Elles sont deux sur cette terrasse : l'une, sûre d'elle, parisienne, attend son compagnon ; l'autre, nature et mal dans sa peau, arrive de province pour prendre un premier poste. Elle est seule et l'accepte. Elles se regardent, se scrutent, s'examinent, se jugent, se jaugent, s'interrogent...Un premier roman qui analyse avec beaucoup de finesse et d'humour la psychologie féminine et présente des personnages des plus crédibles, toutes deux à la croisée des chemins. Si différentes et si semblables. le fil du récit est intéressant et la fin plutôt maligne. Une lecture plaisante.
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D'habitude, je suis plutôt bavarde, mais pour être bavard, il faut avoir une personne à qui parler, et pour ça, il faut connaître quelqu'un. Et pour connaître quelqu'un, il faut faire des rencontres, et pour ça, il faut sortir, donc je sors.
Je n'ai jamais vraiment fait de crise d'adolescence, et je le regrette énormément. Je n'avais pas conscience, à l'époque, que mes parents m'aimaient et que mon comportement, mes choix et mes bêtises importaient peu. J'ai toujours voulu être exemplaire, j'ai toujours eu peur de perdre l'amour des miens. Mais celui d'une mère et d'un père pour leur enfant est inconditionnel, et si je l'avais su plus tôt, j'en aurais davantage profité. J'aurais pris de la drogue, j'aurais fait des fugues, des comas éthyliques, j'aurais fait ma vie, en somme.
Faire une crise d'adolescence, ça marche quand on a des parents, une autorité enfin quand on est adolescent, c'est même le critère numéro un pour pouvoir la faire, cette crise. Mais passé trente ans, ça s'appelle péter un plomb, tout simplement. On ne peut pas fuguer à trente ans, parce que personne ne vous cherche. On ne peut pas faire le mur, puisque personne ne vous empêche de sortir. Je ne peux plus vivre de crise d'adolescence, parce que plus personne ne m'empêche de faire quoi que ce soit, à part moi-même. La solitude et l'indépendance, ça me terrorise.
Moi, je ne pourrais pas assumer cette solitude. Quand j'attends quelqu'un, je me sens toujours obligée de préciser que j'attends quelqu'un et, quand je n'attends personne, je fais toujours en sorte de dire que j'attends quelqu'un.
Une femme a pris ma déposition, mais elle m'a d'abord demandé quelle tenue je portais au moment de l'agression. Apparemment, certaines tenues justifient tout à fait qu'un homme distribue son sperme sur le dos des voyageuses dans les transports en commun, c'est toujours bon à savoir...
Le pire c'est que son jugement me touche. Son jugement m'importe. Son jugement m'atteint. J'ignore pourquoi, j'ai toujours voulu plaire aux gens qui ne m'aimaient pas. Je peux faire des milliers d'efforts pour gagner la sympathie de ceux qui me rabaissent. Je veux systématiquement être amie avec les filles méchantes, elles me fascinent.
Je n'ai jamais compris ce principe d'oublier de manger... On peut oublier un parapluie, sa pilule, un rendez-vous, mais pas de manger !
La fille belle a plus de droits que les autres : elle peut mal se comporter, ne pas dire bonjour, prendre un air hautain, on la qualifiera toujours de rêveuse, alors qu'une fille moche qui se comporte mal, c'est une frustrée, une aigrie et une mal baissée. Oui, "mal baisée", car la société pense encore que, si une femme est méchante et de mauvaise humeur, c'est parce qu'elle a besoin d'une bite. "Elle, il lui faudrait un bon coup de bite !" Pas de quelqu'un en particulier, non, n'importe laquelle. Une bite, et hop, la bonne humeur et la joie reviennent !
Une belle qui s'ignore est bien plus dangereuse qu'une femme sûre de sa beauté.
Parfois j'éprouve tellement le désir de rentrer que j'en ai mal au ventre. Je me sens seule au point d'avoir envie de vomir. Il paraît que c'est ça le mal du pays, un pic qui reste constamment accroché au coeur et qui empêche de respirer. Il m'est arrivé plusieurs fois d'aller à la gare pour voir les trains qui repartaient chez moi. Je ne monte pas dedans, mais ça me rassure de savoir que je pourrais le faire.
Je pense que je ne sais pas grand-chose, mais il paraît que ceux qui ne savent rien, et qui savent qu'ils ne savent rien, savent beaucoup plus que ceux qui ne savent rien et ne savent pas qu'ils ne savent rien. C'est ma mère qui me disait toujours ça, je lui ai demandé d'où elle savait ça, mais elle n'en savait rien. Moi, je sais surtout qu'il y a trop de choses que je ne sais pas.
J'attends une vraie raison d'aller mal, et je garde mes larmes bien au chaud : je ne veux pas gâcher ma réserve lacrymale, c'est mon côté écolo.
Je n'aime pas les gens qui disent : "Fais comme chez toi !" Il n'y a rien de moins chaleureux que de souligner que la personne n'est justement pas chez elle.
Il paraît qu'on attire ce qui nous advient, dans le bien comme dans le mal. Moi, je n'attire rien. Je provoque les choses, mais je ne les attire pas. Je ne crois pas aux énergies qui circulent. Les énergies sont faites pour les passifs et les riches qui ont le luxe de pouvoir se fier à la chance.
Moi, je suis fermée, je ne sais pas si je me force à ne rien attendre pour ne pas être déçue, ou si, vraiment, je n'attends rien, naturellement. L'ennui, c'est que le rien n'est pas surprenant alors que, si on attend quelque chose et que rien n'arrive, il se passe quand même quelque chose. Je veux dire, le rien est actif lorsque la possibilité du changement lui est donnée. Je veux attendre quelque chose, moi aussi, parce que j'en ai marre de tout faire toute seule et de ne pas laisser de place à la surprise, à l'inattendu. Voilà, je vais attendre l'inattendu.
On dit que les gens et les choses ne changent pas, que seul le regard que l'on porte sur eux peut les faire évoluer, je pense que c'est valable, mais pas pour les cons. Eux ont cette capacité à résister à tout changement et à durer.
Moi, je n'aime pas mon anniversaire. Je suis toujours déçue. Personne ne m'offre jamais le cadeau que j'espérais. Je fais toujours semblant de ne rien vouloir pour qu'on me prépare une surprise. Alors, les gens ne font rien, justement pour me faire plaisir, et effectivement, je suis surprise, par le fait qu'il ne se passe rien.
Il faut savoir ce que l'ont veut, il faut savoir l'exprimer et l'assumer. C'est ça devenir adulte. Personne ne fera les choses à notre place.
Devenir adulte, ce n'est qu'une succession de concessions, de désillusions, et de projets qui nous terrifient. Peut-être qu'être adulte, c'est tout simplement accomplir des choses effrayantes en faisant semblant de ne pas avoir peur ?
Je ne suis pas aigrie, mais la vie est injuste. C'est injuste que les femmes soient censées se teindre les cheveux à la moindre racine blanche et que les hommes exhibent fièrement leur chevelure argentée. C'est injustes une leurs poils sur le torse soient considérés comme virils et les nôtres comme antiféminins sur les jambes. C'est injuste que le ventre arrondi soit mignon chez un homme et de trop chez une femme, que les rides soudent sexy chez eux et à bannir chez nous. Pourquoi ? Les rides, les cernes sont bien le signe d'une vie pleine d'expériences. Donc, nous devons garder un visage figé, sans les traces du temps qui passe.
Souvent, on m'explique que, si je ne veux pas d'enfants, c'est que je n'ai pas encore trouvé "la bonne personne". Moi, je pense aussi que les gens qui se permettent de dire ce genre de choses n'ont, eux non plus, pas encore trouvé "la bonne personne" pour les inviter à fermer leur gueule de temps en temps.
Il paraît que pour garder un homme il faut être à la fois : sa maîtresse, sa mère, sa meilleur amie. Mais moi, je n'ai pas que ça a foutre, en fait. C'est déjà assez compliqué d'être une seule personne, alors si en plus il faut jouer minimum trois personnages pour stimuler le désir de l'autre, ce n'est pas viable. Je ne veux pas devenir schizophrène par amour.
J'ai tant aimé mon enfance, cette insouciance du corps, cette inconscience du regard extérieur, cette légèreté de l'âme.
J'aimerais tant retourner en arrière, pour revivre mon enfance, mais avec mon âme d'adulte. Je me sens encore profondément triste de ne plus être une petite fille. Je ne supporte pas le temps qui passe, je suis obsédée par chaque seconde qui s'écoule. C'est d'ailleurs pour ça que je ne porte pas de montre, le tic-tac infernal me rappelle sans cesse qu'il faut profiter, qu'une pensée fugace fait déjà partie du passé, que tout est déjà derrière. Et plus j'essaie de profiter, moins je profite. Moins je profite, plus je me dis que j'aurais dû profiter. Profiter, finalement, c'est ne pas avoir conscience de profiter.
Je pense toujours que je serai plus heureuse demain, mais je crois aussi que je suis plus malheureuse qu'hier. J'ai foi en l'avenir, j'idéalise le passé, mais je méprise le présent.
Être sereine... Est-ce que je saurai l'être, un jour ? Est-ce que je parviendrai, moi aussi, à me sentir heureuse d'être moi ? J'ignore pourquoi, mais depuis toujours, je veux être quelqu'un d'autre.
Une copine de ma mère m'a prêté cet appartement. "Un petit appartement de charme", comme elle dit. "Petit", je suis d'accord, "de charme"' je ne vois pas. Je crois qu'à Paris, on utilise l'expression "de charme" pour "de merde". d'ailleurs, ici, le mot "charme" est rarement employé de manière positive : "Elle a du charme." = "Elle est moche."
Il dit que je suis insensible. Ce n'est pas vrai, c'est aussi une sorte de sensibilité que d'être insensible à certaines choses. Je suis sensible, parce que je sais que je souffre de mon insensibilité, donc si je souffre, c'est justement la preuve que je sens des choses.
Elle doit s'entourer des mauvaises personnes pour fuir la solitude, et moi, je les fuis tellement que la solitude m'entoure.
Je veux toujours que les choses soient différentes de ce qu'elles sont, et quand elles deviennent ce que je veux, je souhaite qu'elle redeviennent comme avant, quand elle étaient ce qu'elles étaient.
Quand je suis avec quelqu'un qui m'aime pour ce que je suis, qui me caresse les cheveux avant de dormir, et qui me fait des déclarations, je pressens le danger. Le danger de la routine. Alors je brise tout, j'essaie de mettre du piment, je veux de la passion quand l'amour est paisible. Des cris à la place des rires, de la baise à la place de la tendresse, de l'insécurité à la place de la quiétude, et surtout, des disputes. Il faut que ça vive.
Je crois que je ne cherche pas le bonheur avec un homme. Ce que je veux, c'est marquer son esprit. Qu'il se souvienne de moi, toute sa vie. Qu'il pense à moi avec regret en se disant qu'il n'a pas réussi à me garder. Je préfère être un regret plutôt qu'un
INCIPIT
Je n’ai rien dit aujourd’hui. Il est midi passé, et je n’ai pas encore prononcé un seul mot. Pas un seul son. Hier non plus, d’ailleurs. Je ne sais pas à qui je vais parler en premier au cours de cette journée, ou si je vais parler tout court.
J’ai peur que ma voix soit bizarre, endormie, enrouée. Et si, à force de ne pas m’en servir, je la perdais comme la Petite Sirène? Mais, contrairement à Ariel, moi, j’aurais toujours mes deux jambes, pas une queue de poisson. D’ailleurs, ça ne l’a pas empêchée de trouver un homme. Je pense même que celui-ci est tombé amoureux de la Petite Sirène parce qu’elle ne parlait pas, justement. Il s’est dit: «OK, ma fiancée est moitié femme, moitié poisson, mais, au moins, elle ferme sa gueule.»
D’habitude, je suis plutôt bavarde, mais pour être bavarde, il faut avoir une personne à qui parler, et pour ça, il faut connaître quelqu’un. Et pour connaître quelqu’un, il faut faire des rencontres, et pour ça, il faut sortir, donc je sors.
J’ai faim. Pour une fois, je ne vais pas manger chez moi, non, je vais me faire plaisir, je vais déjeuner au soleil. La solitude commence à me peser, la preuve, je parle toute seule, et j’ai des expressions de solitaire: «JE vais ME faire plaisir.» Comme si «je» et «moi» étaient deux personnes différentes. C’est peut-être ça, le début de la schizophrénie. Je ne sais pas si je souffre de troubles de la personnalité, je sais juste que je suis affamée.
Les gens font déjà la queue devant la terrasse. Le serveur prend d’ailleurs un malin plaisir à ne pas les placer tout de suite. Il les regarde patienter d’un air satisfait. Comme si tout ce beau monde était là pour lui, comme s’il avait une sorte de pouvoir sur sa clientèle. Ça doit lui plaire de prendre son temps, d’avoir l’impression de maîtriser quelque chose, pour une fois, dans sa vie.
Je me suis toujours demandé: les gens font-ils la queue parce que le restaurant est extraordinaire, ou parce qu’ils voient d’autres énergumènes faire la queue?… C’est quand même étrange d’attendre si longtemps simplement pour déjeuner en terrasse. C’est même à la limite du ridicule. Voilà ce que je me dis… tout en faisant la queue.
En tout cas, moi, je ne sais pas si le restaurant est bon, je suis juste les autres. J’aurais fait de même si j’avais vu un attroupement devant un poteau. Je n’ai vraiment aucune personnalité.
C’est long, j’ai chaud, j’ai faim, j’ai soif, j’ai…
«C’est pour déjeuner? Combien de personnes?
— Une personne.
— Vous attendez quelqu’un?
— Non, je suis toute seule.
— Donc vous n’attendez personne?»
J’ai l’impression que ce dialogue dure une éternité. Je suis seule, certes, mais avant sa petite pique, je ne m’étais pas rendu compte à quel point je l’étais. Pour lui, je suis donc une personne qui n’attend personne… Il aurait pu dire : « Vous êtes paumée ? Vous n’avez pas d’amis ? », ça aurait sonné pareil.
Je tente de le suivre. Il marche très vite, comme s’il cherchait à m’impressionner, à me montrer qu’il connaît mieux les lieux que moi. Je ne vois pas trop l’intérêt, ni la raison de cette précipitation – si ce n’est la queue, mais les autres peuvent bien attendre encore un peu –, quoi qu’il en soit je le suis bêtement, tout en me cognant maladroitement aux chaises de quelques clients mal placés. Le serveur se dirige maintenant à l’intérieur, puis s’arrête devant une petite table à côté des toilettes.
En fait, je t’explique, connard : ce n’est pas parce que je déjeune seule que j’ai des goûts de merde.
Évidemment, je ne dis rien de tout cela. Une toute petite voix sort de ma bouche :
« J’aurais voulu être en terrasse, si possible… »
Le serveur lève les yeux au ciel.
Non seulement elle est seule, mais en plus elle est exigeante. Les gens seuls ne devraient pas être autorisés à manger en terrasse. Les gens seuls devraient rester chez eux, ou alors ils devraient la fermer et s’estimer déjà heureux d’avoir la chance de manger près des toilettes. Les gens seuls sont seuls pour une raison, mais cette raison, ils ne la comprennent pas. C’est pour ça qu’ils sont seuls, c’est pour ça qu’ils font chier.
C’est ce qu’il doit se dire derrière son sourire hypocrite, derrière son «Y a pas de souci!» Ça sonne faux.
D’ailleurs, c’est quoi cette expression, «Y a pas de souci»? Bah non, il n’y en a pas! C’est quoi cette façon de montrer à l’autre qu’il pourrait y en avoir ? On marche sur les pieds de quelqu’un, on s’excuse, et l’autre répond: «Y a pas de souci!» Mais j’espère bien qu’il n’y en a pas. C’est fou, quand même ! Enfin si, il y a un souci : c’est le fait que tu me dises qu’il n’y en a pas, justement. C’est ça, mon souci.
Bref, le serveur m’installe. Je dis « m’installe » parce que c’est comme ça qu’ils parlent, les serveurs : «Je vais vous installer en terrasse.»
Tu vas surtout redescendre un peu.
« Installer »… C’est un grand mot, quand même. «Installer», c’est beau, c’est généreux, c’est asseoir quelqu’un, c’est prendre soin de bien faire les choses, c’est peut-être même dresser une belle nappe en ajoutant une corbeille de fruits… C’est ça, « installer ». Ce n’est pas montrer vulgairement une table du doigt, au loin.
Je suis en première rangée, presque sur le trottoir. « Comme ça, vous verrez passer les gens ! » me dit-il avant de me jeter le menu sur la table. Je m’en fous de voir passer les gens, moi. Je veux juste déjeuner au soleil. Je ne suis pas parisienne, je ne pratique pas le matage, sport favori de la capitale, qui consiste à juger les passants et à leur inventer une vie.
Je hais Carrie Bradshaw, j'aurais envie de déballer que c'est sa faute tout ça, qu'à cause d'elle, des milliers de jeunes filles ont voulu partir à l'aventure dans les grandes villes, qu'à cause d'elle, des milliers de jeunes filles se sentent seules et tristes, qu'à cause d'elle, j'ai même idéalisé les laveries... (...)
J'ai envie de rentrer dans ma télévision et de dire à Carrie ses quatre vérités : " " Non...non, Carrie, c'est pas comme ça, la vraie vie, tu comprends ? On ne se balade pas en tutu dans la ville, on n'a pas des copines qui sont dispos vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour aller bruncher, on prend du poids quand on mange des pizzas tous les soirs en sortie de boite, et on ne marche pas pieds nus dans les rues en rentrant de soirée, tout simplement parce qu'on ne veut pas attraper le tétanos, Carrie !"
Quand on est seule, la vie à Paris est comme dans toutes les grandes villes : vide et anonyme.
Je crois que je ne supporte plus ce qu’il dit, ni ce qu’il pense. Je ne sais plus qui est Étienne, et je ne sais plus qui je suis. Chaque soir, j’ai l’impression de m’endormir à côté d’un étranger. En ce moment, ma vie de couple, c’est un voyage en terre inconnue. Je me couche dans le doute, je me lève dans le doute, sans comprendre ce que je fous encore ici. Je ne parle plus la même langue que lui. Comme si j’étais touriste dans ma propre vie. Je veux rentrer chez moi, mais je ne sais plus où c’est, chez moi. Je n’ai pas de carte, ni de boussole, alors je marche au hasard, je suis le vent en attendant de trouver le bon endroit, le bon pays, la bonne maison pour mon âme.
Paris, une terrasse de café ensoleillée. C'est l'heure du déjeuner, les gens font la queue. Les salades sont immangeables, une tasse de the coûte huit euros, le personnel est abject. Mais les gens font la queue.
Une jeune provinciale est attablée, seule. À ses côtés, une Parisienne attend son amoureux qui tarde à la rejoindre.
Deux femmes qui n'ont a priori rien en commun. Si ce n'est que l'une et l'autre se regardent, se jaugent, se moquent.
Peut-on parler fort, ne jamais sourire, et porter un panier en osier avec autant d'assurance et d'aplomb ? se demande la première.
Peut-on boire un verre de vin en trinquant… avec soi-même, et sembler heureuse malgré tout ? se demande la seconde.
Mais sont-elles si différentes ? Et qui sont-elles pour se juger si durement ?
Charlotte Gabris s'amuse ici de la rivalité féminine avec malice.
Et si nous essayions, nous aussi, de déjeuner en paix ?
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