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Fortier Dominique (Éditeur scientifique)Jane Everett (Éditeur scientifique)
EAN : 9782890528567
107 pages
Boréal (23/12/1997)
4.17/5   15 notes
Résumé :
Quand La Détresse et L'enchantement fut publié en 1984, à titre posthume, le livre ne comprenait pas deux des quatre parties que l'auteur avait prévues.

C'est la mort qui avait empêché la grande romancière de mener à terme son projet d'autobiographie. Elle n'en laissait pas moins le début du manuscrit de la troisième partie, qui s'ouvre sur le voyage de Gabrielle à Saint-Boniface, où sa mère vient de mourir.

Ce sont des pages émouvante... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Chère lectrice, Cher lecteur,

Je n'ai presque plus de secret pour vous par rapport à mes goûts littéraires. Vous savez sans aucun doute que j'ai une admiration sans borne pour les univers d'Anne Hébert et de Gabrielle Roy, deux grandes dames de la littérature québécoise. En me promenant dans les rangées de livres de la librairie d'occasion de Gatineau, je suis tombée sur le petit livre le temps qui m'a manqué de Gabrielle Roy. Je lis la quatrième de couverture et tout de suite, je suis interpellée par le message.

«Que dire du dernier livre de Gabrielle Roy? Sinon que le temps qui m'a manqué prolonge admirablement la voie autobiographique tracée dans La Détresse et l'Enchantement avec une économie de moyens plus grands encore, qui présente à la fois un art poussé jusqu'à ses limites extrêmes […] et qualité d'émotion incomparable.»

Quelle est cette dernière émotion transmise par Gabrielle Roy dans ce petit livre de 106 pages? Je décide d'acheter ce bouquin et je me suis empressée d'aller à la rencontre encore une fois de cette chère Gabrielle Roy. J'ai lu La Détresse et l'Enchantement et cette autobiographie figure parmi mon Top cent, tout comme d'autres livres de Gabrielle Roy (pour en apprendre davantage sur les livres de Gabrielle Roy, cliquez sur Madame lit et Gabrielle Roy). Assise sur le divan se retrouvant dans mon bureau, je lis l'incipit et mon coeur vacille.

«Longtemps il m'avait semblé que les rails ne me chanteraient jamais autre chose que le bonheur». (p. 13)

Ça y est, la magie opère. Je me trouve en terrain connu avec mon autrice. Cette fois-ci, je l'accompagne sur les rails de sa vie, dans un train, toujours un train. Avant de mourir, Gabrielle Roy raconte ce temps qui lui a manqué par rapport à sa mère. Elle partage en toute humilité la façon dont elle a vécu le décès et des conséquences engendrées par ce départ.

D'ailleurs, deux ans après la perte de sa mère, elle fait publier Bonheur d'occasion et elle lui dédie ce dernier. le temps lui a manqué pour toutes sortes de raisons qui lui appartiennent, mais ce qui la désole le plus : sa mère ne sera jamais témoin de son succès et elle ne pourra pas être fière des prix qu'elle gagnera. Comme elle le mentionne :

«À la douleur d'avoir perdu ma mère se mêlait, se mêlerait à jamais celle de m'être fait dérober le bonheur que j'aurais eu de lui en apporter une part avant qu'elle ne m'eût quittée.» (p. 33)

D'ailleurs, Gabrielle Roy remportera le prestigieux prix Femina en 1947 pour Bonheur d'occasion et ce dernier connaîtra un immense succès aux États-Unis.

Mais, ce petit livre, Gabrielle Roy n'a pas pu le terminer, elle était trop malade. Cependant, elle a voulu relater la peine qu'elle a vécue. Pour ce faire, elle décrit son voyage en train qui la mène vers sa mère morte de Montréal à Saint-Boniface en 1939, elle aborde ses souvenirs auprès de ses soeurs en deuil, elle traite du temps qui passe et elle évoque le trajet qu'elle fait de Montréal jusqu'en Gaspésie pour transiger avec sa douleur.

Ce livre est probablement le plus touchant, le plus lumineux, le plus douloureux que j'ai lu d'elle. Touchant car je l'ai lu avec respect et avec compassion comme un trésor. Ce bouquin m'apparaît méconnu, mais il possède tous les éléments pour devenir un classique de la littérature québécoise.

Je conseille de débuter par La Détresse et l'Enchantement, son autobiographie, et ensuite, lire le temps qui m'a manqué. Ce sont des livres représentant la merveilleuse femme qu'était Gabrielle Roy. La plume de cette dernière est incomparable, remplie d'un souffle de vie, de mort et de liberté. Son émotion, fusionnée à sa plume, s'avère à son paroxysme dans le temps qui m'a manqué.

Bien à vous,

https://madamelit.ca/2022/05/13/madame-lit-le-temps-qui-ma-manque-de-gabrielle-roy-autobiographie/

Lien : https://madamelit.ca/2022/05..
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Le Temps qui m'a manqué est la suite de l'oeuvre autobiographique, La Détresse et l'Enchantement. Gabrielle Roy relate le deuil de sa mère qui vivait loin d'elle, et à qui elle a, enfin, écrit une lettre qu'elle désirait depuis longtemps lui écrire. Elle relate, en effet, comment l'absence de sa mère a marqué un instant important de sa vie où son départ du Manitoba était une décision décisive, et le retour au pays est encore une décision incertaine.

En fait, l'âme littéraire de cette oeuvre réside dans chaque moment de la vie d'une personne qui n'a guère été vécu, et que l'on pleure, parce que l'on était loin de ceux qu'on aime. Gabrielle Roy a écrit, donc, avec des mots sincères et touchantes, les temps perdus aux noms de tous ceux que leurs siens ont laissé un manque dans le coeur. Elle raconte, aussi, l'amour que sa mère lui a porté, son voyage vers Saint-Boniface, avant de repartir vers la Gaspésie, le lieu où la flamme de sa douleur s'est éteinte.

Gabrielle Roy la femme auteure, donc, présente dans cette oeuvre, plus que dans l'une de ses oeuvres, la femme qu'elle a été. Elle s'est retournée vers le passé pour rencontrer le temps qui lui a manqué, et le mettre après en scène pour réveiller la vie en famille d'autrefois.
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Voici la courte suite de la détresse et l'enchantement, les dernières pages que Gabrielle Roy a écrites avant sa mort. de retour d'Europe, Gabrielle s'installe à Montréal où elle exerce le métier de journaliste à la pige et débute son premier roman. Ce récit est toutefois principalement centré sur la mort de sa mère.

Je me suis encore laissée éblouir par la plume de Gabrielle Roy! J'ai ressenti à la lecture de ce bouquin une telle tristesse! À cause du thème abordé, soit le deuil, mais aussi parce que plus je lisais et plus je voyais la fin arriver. Je ne voulais pas que ça finisse! C'est trop court, c'en est presque frustrant! J'aurais tellement voulu que le temps ne lui manque pas pour terminer le récit de sa vie!
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Court récit autobiographique publiée après la mort de l'auteure. La suite de la détresse et l'enchantement. Un vrai délice pour les amateurs de Gabrielle Roy.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
À la douleur d’avoir perdu ma mère se mêlait, se mêlerait à jamais celle de m’être fait dérober le bonheur que j’aurais eu de lui en apporter une part avant qu’elle ne m’eût quittée.
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Maintenant est-ce que je voyagerais encore jamais sans entendre monter en moi la plainte, toujours la même, que maman m’était à jamais enlevée ?
Aucune larme ne m’était encore pourtant venue. J’avais les yeux secs d’une fiévreuse. Je n’étais pas encore, j’imagine, entièrement livrée à la peine, trop étourdie, trop abasourdie par le choc pour en ressentir toute la force. Et la noire forêt défilait toujours de chaque côté du train. J’ouvris mon sac, en sortis le télégramme que je relus avec un avide entêtement comme s’il allait pouvoir m’en apprendre plus qu’il en disait. Mes yeux scrutèrent le mot « décédée ». Bien plus que le mot « mort » auquel on est malgré tout habitué, il me sembla détenir un sens inviolable, impénétrable, de tout temps et à jamais obscur. À travers son lourd mystère dut m’atteindre enfin le sentiment de l’irrévocable, car je pense avoir gémi encore une fois à voix haute.
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Est-ce que j’en reprenais des pages ou n’en étais-je pas plutôt à écrire ce qui me rapporterait de quoi payer ma pension, lorsque j’appris que maman était gravement malade ? Tout ce que je me rappelle, c’est que je redoublai d’efforts et travaillai en forcenée. Beaucoup de ma production de ce temps-là, brouillons hâtifs, ébauches mal engagées, volait évidemment au panier comme y vole sans doute la moitié des écrits de la plupart des écrivains, et ainsi prend donc ce chemin navrant une grande part de leurs forces vives, de leur vie elle-même.
Je ne m’interrompais que pour faire de temps à autre une brève promenade en ski l’après-midi lorsque la vue des joyeux étincellements sous le soleil de la neige fraîchement tombée parvenait à me tirer hors de mes inventions vers le réel dont je m’émerveillais encore malgré tout.
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Est-ce que j’en reprenais des pages ou n’en étais-je pas plutôt à écrire ce qui me rapporterait de quoi payer ma pension, lorsque j’appris que maman était gravement malade ? Tout ce que je me rappelle, c’est que je redoublai d’efforts et travaillai en forcenée. Beaucoup de ma production de ce temps-là, brouillons hâtifs, ébauches mal engagées, volait évidemment au panier comme y vole sans doute la moitié des écrits de la plupart des écrivains, et ainsi prend donc ce chemin navrant une grande part de leurs forces vives, de leur vie elle-même.
Je ne m’interrompais que pour faire de temps à autre une brève promenade en ski l’après-midi lorsque la vue des joyeux étincellements sous le soleil de la neige fraîchement tombée parvenait à me tirer hors de mes inventions vers le réel dont je m’émerveillais encore malgré tout.
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Je me sentais moi-même aspirée en de noirs tourbillons de peine comme je ne pense pas en avoir connu de plus amère même à la mort, en moi, d’un amour qui m’avait fait vivre. À la douleur d’avoir perdu ma mère se mêlait, se mêlerait à jamais celle de m’être fait dérober le bonheur que j’aurais eu de lui en apporter une part avant qu’elle ne m’eût quittée.
Alors enfin me vinrent des larmes. Je ne pus bientôt plus retenir des sanglots. Des gens commencèrent à se tourner vers moi, sympathiques ou curieux. Je m’enfuis pour pleurer sans témoins dans les toilettes.
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Sean Mills lit un extrait du texte ''Ma rencontre avec les gens de Saint-Henri'' de Gabrielle Roy.
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