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EAN : 9782020654104
576 pages
Seuil (16/04/2004)
4.04/5   37 notes
Résumé :
Simon Delambre, à la veille de passer l’agrégation de lettres classiques, est atteint de tuberculose et doit séjourner en sanatorium au Crêt d’Armenaz, univers clos, coupé du monde, au coeur d’une "montagne magique". Lui que rien ne pouvait détourner de ses études (pas même parfois le sentiment fugace de leur vanité, pas même Hélène au cœur accueillant), se trouve confronté – face à un paysage totalement inhumain – à un savoir nouveau. La fréquentation de ses frères... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Voilà une première oeuvre de jeunesse de celui qui deviendra un immense écrivain , témoin douloureux de son temps .
Très vite je retrouve cette prose poétique fougueuse , qui m'avait emportée dans son sillage avec Les hauts-quartiers , Baleine , La plage de Scheveningen!

Crayon en mains , je m'engouffre dans cette veine littéraire avec une avidité difficilement contenue . le livre est gros , chouette alors , j'ai de la réserve donc .

Et c'est sur les pas de Simon que je vais remonter un long chemin initiatique qui , ô délice pour la montagnarde en sommeil que je suis , me conduira dans les Alpes .
Un sanatorium en pleine montagne où Simon restera un cycle , un an , le UN dans sa grande unité .
Parce que la grande Sorbonne et ses perspectives semblent anéanties suite à la tuberculose qu'on vient de lui diagnostiquer ,
Parce que c'est un être en quête de sens et qu'il sent une part manquante dans son chemin tracé jusqu'ici dans la voie intellectuelle : Une centaine de pages d'ailleurs en guise de prologue peuvent décourager les lecteurs les moins motivés ...Paul Gadenne nous dresse une satire décapante du milieu universitaire de l'époque ....Cette description minutieuse et sans fin est à la mesure de l'ennui poussiéreux et oppressant de cette intelligentsia en dehors des réalités .
Simon trouvera enfin La voie , le sentier caché , le chemin , L'unité au contact de mère Nature dans sa forme la plus puissante en écho à sa soif d'absolu . Mais parce que l'être humain a besoin de passer par l'affect et la relation avec l'Autre , c'est par Ariane ( On ne s'étonnera pas du prénom ) , Minnie ,Jérôme et les autres que sa transformation intérieure se fera ....
Ariane , figure presque irrélle et évanescente au départ et qui prendra corps au fil du temps , peut-être trop ....Car celle ci ne peut que rester une transcendance aux yeux de Simon qui préfère son absence à sa présence à ses côtés .(si si je vous assure . )
Minnie , l'incarnation du mal et de la tentation , du grand péché qui , par sa présence , saura renforcer sa détermination sur le chemin opposé , vers le plus haut de cieux ....(là encore je vous assure )

Citation :
«C'est qu'il existe parmi les fautes des fautes qui occupent une place à part; qui, au lieu d'obscurcir la conscience, l'éclairent et jettent sur le coeur une clarté d'évidence dont peut profiter la conduite. Simon ne pouvait plus en douter : Minnie appelait Ariane, comme la maladie appelle la santé, comme le doute appelle la certitude, comme la nuit appelle le jour.»

Mais aussi Jérome , le grand témoin silencieux , son pinceau à la main . Peut-être le plus bavard pourtant dans la profondeur de son silence , il suffit de savoir entendre le silence ...semble nous dire Paul Gadenne .
Entendre , voir , sentir , c'est par les sens que Simon poursuit son long chemin initiatique . Dialoguant désormais avec les forces vives de cette nature , tout au long de ses promenades en compagnie d'Ariane , presque irréelle et se fondant avec la blancheur de ce décor pur et cristallin , une sorte d'entité en dehors de la vie qui guidera Simon jusqu'à la guérison ...De l'âme .

Bon , il est bien évident que nous pensons tous à La montagne magique ( tiens il faudrait que je le reprenne . En voilà un qui m'est tombé des mains au bout de 100 pages ) .
Mais je n'ai pas été du tout surprise d'apprendre qu'il était un grand admirateur de Giono ! Son écriture d'emblée m'a permise d'établir cet étrange parallèle à priori. Dans cette idéalisation de la nature , ce souffle mystique lyrique impressionnant , cette imagination tentaculaire ouvrant les portes à une vision quasi onirique .


A part que .....
Crayon en mains ....j'ai fini par m'essouffler ! Et chouette alors il ne reste plus que 100 pages .
A vouloir trop embrasser , mal étreint . Les thèmes sont ceux qui appartiennent à l'essentiel , nous sommes dans un incessant questionnement philosophique , sans relâche . Chaque phrase remet en cause la précédente . le grande doute et la remise en question de chaque acte ou pensée .Et tout cela dans une ferveur mystique qui donne envie . Ou qui éloigne .
Péché de jeunesse ? Probablement ..... Mais je crois que ça restera malgré tout une de ses grandes caractéristiques : il s'emballe , s'enflamme ....Euh ....s'étale ? Oui ! Certes avec un indéniable talent , son écriture le range parmi les plus grands , ceux qui appartiennent aux "Classiques " .
Mais est-il sévère de percevoir une certaine forme de complaisance dans ce long roman en prose poétique qui , à vouloir trop exalter , finit par nous lasser .
Bon . A part ça ?
Lisez Paul Gadenne . Parce que quand même je l'adore .
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Jusqu'à maintenant, le moins bon Gadenne que j'ai lu. Certes il y a toujours cette phrase unique, reconnaissable, et d'une intelligence fulgurante. Cependant, je trouve dans cette ouvrage une certaine dose de romantisme qui est complètement absente des autres que j'ai pu lire et que je ne trouve pas très heureuse. Cela vient sans doute du personnage principal, qui est un cérébral, mais c'est vrai que certains des dialogues qu'il tient avec son amoureuse m'ont presque porté à rire tant ils étaient abstraits. Ce qui me déplaît, aussi, c'est ce constant retour sur les descriptions de montagne, qui certes sont faits avec maestria, mais donnent beaucoup de lourdeur au propos. Par bien des points, et je ne suis pas le premier à le souligner, ce livre fait penser à la Montagne Magique de Thomas Mann. Attention, cela reste de très haut niveau, mais moindre par exemple que le Vent Noir ou la Plage de Scheveningen. Les thématiques chères à Paul Gadenne sont bien là. J'ai beaucoup aimé quelques éléments secondaires du livre, comme la transfiguration de Pondorge en orateur génial et incompris ainsi que la satyre du milieu universitaire, en entrée. Avec Gadenne, on est bien souvent dans la perte de l'être aimé, et cet ouvrage ne fait pas exception.
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Livre majestueux de Gadenne

http://www.denecessitevertu.fr/
Lien : http://www.denecessitevertu...
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critiques presse (1)
Actualitte
03 avril 2017
On y sent une belle facilité de plume, une grande subtilité psychologique, une forte inquiétude métaphysique, mais les personnages restent abstraits.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Alors, au milieu de ce silence, sous le rayonnement du soleil qui, dès le début de l'après-midi, commençait à décliner, venaient des heures d'une vertu inespérée où la terre émettait autant de lumière que le ciel. Les rayons émanant de ces deux sources divergentes se croisaient autour de chaque objet et Simon, la tête renversée sur ses coussins, pouvait suivre sur le plafond les changements qui s'accomplissaient dans le scintillement du sol. Il croyait avoir changé le monde. Car non seulement les objets mais ses pensées même, répondant à cette exigence de lucidité qui voulait que toute ombre fut en même temps rayon, et qui faisait s'évanouir les antinomies les plus familières, s'érigeaient dans une pureté glaciale au milieu de ce désert de clarté, sous les feux conjugués de deux soleils ; et à la faveur de cette clarté presque miraculeuse, Simon ne se lassait plus de regarder en lui, car les visions qui se levaient sur les coudes translucides de l'âme avaient la noblesse qui devait rayonner autour des créatures premières.
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Autour de cet espace silencieux, le ciel fourmillait de présences. Il n'y avait de vie et de mouvement qu'en lui, car la terre semblait avoir cessé de respirer et le torrent, à demi figé, ne faisait plus qu'un bruit menu au fond de la nuit. Le paysage était calme, cruel, étranger à tout. Mais, à sa surface, une clarté insolite était répandue. La lune, jaune, dilatée, parvenue à son éclosion suprême, régnait sur toute la pureté de l'hiver et doublait de sa lueur satinée la blancheur qui émanait du sol. Du côté d'Orcières, la grande muraille érigeait contre la nuit, à une hauteur inattendue, ses parois luisantes sur lesquelles la lune s'appuyait sourdement...
Pour la seconde fois de la journée, Simon eut conscience de se trouver sous la domination d'un monde qui l'attirait invinciblement vers le haut, l'obligeant à quitter la terre et à dépouiller tout ce que ses sentiments pouvaient avoir de trop humain.
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Dès son réveil, il tendait l'oreille vers la fenêtre et s'appliquait à isoler, sur le fond des murmures qui régnaient dans la maison, une rumeur grave et autoritaire à laquelle il sentait qu'un bonheur mystérieux était lié. Complètement allongé sous ses draps, les pieds touchant aux barreaux du lit, le corps étiré, la tête renversée, les reins posées sur la charnière même de l'univers, immobile, il se laissait remplir par cette clameur sauvage, par ce grondement qui s'emparait du ciel et se soumettait à tous les silences, par cette parole surhumaine qui parlait pour toute la nature et racontait la terre, depuis le chaos. C'était une parole qui, à des moments, se heurtait à un arbre, à un rocher et les entraînait. Cette parole-là tombait du ciel, elle coupait en deux la montagne et sonnait contre le granit. Elle avait de grands espaces de rochers, de terre, de prairie à parcourir. Elle retentissait au dessus des temps. Alors, parfois, sachant que cette parole avait pénétré son sommeil et que, le voulût-il ou non, il l'avait toute la nuit recueillie en lui, comme si elle avait coulé le long de sa chair, il se levait en hâte, se précipitait jusqu'au balcon et se mettait à scruter le brouillard, à la recherche du torrent-de ce chant qui retentissait, là-bas, sculptant la terre et recomposant chaque matin la figure du monde.
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"Le bonheur, c'est quand on n'attend plus, quand l'espoir ni l'anxiété n'ont plus de sens, quand il n'y a rien de ce qui pourrait être qui soit supérieur à ce qui est. Et ce bonheur-là contenait plus que le bonheur : car il ne faisait que rentrer dans cette paix qui vient du sentiment d'un accord intime avec le monde."
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-Ce que l'on comprend mal, disait Pondorge, c'est qu'il n'y a pas que des règles de contrainte; il y a aussi des règles d'exhaussement, des règles qui aident à plus, à mieux vivre. Voilà ma théorie ! Les êtres positifs, eh bien, c'est ceux pour qui la règle est la condition même et le climat de leur liberté, d'une liberté toujours plus haute. Ah ah, fit-il en lançant soudain à Simon un regard plus aigu, mes opinions vous paraissent un peu roides, n'est-ce pas, un peu démodées ? Mais quoi, s'exclama-t-il en prenant sa figure la plus lunaire, la plus catastrophique, c'est quand on a misé sa vie sur quelque chose qu'on peut commencer à s'élever au dessus d'elle...
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Video de Paul Gadenne (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Paul Gadenne
Marie, photographe, lit "Baleine" de Paul Gadenne (Éditions Actes Sud, 2005) Dans le cadre de "A vous de lire !" © Des auteurs aux lecteurs, 2010
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