ans sur une année et demi après le départ de son père dont on comprend avant l'enfant qu'il a été emmené dans un camp de travail.
La forme est celle d'une biographie centrée sur l'enfance mais le véritable sujet du roman est la société dans laquelle évolue le garçon dont les sentiments sont peu fouillés. Elle est matérialisée par une série de figures saisies à vif et très vraisemblables, toutes plus malveillantes et mesquines les unes que les autres, toutes bien décidées à ne pas se laisser écraser dans cette jungle : or, quelles meilleure défense que l'attaque ? L'agressivité et la méchanceté sont donc particulièrement mises en valeur ici, sur fond de bêtise.
Dragoman brosse ainsi une désespérante série de personnages secondaires parmi lesquels il n'est tout simplement pas possible de grandir sainement.
Au fil du roman, les personnages se teintent peu à peu de burlesque pour sombrer dans le dernier chapitre dans le tragique grotesque qui masque l'horreur de la situation .
Donc un roman à lire quand on est en forme.

J'ai globalement apprécié cette lecture pour la qualité de l'écriture, malgré la réserve dont j'ai parlé plus haut, et pour la finesse de la peinture de cette société, même si d'autres en ont déjà décrit des éléments semblables, comme György Spiro par exemple. On n'échappe pas ici non plus à la fameuse scène de l'achat des bananes, incontournable des romans hongrois se situant à cette époque, semble-t-il, mais c'est un détail.
Après cette lecture, il me reste quelques images fortes, une ou deux phrases puissantes et le sentiment que l'humain est décidément une belle raclure, mais je n'en retire rien de durable ni de profond.
Tout se passe comme s'il manquait quelque chose à ce roman, peut-être tout simplement un sens. A moins que ce ne soit justement ce que voulait transmettre György Dragoman à ses lecteurs : la peur engendre la méchanceté, la méchanceté la bêtise, et la bêtise la fin de ce qu'il y a d'humain dans l'homme.


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Le narrateur est un garçon de 11 ans, dont le père est arrêté pour avoir signé une pétition. Nous sommes en Roumanie dans les années 80, dans une région qui semble majoritairement peuplé d'Hongrois. le livre se compose d'instantanés de la vie de Dzsata, en partant du moment de l'arrestation, moment charnière dans sa vie. Mais même si cet évènement change énormément les choses, Dzsata est un enfant, et vit dans le monde de l'enfance, de l'école, des batailles entre garçons, d'envie de gâteau, d'amours contradictoires... Mais voilà, il vit dans un moment donné à un endroit donné, et le système politique, la tyrannie et le mensonge dans lesquels vit la population affecte aussi la vie des enfants et leurs jeux. La violence, l'injustice se retrouvent à tous les niveaux, dans le comportement des professeurs, qui profitent de leur pouvoir sur les élèves, et les brutalisent, leur demandent de tricher pour ne pas contrarier des plus puissants plus haut. Dans la violence des jeux des enfants, parce que les plus forts savent être impunis, et prennent exemple sur ce qu'ils voient autour d'eux. Dans la façon dont les plus faibles acceptent d'être rudoyés et terrorisés, puisque c'est le fonctionnement normal dans la société dans laquelle ils vivent.

J'ai trouvé ce procédé original, montrer le fonctionnement de cette société totalitaire par le prisme de l'univers de l'enfance. En même temps cela reste subtil, puisque l'univers des enfants est tellement différent de l'univers des adultes, un certain nombre de choses y est par essence incompréhensible, illogique, et un enfant sais qu'il ne peut pas forcément poser trop de questions, ou que les réponses ne lui paraîtront de toute manière pas satisfaisantes.

Un beau livre, même si j'ai trouvé le passage final un peu trop pathétique, mais je pense qu'il était difficile de trouver un dénouement à ce récit qui n'en est pas complètement un.
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Cela faisait déjà plus de six mois qu'on vivait sans papa

Sous la dictature, un narrateur enfant. Son père arrêté par la police politique et déporté aux travaux forcés sur le canal du Danube.

Derrière les images grisâtres d'une société de haine et de violence, des chapitres pleins de surprises, tantôt comiques, tantôt plus désespérés. György Dragoman, par la seule force de l'invention littéraire, nous fait toucher du doigts l'absurde de cette société. La découverte par un enfant des vexations, des humiliations, de la violence quotidienne. le chapitre de l'automate et du jeu d'échec est une cruelle illustration des ombres qui dominent les êtres, leurs projections et restreignent leurs rêves. L'histoire du pistolet et du chat, une image de l'enfermement et des actes de pouvoir, de mort, sous la (ir)raison bureaucratique…

Une évocation littéraire profondément humaine d'une société où le mot camarade signifie tortionnaire.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
… avant que papa ne soit emmené, elle ne cassait jamais rien, et ne claquait pas les portes, même quand elle se disputait avec papa…
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