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Hélène Hervieu (Traducteur)
EAN : 9782020574297
256 pages
Seuil (15/01/2003)
3.58/5   78 notes
Résumé :
Dans une librairie de Buenos Aires, une liasse de feuillets manuscrits très anciens est découverte. Il s'agit d'une longue lettre d'une certaine Floria Emilia, adressée à Aurèle Augustin (l'auteur des Confessions). Floria, qui vécut avec Saint Augustin une véritable passion, fut finalement rejetée par ce dernier. Et l'amante révoquée ne sait comment reconquérir celui qu'elle aime : ma rivale n'était pas une autre femme et je ne pouvais pas la voir, elle était un con... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
« Vita brevis » … drôle de titre … « la vie est si brève » en est la traduction.
Un drôle de roman, dont la trame nous surprend et qui nous plonge dans les premières années de notre ère en compagnie d'un drôle individu Aurelius Augustinus plus connu sous le nom de saint Augustin (1).
L'auteur utilise un subterfuge pour nous inventer une belle histoire où une femme va pouvoir dialoguer avec celui qui fut le grand amour de sa vie.
L'habileté de l'auteur réside dans son pouvoir de persuasion pour oser nous laisser croire à la véracité de la correspondance.
Les confessions du grand homme devenu saint Augustin, sont commentées au vu de son attitude vis avis de celle qui a partagé sa vie pendant une quinzaine d'années et dont il a eu un fils.
Cette femme dont l'histoire n'a pas retenu le nom, Jostein Gaarder choisit de lui donner un nom et une capacité de réflexion.
C'est donc à une belle déclaration d'amour et à un règlement de compte que nous sommes confrontés. L'amour et la passion illumine le texte, les arguments sont clairs et pertinents et quand Floria écrit « j'ai laissé parler mon coeur et cela a libéré mon âme » nous nous répétons qu'il faut vivre car « la vie est si brève ».

(1)
Augustin d'Hippone (Aurelius Augustinus) (354-430) est un philosophe et théologien chrétien romain ayant occupé le rôle d'évêque d'Hippone en Numidie. Il est l'un des quatre pères de l'église occidentale et l'un des trente-sept docteurs de l'église.
Il est un des penseurs qui ont permis au christianisme d'intégrer une partie de l'héritage grec et romain, en généralisant une lecture allégorique des écritures.
À Carthage, Augustin fait très vite la connaissance d'une femme dont il a un fils, Adéodat, et dont il partage la vie durant quinze ans, dans les liens du concubinage romain. On ne sait toutefois pas grand-chose de cette compagne, nous ignorons tout jusqu'à son nom. Il la quitte lorsqu'il envisage de réaliser un « riche mariage », pratique courante à l'époque où le statut social pouvait être un obstacle à l'accession au « matrimonium ». Mais le fait qu'il oublie de la nommer ne signifie pas qu'elle n'ait pas compté pour lui.
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Vita Brevis n'est pas vraiment un roman de Gaarder à proprement parler, pourtant, ça ressemble très fortement à du Gaarder. Il s'agit d'une traduction que l'auteur a faite d'une longue lettre à Saint Augustin qu'il a trouvée par hasard dans une vieille librairie argentine. Dans ses Confessions, qu'on a tous plus ou moins étudié dans nos cours de philo, Saint Augustin parle à Dieu de la concubine qui a partagé sa vie durant de longues années avant qu'il se plonge dans la philosophie et la religion. Mais à part peut-être les plus chevronnés d'entre nous, personne ne connaît vraiment l'autre côté du miroir... On découvre alors cette lettre d'un peu plus de cent pages de Floria Emilia à l'homme qui l'a abandonnée.
On assiste ici à l'explosion d'une femme meurtrie, mais surtout d'une femme en colère. On apprend les détails qui ont conduit Saint Augustin à rejeter sa femme, la poussant à l'exil loin de son bien-aimé et de son fils qu'elle n'a pas eu le temps de connaître avant la mort de ce dernier. Floria étaye son récit d'extraits des Confessions, mettant en lumière la vérité qui se cache derrière certains évènements qu'Augustin n'a pas développés. Floria en veut avant tout à la philosophie religieuse vers laquelle s'est tourné son bien-aimé, puisque c'est elle qui les a éloignés, et elle lui en fait part d'une façon à la fois violente et mélancolique. J'ai trouvé cette longue lettre très touchante : malgré le fait qu'elle ait été écrite des siècles avant le notre, j'ai trouvé qu'elle pouvait encore être transposée à notre époque. On ressent tout le mal de Floria et toute sa déception, sa rancoeur aussi envers les fautifs, réels ou impalpables, qui ont conduit à sa situation. J'ai exprimé beaucoup d'empathie et de compassion envers cette femme et j'ai été frappée par son désarroi et son désespoir à travers sa plume. A la fin de l'ouvrage, Jostein Gaarder précise qu'il ne sait toujours pas si la lettre est parvenue à son destinataire, ni si elle a même été envoyée ou donnée à un tiers : on ne peut que supposer que Floria Emilia l'avait surtout écrite pour se libérer. Quoi qu'il en soit, Vita Brevis ("la vie est brève", formule latine reprise de nombreuses fois dans le texte) est une oeuvre poignante qui nous amène tout de même à réfléchir sur le couple et les aspects prioritaires à l'intérieur de celui-ci.


[Edit] : Après un commentaire très pertinent, j'ai fait quelques recherches et réouvert mon livre... pour me rendre compte que ma chronique est erronée ! Il s'agirait en effet que l'auteur n'ait jamais vraiment eu entre les mains ces lettres (certainement même inexistantes et inventées de toutes pièces !) et qu'il s'agit bien d'un roman sous forme de lettre fictive ! Chers lecteurs, je m'excuse de n'avoir pas cherché plus tôt ! Quoi qu'il en soit, cela n'enlève rien au charme de cet ouvrage, d'après moi, et je vous le conseille tout autant ! ;)
Lien : http://tetedelitote.canalblo..
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Ce roman s'ouvre sur une mise en scène de l'auteur par le procédé du « manuscrit trouvé » : il s'agirait cette fois d'une longue lettre de Floria Æmilia à saint Augustin, son concubin pendant de nombreuses années avant qu'elle ne soit abandonnée pour la Philosophie et la Chasteté. Écrite après la lecture des Confessions, cette lettre s'affirme comme une réponse à ces souvenirs si sélectifs : Floria rappelle à son ancien amant leur bonheur passé, ainsi que certaines scènes qu'il a occultées de ses mémoires ou déformées.

Au-delà de ce premier aspect, Jostein Gaarder propose également par la voix de cette femme une réponse aux idées philosophiques de saint Augustin : il met en évidence certaines contradictions (pour un homme qui prône la chasteté, il semble bien obnubilé par le « péché charnel » et la « concupiscence », entre autres) pour mieux réfuter certains préceptes. J'ai notamment été marquée par l'idée du refus de tout plaisir par ce penseur chrétien. Or, comme le rappelle la narratrice, la nature et ses beautés sont aussi des créations de Dieu ; en les refusant, c'est aussi Dieu qu'on rejette d'une certaine façon. Cette lettre, bien qu'adressée à toute la chrétienté, au-delà de saint Augustin, n'empêchera pas les craintes de Floria quant à l'avenir des femmes dans des sociétés où elles sont perçues comme de dangereuses tentatrices de se concrétiser par la suite, comme nous le savons par notre connaissance de l'Histoire.

Dans l'ensemble, j'ai donc apprécié cette lecture et cette voix féminine créée par Jostein Gaarder, en réponse à une montée du machisme parmi d'autres et à un ascétisme exagéré.


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C'est le récit d'une femme en colère, une femme amoureuse abandonnée. de ce coté là, c'est bien écrit.
Par contre, pas une seconde je n'ai cru à une lettre réelle d'une concubine de St Augustin ; le style, le vocabulaire, la mentalité sont beaucoup trop modernes et légers pour lui être attribué.
J'ai donc plutôt survolé que dévoré ce livre
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Vita brevis est une oeuvre troublante car l'auteur, Jostein Gaarder cherche (et réussit) à créer de l'incertitude. Mais cette incertitude, elle vient après coup. Car pendant la lecture, tout bon lecteur fait une confiance aveugle à l'auteur. Et il m'a fallu faire 2-3 recherches pour en savoir plus, pour me rendre compte que ce récit qui prend des airs de vérités est un roman.

Ce qui me plaît avec Jostein Gaarder, c'est qu'il est souvent dans la transmission du savoir et qui déplace les curseurs qui positionnent l'auteur et le lecteur.. Dans Vita brevis, il amène à penser que ce que raconte un auteur, même sous couvert de vérité, est à mettre en doute. Toujours, il y aura la subjectivité de celui qui raconte.

Ici, Jostein Gaarder se met en scène pour introduire cette lettre traduite par lui-même de Floria Aemilia, l'amante de Aurèle Augustin avant qu'il ne devienne Saint Augustin. Elle lui aurait écrit une réponse à ses fameuses Confessions. On aurait tendance à le croire, à lui faire confiance.
La suite sur le blog…
Lien : http://livrepoche.fr/vita-br..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Je frissonne, car j'ai peur qu'un jour les hommes d'Église ne veuillent nous supprimer.
Et pourquoi crois-je cela? Parce que ces femmes vous rappellent que vous avez nié votre âme et la nature de votre corps. Pour qui? Pour un Dieu qui, dites-vous, a créé un ciel au-dessus de vos têtes et une terre où - c'est l'évidence même - des femmes vous mettent au monde.
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Ma rivale n'était pas une autre femme et je ne pouvais pas la voir, elle était un concept philosophique..Ma rivale n'était pas une autre femme et je ne pouvais pas la voir, elle était un concept philosophique..
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...du danger qu'il y a à sortir une phrase de son contexte... (p.63)
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La mort ne nous concerne pas, aimait-il à dire, ainsi, celui des maux qui fait le plus frémir n'est rien pour nous tant que nous existons, la mort n'est pas, et quand la mort est là, nous ne sommes plus.
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A moins que ce ne soit notre profonde amitié dont tu aies le plus honte ! De nombreux hommes osent moins entretenir un lien d'amitié avec une femme qu'une relation sensuelle et charnelle. C'est malheureusement d'autant plus fréquent que ces hommes ont reçu une formation philosophique ; la faute en revient, je pense, à l'enseignement des manichéens et des platoniciens.
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