Chère lectrice, Cher lecteur,
Je n'ai presque plus de secret pour vous par rapport à mes goûts littéraires. Vous savez sans aucun doute que j'ai une admiration sans borne pour les univers d'
Anne Hébert et de
Gabrielle Roy, deux grandes dames de la littérature québécoise. En me promenant dans les rangées de livres de la librairie d'occasion de Gatineau, je suis tombée sur le petit livre
le temps qui m'a manqué de
Gabrielle Roy. Je lis la quatrième de couverture et tout de suite, je suis interpellée par le message.
«Que dire du dernier livre de
Gabrielle Roy? Sinon que
le temps qui m'a manqué prolonge admirablement la voie autobiographique tracée dans
La Détresse et l'Enchantement avec une économie de moyens plus grands encore, qui présente à la fois un art poussé jusqu'à ses limites extrêmes […] et qualité d'émotion incomparable.»
Quelle est cette dernière émotion transmise par
Gabrielle Roy dans ce petit livre de 106 pages? Je décide d'acheter ce bouquin et je me suis empressée d'aller à la rencontre encore une fois de cette chère
Gabrielle Roy. J'ai lu
La Détresse et l'Enchantement et cette autobiographie figure parmi mon Top cent, tout comme d'autres livres de
Gabrielle Roy (pour en apprendre davantage sur les livres de
Gabrielle Roy, cliquez sur Madame lit et
Gabrielle Roy). Assise sur le divan se retrouvant dans mon bureau, je lis l'incipit et mon coeur vacille.
«Longtemps il m'avait semblé que les rails ne me chanteraient jamais autre chose que le bonheur». (p. 13)
Ça y est, la magie opère. Je me trouve en terrain connu avec mon autrice. Cette fois-ci, je l'accompagne sur les rails de sa vie, dans un train, toujours un train. Avant de mourir,
Gabrielle Roy raconte ce temps qui lui a manqué par rapport à sa mère. Elle partage en toute humilité la façon dont elle a vécu le décès et des conséquences engendrées par ce départ.
D'ailleurs, deux ans après la perte de sa mère, elle fait publier
Bonheur d'occasion et elle lui dédie ce dernier. le temps lui a manqué pour toutes sortes de raisons qui lui appartiennent, mais ce qui la désole le plus : sa mère ne sera jamais témoin de son succès et elle ne pourra pas être fière des prix qu'elle gagnera. Comme elle le mentionne :
«À la douleur d'avoir perdu ma mère se mêlait, se mêlerait à jamais celle de m'être fait dérober le bonheur que j'aurais eu de lui en apporter une part avant qu'elle ne m'eût quittée.» (p. 33)
D'ailleurs,
Gabrielle Roy remportera le prestigieux prix Femina en 1947 pour
Bonheur d'occasion et ce dernier connaîtra un immense succès aux États-Unis.
Mais, ce petit livre,
Gabrielle Roy n'a pas pu le terminer, elle était trop malade. Cependant, elle a voulu relater la peine qu'elle a vécue. Pour ce faire, elle décrit son voyage en train qui la mène vers sa mère morte de Montréal à Saint-Boniface en 1939, elle aborde ses souvenirs auprès de ses soeurs en deuil, elle traite du temps qui passe et elle évoque le trajet qu'elle fait de Montréal jusqu'en Gaspésie pour transiger avec sa douleur.
Ce livre est probablement le plus touchant, le plus lumineux, le plus douloureux que j'ai lu d'elle. Touchant car je l'ai lu avec respect et avec compassion comme un trésor. Ce bouquin m'apparaît méconnu, mais il possède tous les éléments pour devenir un classique de la littérature québécoise.
Je conseille de débuter par
La Détresse et l'Enchantement, son autobiographie, et ensuite, lire
le temps qui m'a manqué. Ce sont des livres représentant la merveilleuse femme qu'était
Gabrielle Roy. La plume de cette dernière est incomparable, remplie d'un souffle de vie, de mort et de liberté. Son émotion, fusionnée à sa plume, s'avère à son paroxysme dans
le temps qui m'a manqué.
Bien à vous,
https://madamelit.ca/2022/05/13/madame-lit-le-temps-qui-ma-manque-de-gabrielle-roy-autobiographie/
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