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Critique de Cyril_lect


Rédiger cette chronique me fend le coeur.

J'ai dit autour de moi depuis des années tout le bien que je pensais de Mathieu Gaborit. Car pour moi qui n'aime pas vraiment la fantasy, son écriture offre une vraie originalité. Précisons un peu les termes.
Je n'aime pas la fantasy en général, car à mon sens, son écriture est assez stéréotypée et, si j'aime bien entrer de temps en temps dans un univers assez évocateur, les trop longues sagas me lassent. Or la fantasy a érigé la trilogie en règle, la décalogie en exception qui la confirme, le prince caché en topos et le méchant seigneur des ténèbres en caricature.
Oui, mon propos est excessif, ma méconnaissance de tous les écrits sortis depuis des années dans le domaine est crasse, toutes critiques que j'accepte. Mais d'abord je suis chez moi (je sais, l'argument est pauvre) et les centaines d'ouvrages qui s'amoncellent dans ma bibliothèque et autour du lit (oui, chérie, je vais ranger...) me privent du temps nécessaire pour voir si je ne me serais pas un peu trompé sur le genre.
Bref, la fantasy continuera de s'écrire et de se vendre sans moi et pour ma part je continuerai à aller la voir au cinéma avec plaisir sans mélange (un billet à venir sur l'adaptation du Seigneur des Anneaux vs le livre de Tolkien).

Et puis il y a eu Mathieu Gaborit.

Disons le vite, disons le bien, Mathieu Gaborit est celui qui contredit tout ce que j'ai dit ci dessus. Arrivé au roman par le jeu de rôle, il écrivit la trilogie des Crépusculaires suivi du diptyque Abyme. Les cinq volumes narrant deux histoires bien distinctes, mais dans un même monde, sont réunies, après réécritures de l'auteur, en un seul volume omnibus, Les royaumes crépusculaires.
Ils sont, à mon avis ce qui se fait de mieux, pour celui qui cherche une voix originale dans la fantasy, une écriture qui offre une vraie ambiance, qui ne ressemble à aucune autre dans l'univers hyper-formaté de la fantasy. Petit détail de bibliophile névrosé : la dernière version reprend les réécritures de MG, pour l'édition J'ai Lu. le quêteur de livres rares cherchera et trouvera l'édition de poche de Mnémos aux très belles couvertures de Sandrine Gestin, qui contient la première version des textes de MG, plus rapeuse peut-être, mais plus forte à mon goût.
Mathieu Gaborit est un vrai grand auteur de fantasy, porteur d'une voix singulière et originale. Mais là, j'ai été profondément déçu. Probablement parce que mes attentes étaient trop fortes, mais surtout parce que son éditeur n'a pas fait son travail à mon sens.
D'abord d'un point de vue technique. La 4e de couverture tombe des mains, l'ont-ils relu au Pré ? Pour ma part j'en ai raté quelques unes, mais celle là elle est pas mal... Et puis l'imprimeur a mal fait son travail : les cotes de dos sont trop courtes et par conséquent il manque un millimètre de couverture du côté de la tranche en 1e et 4e de couverture. le détail qui tue.
Pour la couverture elle-même, en général je suis assez sensible aux illustrations de Didier Graffet (cf. Les royaumes crépusculaires), mais là, honnêtement, bof.

Mais, le plus important je pense, est que le texte de MG mérite une réécriture sérieuse, une direction critique d'auteur, bref un travail éditorial. Alors oui, on trouve toujours la patte, l'originalité et la voix propre de Mathieu ainsi que son travail visant à subsumer un concept (pas facile à placer celui là), du lexique vers son incarnation littéraire. Mais le point faible réside dans les personnages qui manquent terriblement d'épaisseur et de qualités pour qu'on s'y attache ou même les trouver sympathiques. On est très loin du Maspalio d'Abyme avec un personnage principal, Lilas, bornée et excessive. Son narcissisme est assez agaçant et manque singulièrement de nuances.

L'histoire : Lilas, naine flamboyante (dixit la 4e de couverture...), a pris sa retraite de responsable de la sécurité du palais (comme par hasard) de la Haute Fée. Lorsque son fils lui apporte une jeune fille évanouie, pressentant le danger qui émane d'elle, elle décidera cependant de protéger sa tribu comme une louve lorsque la Haute Fée lâche ses sbires pour la retrouver.

Bon, là encore, je caricature à gros traits et mon résumé (basé sur mes souvenirs et cette fameuse 4e de couv.) ne dit pas tout de l'ouvrage, tant s'en faut.
Mais mince ! autant d'années à attendre le nouveau Gaborit pour une histoire de poursuite, zut, flute et je reste poli. Tout ça pour ça, des promesses avec ce nouveau livre et puis, à la fin, une déception.
Ça m'apprendra à m'emballer trop vite.

Alors, pour résumer, si vous me faites confiance, lisez Mathieu Gaborit car vous y entendrez une voix à nulle autre pareille, mais commencez plutôt par Les royaumes crépusculaires, Bohème ou les Chroniques des Féals. Si vous voulez allez jusqu'aux Chroniques du soupir, contactez moi, on fondera le club des fans irréductibles de Mathieu Gaborit.
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