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EAN : 9782259277563
192 pages
Plon (25/06/2020)
3.65/5   42 notes
Résumé :
Un ancien escort témoigne
"J'ouvre les yeux. Je suis allongé et le plafond blanc, immaculé - inconnu - m'éblouit un peu. J'ai du mal à bouger, mes bras et mes jambes sont entravés. Je veux parler ; je ne peux pas. J'ai ce tube dans la gorge qui m'empêche d'émettre le moindre son."

À son réveil sur un lit d'hôpital, la sentence tombe : overdose. La drogue fait partie des risques du métier, Clément le sait.

Clément est escort. Il v... >Voir plus
Que lire après Moi, j'embrasseVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Clément G., militaire de formation a tout plaqué pour devenir escort. Attiré par l'argent facile il va vite réaliser que cette vie est pleine de travers.
Une histoire intéressante dans laquelle il parle avec justesse de l'homophobie dont il a été la cible; de drogues et de soirées décadentes; de sa perte d'identité et de sa chute.
Mais il n'en parle pas que de façon négative... Sa vision du métier est intéressante et je ne me suis pas ennuyée une seule seconde.
Il livre des détails, donne des explications, répond aux questions que nous nous posons.
Un livre dur mais pertinent, avec une écriture simple mais percutante.
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Vraiment un livre qui avait, dès sa couverture, tout pour me plaire (non)
Un nom d'auteur dont on ne dévoile que la première lettre du patronyme parce que ça fait so mysterious. Une petite phrase choc pour le cas où la presse en bas de chez toi aurait été en rupture de Gali et autre Voilà et qu'un livre te promettant « un ancien escort témoigne » ne peut te laisser de marbre (même si « dans la plus dangereuse des favelas, un enfant-tronc se défait des membres du gang des Maras qui voulaient lui chouraver un rein en les mordant jusqu'au sang » aurait sûrement encore un peu plus boosté les ventes) Et je ne dis rien sur la photo de l'auteur parce que ce n'est finalement qu'une photo... de l'auteur.
Avec tout ça, comment j'ai pu me retrouver plongée dans ce bouquin ? Mystère de la-lecture-du-premier-chapitre-mais-c'est-juste-pour-voir-je-n'irai-pas-plus-loin qui fini par s'étendre à tout le livre qui se voit finalement englouti un dimanche après-midi de canicule.
Parce que oui, ça se lit tout seul. Faut dire qu'on se doutait un peu qu'il n'y aurait pas de difficultés particulières mais en fait non, ça se lit tout seul parce que ce n'est pas inintéressant, loin de là. Clément Grobotek livre un témoignage sur sa condition d'ancien escort pour mecs ultra friqués qui n'ont pour certains ni le temps ni l'envie de créer une vraie relation et pour d'autres des fantasmes un peu chelous mais en fait [beware : spoiler] pas tant que ça.
Bref sa situation n'est pas si déplorable, de toute façon il ne fait pas mystère qu'il s'est lancé dans cette aventure uniquement pour la maille et vu le taux horaire, on peut le comprendre. le seul hic concernant l'envers du décor de cet argent facile est qu'on pourra toujours taxer la petite frappe, le mec de cité, le prolo, bref la « racaille » de drogué, le fait est qu'une soirée dans la haute bourgeoisie n'est que rarement constituée de thé et de petits fours, l'alcool et les drogues dures (oui, mais récréatives donc voilà, c'est pas pareil) sont en accès libre et personne, absolument personne, ne les dédaigne. Fatalement un beau jour, Clément G. (mysterious) se loupe sur une dose de GHB et là, c'est l'overdose.
Il s'en sort, prend cela (à juste titre) comme un avertissement, décide alors de ne pas attendre la prochaine expérience du même acabit pour voir combien de temps, cette fois, il mettra à revenir parmi les vivants et raccroche pour de bon.

Moi, j'embrasse, c'est le parcours d'un mec entré dans l'armée pour plaire à son père, qui s'est pris l'homophobie de la grande muette en pleine face, en est revenu, a tenté une percée foireuse dans le mannequinat et en a juste eu ras-le-bol des petits boulots alimentaires lui permettant à peine d'envisager une studette à Paris. Il entend parler de l'escorting (ça le fait bien marrer d'ailleurs, dans les hautes sphères on dit escorting mais lui sait très bien que dans un appartement Haussmannien de 350 m2 ou sur un trottoir de Pigalle, la seule différence c'est la thune ramassée, il admet être une pute comme une autre et s'en accommode parfaitement) Sa belle gueule et son corps gaulé comme il faut attirent rapidement le client... on connait la suite.

Un parcours atypique raconté avec honnêteté. Clément Grobotek ne tente à aucun moment de gommer ou d'accentuer quelques côtés que ce soit pour se mettre en valeur ou minimiser la déchéance de la défonce et il n'est surtout jamais moralisateur, c'est ce qui m'a plu je crois.
Finalement aucun regret d'avoir ouvert ce livre, comme quoi partir avec des a priori – défavorables ou non – ne présage jamais de la qualité de ce qu'on va découvrir.
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Clément se réveille dans une chambre d'hôpital : il a fait une overdose. Il va nous raconter ce qui l'y a conduit, son passé d'escort gay et de consommateur de drogues. ● le récit est prenant, il se lit rapidement et sans déplaisir, et on ne peut douter de la sincérité de Clément Grobotek. Néanmoins c'est très superficiel et le fait qu'il ne soit pas le seul auteur n'y est sans doute pas étranger. On imagine qu'il a raconté oralement son témoignage que Pierre Guillemette a mis en forme par écrit. A de nombreux endroits du texte, on regrette les pistes ouvertes mais laissées inexplorées. On aurait aimé que « Clément G. », comme le baptise son éditeur par un savant calcul commercial, aille plus loin, qu'il ne se contente pas de l'éphéméride de ses jours de prostitué, qu'il ajoute des réflexions, qu'il aille chercher en lui un matériau plus riche. Il est dommage qu'il nous conte avec regret la superficialité de sa vie passée dans un récit aussi superficiel. Comme le dit l'ami babeliote 8tiret3, c'est finalement la dimension littéraire qui lui manque.
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Après avoir refermé ce livre (et même, je dois le reconnaître, pendant que je le lisais), je n'avais qu'une question en tête : pourquoi ? Pourquoi ce témoignage, quel en est l'intérêt ? Ces questionnements venaient peut-être du fait que j'ai lu Moi, j'embrasse le lendemain de ma lecture du récit de Vanessa Springora, dont la nécessité d'écrire sautait aux yeux et dont la publication s'inscrivait dans un contexte favorable à ce genre de témoignages. Mais au-delà de ça, que m'a-t-il manqué pour que je saisisse l'intention du document ? Sur le moment, lancé que j'étais dans ma lubie de lire pendant douze heures d'affilée, j'ai décidé de reléguer à plus tard cette réflexion. Maintenant que j'ai le temps de me pencher à nouveau sur cette lecture, je peux tenter de remonter le fil de cette impression, de traquer les indices qui m'ont fait passer à côté de ce témoignage.

Ce n'est en tout cas pas un manque d'intérêt pour le sujet. La prostitution masculine, on n'en parle pas si souvent que ça et en parler me ne me semble pas inutile. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé, sur le même sujet, le roman Prostitué de David von Grafenberg aux éditions Anne Carrière. Roman qui, en 2007 déjà, racontait déjà les mêmes soirées, le même luxe apparent, les mêmes dangers. Mais il le faisait avec un petit quelque chose en plus : l'aspect littéraire.

Pourtant, ce n'est pas pas l'absence de la littérature qui m'a gêné ici. Ni bien ni mal écrit, le texte de Clément Grobotek, rédigé avec la collaboration de Pierre Guillemette, est fluide. La lecture n'en est pas désagréable parce qu'elle ressemble à une histoire que pourrait nous livrer un ami. Et puis ce n'est pas ce que je cherchais en achetant ce livre. Je me doutais que je n'aurais pas entre les mains un texte d'auteur, mais bien le récit d'un homme que je suis depuis quelques temps sur Instagram. Ce n'est donc pas de ce côté-là que je trouverais des raisons à mon relatif désintérêt face à cette lecture.

Mais c'est justement Instagram qui va me l'apporter, cette réponse. En fin de récit, Clément Grobotek exprime une réflexion sur l'image qu'il renvoie sur les réseaux sociaux qui me semble en fait applicable à Moi, j'embrasse. « Je m'expose sur les réseaux, mais les images que je bombarde sont soigneusement retouchées. La lumière et la pose sont étudiées pour donner l'illusion que je veux. » C'est ça ! C'est exactement ça ! le livre m'a laissé de marbre parce qu'il me paraît lisse, étudié pour être dans le juste milieu, pas pour atteindre la « vérité ».

Et ça commence par l'objet lui-même, par le travail de l'éditeur. On le sait qu'un livre est le produit d'opérations visant à rendre le livre attractif. le but est de vendre, et c'est très bien comme ça. le problème ici, c'est qu'on voit les ficelles dès la couverture. le nom de l'auteur d'abord, réduit à une simple initiale. Clément G. Associé au bandeau nous annonçant la nature du récit, on comprend que c'est pour donner au livre un aspect sulfureux en le rapprochant de témoignages comme Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée... Et puis il y a la photo de Clément Grobotek, petite mais efficace. Je l'avais déjà dit en parlant du roman d'Alain-Fabien Delon : si vous voulez me vendre un livre, vous mettez une photo d'un beau garçon et ma carte de banque est déjà hors de mon portefeuille.

Puis ça continue avec le texte en lui-même. Pas l'entièreté, je ne veux certainement pas nier la sincérité de Clément Grobotek, mais il y a quelque chose d'indéfinissable qui me fait penser que le témoignage est trop superficiel pour être nécessaire. Dans un article de la Nouvelle République, on apprend d'ailleurs que l'écriture du récit a été entreprise après deux sollicitations, à un moment où l'auteur avait décidé de ne plus en parler publiquement. Et c'est sans doute là que se situe l'origine de mon manque d'intérêt : l'intention n'est pas claire. Je ne doute pas que l'écriture du récit ait pu lui faire du bien, je ne doute pas qu'il y ait une potentielle mise en garde derrière, une possible tentative de faire tomber les illusions. Mais le vernis n'est jamais vraiment craquelé. Oui, on nous raconte les dangers, on nous dit la détresse, l'oubli de soi. On nous explique aussi que tout n'est pas forcément noir (et c'est l'atout principal du livre, on n'entre pas dans une vision manichéenne de la prostitution). Mais tout ça, je l'ai reçu comme une suite d'anecdotes.

Soit, je suis passé à côté de ce témoignage, dont l'essentiel est résumé dans une vidéo de 4 minutes dans laquelle Clément Grobotek raconte son expérience pour Konbini. Peut-être que vous y trouverez ce qui m'a manqué.
Lien : https://8tiret3.blogspot.com..
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Pour Clément G.⁣

J'espère que tu vas bien, cet été, j'ai eu la joie de lire ton roman, ton témoignage. C'est Une partie de ta vie si frappante si réelle. Elle m'a bouleversé, tes mots, ta vie et ses événements, sont tous aussi différents et si touchants⁣

En le lisant j'ai été frappé par tout ce qu'on ressent, et ce qu'on sent. J'en ai eu des frissons, et parfois, je me suis retrouvée dans tes mots. Ton histoire est un appel au rêve, à la vie, et au fait qu'on ne doit pas, surtout pas baisser les bras. du moins je l'ai ressenti ainsi.⁣

Je te remercie pour avoir mis en avant le côté sombre de l'escorte masculin, le luxe, l'alcool, la drogue. Merci de rappeler que ce n'est pas un jeu, que la vie finit par nous rattraper.⁣

La cadence du roman est superbe et frustrante à la fois, passer de souvenirs joyeux à terne, de l'amour à la drogue. Et ce côté provocateur et direct dans certains chapitres... ⁣

Merci pour cet hymne à l'acceptation de soi, de ne jamais laisser tomber, de toujours persévéré, car ça finit par payer. Et merci de nous avoir livré une partie de ta vie, qui nous laisse parfois des questions sans réponses, mais qui donne le nécessaire, pour continuer de vivre.⁣

Avec tout mon amour, Loéva
.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
J'ai annoncé mon homosexualité à mes parents alors que j'étais encore à l'armée. C'est ma belle-mère qui a décroché le téléphone. Nous avons échangé quelques banalités, mais elle a senti que j'avais une annonce à faire. « J'ai rencontré quelqu'un, mais c'est un homme », lui ai-je dit en un souffle. Derrière elle, j'ai entendu mon père demander :
« Qu'est-ce qu'il a encore fait comme connerie ?
— Rien, c'est Clément, il voulait nous dire qu'il est homosexuel.
— Bon, et sinon, qu'est-ce qu'il a fait comme connerie ? »
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J'ai à peine esquissé quelques désirs, quelques envies. J'ai une idée floue de la vie que je veux mener, et le chemin pour y parvenir l'est encore plus.

On peut avoir reçu une éducation sans lacunes et prendre de la drogue. On peut avoir grandi dans un environnement favorable et se prostituer. J'en suis la preuve vivante. Et j'ai failli mourir sans laisser de trace.

Rien n'était assez beau pour moi. J'étais un petit garçon chanceux avec des jeux grandeur nature. Je n'avais pas de figurines : j'étais une figurine, un pays, un imaginaire à moi tout seul, même si cet imaginaire était surtout celui de ma mère. Elle était le metteur en scène, j'étais le comédien.

C'est une pratique normale, dans l'escorting. Je récupère l'enveloppe qui contient ma rémunération dès mon arrivée. Ce qui arrive ensuite est simplement le résultat d'une alchimie entre deux être humains. Je ne suis pas une machine, je ne bande pas sur commande. Pas d'alchimie, pas de sexe, mais pas de remboursement non plus. Les clients connaissent la règle et ne la contestent pas.

Un bon escort doit faire oublier à son client que la rencontre résulte d'une transaction financière, matérialisé par l'enveloppe posée sur la commode, près de la composition florale, à quelques mètres.

"Escort", c'est ambigu. Synonyme de prostitution pour certains, simple accompagnement tarifé pour d'autres. En réalité : un peu tout ça, il n'y a pas de règle et beaucoup d'idées reçues. Je suis une pute comme les autres.

Dans l'armée, qu'on soit riche ou pauvre, chrétien ou musulman, Noir ou Blanc, peu importe. Du moment qu'on n'est pas homosexuel.

J'ai passé mon enfance plongé dans les livres pour fuir une banalité que je trouvais insupportable.

Le sexe en lui-même ne m'est jamais apparu comme une finalité. Je me rendais compte que, pour les autres, ça l'était, mais moi je voyais le sexe comme le résultat d'un processus de séduction bien plus excitant que l'acte en lui-même. J'aime les regards appuyés, les sourires discrets mais révélateurs, les discussions interminables colorées de sensualité. Des mains qui se touchent en tremblant, pour la première fois, me mettent bien plus la tête à l'envers qu'une fellation.

Il y a mille façons d'embrasser, pour faire passer différents sentiments. Un baiser en dit long sur la personne : des lèvres qui se retrouvent, ça peut se dire la passion, l'impatience, le désir, mais aussi la colère et l'indifférence.

Je n'ai jamais aimé mon corps, contrairement à ce que mon assurance laisse paraître. Ça peut sembler insensé, puisque j'en joue et que j'en ai fait le commerce, mais c'est une réalité. Bien sûr, j'ai conscience que mon physique correspond aux critères de beauté standards imposés par la société, que je fais plutôt partie du "haut du panier". Moi, j'aime les physique imparfaits, les nez cassés et les oreilles décollées.

Je ne crache pas sur la prostitution. C'est un moyen de vivre décemment, voire carrément une question de survie pour certains. Mais j'ai failli y perdre mes valeurs et ma vie, pour accéder à un statut dont je croyais qu'il donnerait un sens à mon existence. En réalité, être escort ne permet que de toucher du doigt un luxe qui ne sera jamais notre quotidien.
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Mon dealer me vend le truc, il me vante les mérites de cette drogue. Le LSD moderne, selon lui, la substance qui aurait eu les faveurs des Pink Floyd si notre siècle insipide n'avait pas remplacé les vrais musiciens par des DJ de merde et des chanteurs autotunés qui se défoncent aux huiles essentielles.
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On a eu le temps d'être personne quand on clamse à vingt piges.
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