Parfois, la littérature nous offre ce qu'elle a de plus précieux, quelques gouttes de son sang gonflé de secrets : une personne, réelle ou imaginaire (en fait, toujours imaginaire, puisqu'il ne saurait exister une transparence pure de l'écrivain en train de se confesser; l'écrivain, plus que tout autre artiste, est paralysé par la médiation, incapable qu'il est d'immédiateté), qui s'exprime en son seul nom et ainsi, avec son sang vivifié par le verbe, tente d'ouvrir pour nous les portes de la connaissance. Je est un autre en effet, mais je est toujours un autre, toutes les voix qui résonnent dans une seule cervelle, toutes les existences dont une âme est riche alors même que, absolument unique et jamais remplaçable par quelque corps d'emprunt pour une nouvelle existence sans prix, une âme, jamais, ne peut se vouloir seule. La confession du démon serait une absurdité car qui se confesse admet et postule même l'existence de qui peut écouter sa confession, peut-être la recevoir et, la recevant, le pardonner. Par essence, la littérature est dialogique. Par essence (si l'on peut parler d'une essence du mal), le démoniaque ne l'est pas, enfermé dans son hermétisme.
Lisant le remarquable texte d'
Howard McCord intitulé
L'homme qui marchait sur la lune, j'ai immédiatement, écrivais-je, songé à tel autre texte énigmatique, condensant la pensée de celui qui l'a écrit (1),
Agonie d'agapè (2) de
William Gaddis, un livre paru en 2002 alors que son auteur est mort en 1998.
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