Dernière pièce de l'année et mauvaise pioche. Ça m'apprendra à vouloir jouer les feignasses en préférant une pièce courte et légère (quoique...) plutôt que de me plonger dans Maeterlinck ou
Ibsen. le fait est que je ne n'avais jamais lu
Courteline (à moins que je ne me souvienne pas l'avoir déjà lu, ce qui est tout à fait du domaine du possible ) et que je suis tombée récemment sur un volume de son
théâtre pour 0.50€ : il me fallait donc absolument rentabiliser mon achat.
Le fait est que je me suis ennuyée dès la première scène, où les protagonistes jouent dans un café à la manille - jeu auquel je ne comprends rien. Suivre les levées (ou je ne sais comment l'on appelle cela) et autres choses du même genre m'a paru si fastidieux que j'ai failli laisser tomber ma lecture au bout de deux pages. Je n'avais pourtant jamais été gênée par la fameuse scène de manille chez
Pagnol, mais ici, c'est d'un ennui... Suivent des discussions courtes et fort peu passionnantes, assorties de commandes de verres d'alcool auprès du cafetier. Alors enfin, on entre dans le vif du sujet :
Boubouroche est un bourgeois fort naïf, que son meilleur ami traite de poire, et qui entretient une maîtresse, Adèle, qu'il est seul à croire indéfectiblement fidèle. Évidemment, elle ne l'est pas, ce que va lui apprendre un vieil homme voisin d'Adèle. Difficilement mais finalement convaincu de la forfaiture de celle-ci, il décide de la prendre en flagrant délit. de là la découverte d'une scène d'adultère plutôt cocasse, d'où se tire admirablement Adèle. Et
Boubouroche continuera à jouer les cocus, malgré l'évidence.
Ça n'est pas drôlissime, ça manque de rythme, mais, pour tout dire, ça n'est pas non plus à proprement parler du vaudeville. C'est féroce, et si
Courteline ne nous épargne pas quelques considérations misogynes, le personnage de
Boubouroche est loin d'être épargné. Violent, il tente d'étrangler sa maîtresse pour finir par se défouler en frappant un vieillard, tout en manifestant une bêtise crasse. Victime de la sournoiserie de sa maîtresse, manifestant la détresse la plus vive, il en vient malgré tout à se faire détester par le lecteur ou le spectateur par sa sottise, sa lâcheté et sa méchanceté.
Courteline nous livre là une vision très noire de la société, qui, c'est dommage, est gâchée par une construction un peu lâche de la pièce, des enchaînements qui traînent et des dialogues qui manquent de mordant. Une occasion un peu manquée.
Challenge
Théâtre 2017-2018