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EAN : 9782818505090
480 pages
Fayard (25/05/2016)
4.23/5   30 notes
Résumé :
Robespierre, c'est la Révolution, son souffle épique, et son soufre aussi. L'homme est chargé de tous les maux et couvert de tous les éloges avant même son élection au Comité de salut public, en juillet 1793. Aujourd'hui, beaucoup lui associent la Terreur et les massacres de Vendée ; d'autres soulignent son combat pour le suffrage universel, sa dénonciation de la peine de mort et de l'esclavage, sa défense d'un pays menacé, son rêve d'une république qui offre à tous... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Hervé Leuwers, spécialiste de la Révolution et de la société judiciaire des XVIIe et XVIIIe siècles, est professeur à l'université Lille 3. Il a déjà publié L'Invention du barreau français et La Révolution et l'Empire. Son étude, sobrement intitulée Robespierre, analyse dans le détail le parcours, l'homme et les idées de celui qui plus de deux cents après sa mort continue encore de fasciner.

Vivant et même enterré, Robespierre ne laisse personne ou presque indifférent. L'auteur écrit : « Il y a eu les pour, il y a eu les contre. Il y a ceux qui ont vu en Robespierre un pur démocrate, un ami du peuple prêt au sacrifice suprême, mais injustement calomnié, dont le message reste un espoir pour les générations futures ; ils l'ont perçu comme l'Incorruptible, l'homme qui a revendiqué le suffrage universel masculin, l'abolition de la peine de mort, la reconnaissance du droit à l'existence. A l'opposé, il y a ceux qui l'ont considéré comme un révolutionnaire insensé, un criminel insensible, le premier responsable de la Terreur, un monstre à rejeter dans l'enfer de la mémoire nationale ».

Où se situe la vérité ? Pour l'historien ou les passionnés d'histoire, il semble particulièrement difficile de trancher, car souvent, lorsqu'on aborde le passé - notamment les événements survenus dans notre pays à partir de 1789 - le sentimentalisme, l'émotionnel, guident les réflexions, et disons-le sans détour, dans le domaine intellectuel ils sont de biens mauvais conseillers. Leuwers ne tombe pas dans ces pièges grossiers et même grotesques, car il sait rester factuel tout au long de son livre. Les sources s'avèrent nombreuses et variées. La bibliographie se montre tout à la fois d'une grande exhaustivité et remarquablement pertinente et pratique.

Aussi étonnant que cela puisse paraître, après tant d'années l'aura de Robespierre continue de se maintenir. L'auteur note que « Robespierre a divisé, et divise encore aujourd'hui. Il y a les pour et les contre ». A ce sujet, Leuwers estime que « ces controverses se chargent d'enjeux politiques fréquemment vifs ; s'ils renvoient à la fracture droite-gauche, ils ne peuvent cependant s'y réduire. Ils se nourrissent aussi d'interrogations sur la nature de la république, de perceptions contrastées de ses origines, des mémoires toujours douloureuses de certains événements révolutionnaires comme la terrible guerre de Vendée et la Terreur ». Il n'est pas rare de voir dans l'espace public des hommes politiques se réclamer de sa pensée ou au contraire l'attaquer. En définitive, l'avocat de l'Artois ne cristallise-t-il pas sur lui les nombreux débats ouverts - et non clos - par la Révolution dite française ? Nous le pensons fortement…

Qui fut réellement Robespierre ? Pour certains, il serait la « Révolution incarnée » ou la « Révolution faite homme », pour d'autres il est la « Terreur personnifiée ». L'auteur constate que « Robespierre n'est pas un personnage comme un autre ; il est un acteur de la fin du XVIIIe siècle, certes, mais il est aussi un mythe politique, changeant, protéiforme, dont les images se forment et vivent loin des écrits universitaires ». Leuwers rappelle encore une fois, non sans ironie, une évidence : « Il y a eu, il y a, et il y aura les pour et les contre ». Il ajoute même que les historiens ayant étudié Robespierre « n'ont pas échappé aux débats : longtemps, leur travail a souffert d'enjeux politiques, de polémiques et de partis pris, qui ont gêné une nécessaire prise de distance ». Dans un passage très intéressant, le biographe évoque toutes les difficultés auxquelles sont confrontés les historiens dans leur travail de recherche et d'analyse. Les connaître permet de les éviter, et de mieux comprendre les embûches intellectuelles qui se dressent devant nous quand, avec eux ou à leur suite, nous désirons étudier le passé.

De fait, nous lisons avec intérêt que « l'essentiel des écrits, discours et lettres de Robespierre a été réuni dans les onze tomes de ses Oeuvres, patiemment publiées depuis le début du XXIe siècle ; ils forment l'une des bases de ce travail. Pour proposer un autre regard, j'ai cependant souhaité renouveler le plus possible ce matériau biographique, et accorder une place majeure à la recherche et à la lecture des originaux conservés dans les archives, les bibliothèques ou les collections privées ». La volonté de Leuwers est de s'affranchir des mythes, du mythe Robespierre, et de combattre les images forgées par deux siècles de non-dits, de méconnaissance voire même – qui le niera ? – de propagande.

Ainsi, l'auteur ajoute que « bien d'autres inédits et témoignages précieux ont pu être intégrés à l'étude. Ensemble, ils permettent de corriger de troublantes légendes sur l'étudiant de Louis-le-Grand et l'avocat d'Arras ; non, Robespierre n'a pas complimenté le roi au retour de son sacre ; non, il n'a pas été un avocat maudit, au ban de la société arrageoise… » Leuwers a pris le parti « d'accorder une attention forte aux témoignages contemporains des faits, qu'ils soient favorables ou hostiles, de manière à interroger l'étrange diversité des regards portés sur Robespierre : ils ont compté pour l'homme, qui s'est construit en partie par rapport à eux, et ils ont contribué à bâtir sa légende ». Nous reconnaissons volontiers que c'est l'un des points forts du livre.

Leuwers exprime son objectif avec une grande netteté : « Il ne s'agit pas de défendre ou d'accuser. Loin de tout éloge et de toute diatribe, il s'agit d'écarter les légendes noires ou dorées, afin de brosser le portrait d'un homme du XVIIIe siècle aux différents âges de sa vie ». Nous disons, sans flatterie aucune, que l'objectif est parfaitement atteint. Cette excellente biographie nous permet de suivre Robespierre pas à pas et de comprendre comment un député ordinaire a fini par devenir l'un des visages de la Révolution. Leuwers conclut : « Avant de devenir un mythe politique, Robespierre a été un mythe vivant ».




Franck ABED
Lien : http://franckabed.unblog.fr/..
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Une très bonne biographie sur Robespierre. Ecrit dans un style académique, un peu froid, le livre ne se lit certes pas comme un roman, nous ne sommes pas entrainés par le souffle de la Révolution, mais le sérieux est au rendez-vous. On peut notamment souligner le grand souci apporté aux questions historiographiques, traitées par l'auteur tout au long du texte, qui permet de mettre fin à certains mythes collant encore à la peau de Robespierre (personnalité sordide dès l'enfance, ses rapports avec les femmes, son absence d'humour...), ou d'éclairer sur la valeur de certaines sources utilisées par d'autres historiens. C'est fait avec pédagogie, et c'est d'autant plus appréciable vu l'ampleur de la légende noire entourant Robespierre.

Les premiers chapitres, qui s'étendent sur les études et l'exercice du métier d'avocat par Robespierre sont très bons, et permettent de voir autre chose que le politique, mais aussi d'observer la continuité entre sa profession d'avocat et son engagement politique, particulièrement dans les méthodes. Leuwers montre bien que c'est un excellent orateur, très tôt remarqué pour cela, mais que c'est aussi et surtout un homme qui connait la force de l'opinion publique, et qui sait la mobiliser.

Toute la partie sur l'engagement révolutionnaire est très bonne, et encore une fois très sérieuse. L'auteur nous gratifie en plus de brefs discours commentés en guise d'interlude entre les chapitres, ce qui permet d'admirer tout le talent d'orateur et d'écrivain de Robespierre.
Ceci dit, malgré les nombreux extraits qui ponctuent cette biographie, avoir de plus longs extraits de discours, ou des développements un peu plus approfondis de certaines de ses positions politiques aurait été appréciable, l'auteur se contentant parfois d'un descriptif assez succinct.
J'ajoute aussi que le récit de sa chute aurait mérité de plus amples développements.

Deux bémols subsistent selon moi : le très faible développement de la vie privée de Robespierre : ses relations avec sa famille ou ses (éventuelles) relations sentimentales sont seulement évoquées. On peut aussi regretter par exemple l'absence totale de mention sur l'amitié (pourtant légendaire) entre Robespierre et Saint-Just.

Enfin, les euphémismes quant aux exécutions et répressions ordonnées par le gouvernement révolutionnaire : l'auteur se contente souvent de dire que des décrets d'accusation sont pris contre les ennemis de la patrie plutôt que de dire explicitement qu'ils sont guillotinés. Il n'y a aucun récit précis de la répression ayant eu lieu dans l'Ouest et le Sud, ni des exécutions célèbres (Louis XVI, Danton, le couple Desmoulins...), et surtout, pas de mention approfondie des réactions de Robespierre. La terreur est bien remise dans son contexte, l'auteur défait la légende noire, mais, dans son récit, je trouve qu'on ne se rend pas tout à fait compte de la politique défendue par Robespierre quand ses conséquences ne sont pas concrètement dépeintes.

En bref, une très bonne biographie, académique, qui aide à écarter la légende noire entourant Robespierre, pour voir le tribun talentueux qui se cache derrière, sa constance dans ses principes, et sa hargne pour maintenir l'unité de la Révolution, en éliminant les factions adverses.
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Hervé Leuwers expédie la meilleur biographie de Robespierre avec une insolente facilité. Tout paraît maîtrisé, connu et balisé.
Robespierre apparaît proche de nous, comme il l'est pour Pensabene, cet homme qui pleure l'Incorruptible.

La rigueur est également présente, avec de multiples sources et une science qui ne néglige pas les signaux faibles ou les silences de l'archive.
Il y a un goût de l'archive, celui d'Arlette Farge et d'autres, qui recherchent dans le passé des vies fragiles. Quelle est la part de fragilité de Robespierre? Quels sont ses doutes? Comment parlait-il? Comment se mettait-il en scène? Qui était-il au fond?
Lisez, vous saurez.
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Une très bonne bande dessinée qui permet de mieux comprendre qui était Robespierre au-delà des clichés. Également, elle permet d'aborder cette période complexe de l'histoire de France en mettant en avant certains faits peu connus. Pour moi, notamment les guerres et la terreur en Vendée militaire et aux alentours, qui est ma région et qui n'a jamais été vu en cours d'histoire.
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Très bien illustrer.
Quelques évènements manquent à mon goût comme à partir de la fête de l'Etre Suprême, l'auteur enchaîne sur les mémoires de Charlotte Robespierre avec un ami, en 1830, ce qui enlève les évènements du 8, 9 et 10 thermidor.
La BD contient à la fin une courte biographie sur Robespierre et quelques informations sur le travail sur la BD.

Sinon, ce n'est ni romancé, ni sous forme de biographie...c'est qu'il faut.
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critiques presse (1)
BDZoom
20 juillet 2017
Par la richesse de ses dialogues et la méticulosité du trait de Melli (chargé qui plus est de reconstituer de nombreux lieux disparus dont la salle des Manèges, celle des Machines et le palais des Tuileries), cet album offrira le beau moyen d’en apprendre plus sur une période politique complexe.
Lire la critique sur le site : BDZoom
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
« Remettons entre les mains des peuples leurs propres destinées. Proclamons chez eux la Déclaration des droits, et la souveraineté des nations ; qu’ils s’assemblent sous ces auspices ; mais qu’ils règlent ensuite la forme de leur gouvernement. S’ils veulent se réunir à la France, la Convention délibérera sur cet objet ; s’ils veulent former une république séparée et indépendante, nous contracterons une alliance avec eux, contre les despotes et contre les aristocrates qui déclarent la guerre à la liberté des peuples. »
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Il y a eu, il y a, et il y aura les pour et les contre.
Et il y a les historiens. Drôle de métier, et drôles de gens, avec souvent leur doute méthodique, leur besoin de preuves, leur passion des archives, leur quête d’inédit, leurs incessantes questions, leur prudence dans l’analyse et l’interprétation… Certes, en se penchant sur Robespierre, ils n’ont pas échappé aux débats ; longtemps, leur travail a souffert d’enjeux politiques, de polémiques et de partis pris, qui ont gêné une nécessaire prise de distance. Le risque, d’ailleurs, existe encore – comment serait-il possible de l’éviter totalement ? De tous les exercices historiques, l’écriture biographique est peut-être le plus délicat et le plus subjectif, malgré les réflexions théoriques pour en isoler les écueils et en définir les buts possibles.
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En parlant des « bâtards » ou des « enfants naturels », Robespierre veut évoquer ces enfants illégitimes et abandonnés, qui meurent plus que les autres lorsqu’ils sont mis en nourrice ou placés dans les hôpitaux. Aborder cette question, écrit-il, c’est avancer « dans un défilé étroit entre l’intérêt des mœurs et les droits des bâtards », l’amélioration de leur sort ne devant pas encourager le libertinage. Pour lui, la solution passe par une amélioration des mœurs et un soulagement de la misère des « enfants naturels ». Il faut inciter aux bonnes mœurs en encourageant le mariage des domestiques, et peut-être des soldats, et en imposant une amende aux pères qui abandonnent leur progéniture.
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Il ne s’agit donc pas de défendre ou d’accuser. Loin de tout éloge et de toute diatribe, il s’agit d’écarter les légendes noires ou dorées, afin de brosser le portrait d’un homme du XVIIIe siècle aux différents âges de sa vie. Pour comprendre l’originalité de Robespierre et sa place controversée dans la mémoire nationale, deux clefs de lecture ont été privilégiées. La première s’interroge sur l’impact de la culture de l’avocat-homme de lettres sur son parcours. Ses expériences d’académicien et d’avocat de causes célèbres ont formé sa parole et son écriture, encouragé son goût de la confrontation, forgé sa sensibilité, façonné sa relation au droit.
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Il faut,« conduire les hommes au bonheur, par la vertu, et à la vertu, par une législation fondée sur les principes immuables de la morale universelle, et faite pour rétablir la nature humaine, dans tous ses droits et dans toute sa dignité première ; renouer la chaîne immortelle qui doit unir l’homme à Dieu et à ses semblables, en détruisant toutes les causes de l’oppression et de la tyrannie, qui sèment sur la terre, la crainte, la défiance, l’orgueil, la bassesse, l’égoïsme, la haine, la cupidité, et tous les vices qui entraînent l’homme loin du but que le législateur éternel avait assigné à la société »
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Robespierre, dans sa complexité d'homme - par Hervé Leuwers
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