Une compilation de quatre fascicules qui composaient une mini-série mettant en scène l'étonnant tisseur en rouge et bleu et les quatre fantastiques.
Ce premier gros morceau (je reviendrai sur lui plus tard) est suivi de deux épisodes d'une chose qui a très, très, très mal vieillie et qui suscite peu d'intérêt ou alors simplement pour voir toute la différence qui existe entre notre époque (mettons les vingt dernières années) et celle-ci aux dialogues insipides, à la médiocrité des sentiments exprimés, dignes des pires romans-photo de la fin des années soixante, au dessin d'une banalité assommante : les "artistes" copient, miment, reprennent, sont englués, dans des effets mis au point par les Jack Kirbi et autre
John Buscema et n'en sortent pas, incapables qu'ils sont de se rendre compte que la pauvreté de leur imitation fait fuir le lecteur. Elle est peut-être là cette bande dessinée mécanique qui serait l'image en symétrie de l'écriture mécanique dont parle
Edith Wharton. Ces quelques pages comparées à la première partie du livre permettent de se rendre compte de l'évolution phénoménale des comics américains en trente ou quarante ans.
Quoique... En fait d'évolution on devrait plutôt décrire cela comme un creux dans la vague "créative" des comics Marvel pendant les années 70 et 80. Ici, il saute aux yeux si on a le souvenir du style si particulier de
Steve Ditko, de la fantaisie et l'invention avec lesquelles il animait les premières aventures de Spider-Man. Dans celles-là, il y a un scénariste, trois dessinateurs, des encreurs, des coloristes et tout ce monde s'est réuni pour obtenir un résultat d'un
e telle pauvreté que c'est à douter de la valeur du travail d'équipe.
Reste la première partie, plus intéressante quoique dans la même veine, celle du manque d'inspiration, si je peux dire puisqu'il s'agit de rentabiliser des "entre-deux", des interstices entre deux histoires anciennes de la continuité Marvel. Alors c'est bien fait, c'est plutôt bien écrit mais ça manque cruellement d'invention et les sauts entre les histoires ne sont pas si anodins que cela et ce n'est pas le fil rouge plutôt tiré par les cheveux (un faux Fatalis, voyageur du temps, qui voudrait être le vrai) qui rattrape le vide et l'inconsistance qui lie ou ne lie pas les quatre épisodes. Les dessins sont très bien, ceci dit. Excellents même, heureusement, on a au moins la satisfaction de l'oeil mais on finit dans un flot de sentimentalisme familial (j'allais dire "cucu la praline" mais je crois que l'expression est passée de mode)... Je reste sur l'impression qu'il n'y a plus rien à raconter et qu'on écume les fonds de tiroir.