Une plongée dans la Baie de Naples au travers d'une famille simple et attachante, aux couleurs et saveurs de l'Italie du 19ème siècle.
J'ai été séduite par ce récit réaliste, touchant, prenant et très bien documenté.
Une écriture vivante et ciselée qui se mature au fil du roman, emprunte de sensibilité, de poésie et en prime de spiritualité.
Un livre qui bat au rythme de son autrice !
Hâte de replonger pour les tomes suivants !
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Un bonnet de nuages enchapeaute le crâne du volcan. L’air est plus chaud et se concentre dans l’attente. Quelques gouttes précieuses virevoltent puis d’autres, fines et drues, poursuivent l’œuvre de renaissance. Le sol a soif, les craquelures de sécheresse ouvrent grand leurs lèvres gercées, et avalent goulûment. Ce qui n’est pas englouti dégorge, forme des rigoles qui se rejoignent en chantant, c’est la fête de la Terre, c’est le crépitement de joie de son cœur qui bat aux éclats, et accueille l’eau vive des cieux, jusqu’à ce que la jouissance se propage aux racines des arbres et de toute végétation, aux vers de terre, aux coccinelles qui s’ébrouent sous les gouttes qui perlent de leurs abris provisoires, aux ânes sur le chemin, qui lèchent les mares éphémères formées sur les pierres creuses, les enfants qui s’arrogent le droit de sauter de flaque en flaque, puisqu’ils sont déjà mouillés, les femmes, qui couvrent en vaine tentative leur coiffe de leur perméable popeline, les hommes qui recueillent les gouttes précieuses en passant la langue sur la frange de leur moustache…
Naples, dimanche des Rameaux, 1er avril 1860, un peu avant minuit
La silhouette noire, encapuchonnée, se faufile dans les ruelles sombres. La clarté de la lune montante est tamisée par la brume, fines gouttelettes en suspension dans l’air frais de la ville de Naples, en ce début de printemps.
Bifurquer plusieurs fois, depuis le quartier populaire de Pendino, jusqu’à celui de Forcella, enjamber les familles sans domicile qui dorment, en grappes, au milieu des immondices. À droite se dresse soudain, imposante, la façade laiteuse de la basilique de la Santissima Annunziata Maggiore.
— Ave Maria gratia plena, murmure la femme, serrant le précieux paquet tiède qui frémit sous sa cape.
Comme plusieurs fois ces dernières semaines – elle préfère ne pas compter – elle contourne le bâtiment qui jouxte l’église et pénètre dans un espace protégé, éclairé la nuit depuis que la ville y a installé un réverbère à gaz.