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Critique de La-page-qui-marque


Lors de la rentrée littéraire de 2020, un roman m'avait particulièrement marqué. le livre de Mireille Gagné, le lièvre d'Amérique, m'a complètement surprise et réjouie. Après avoir traité de notre animalité, l'autrice explore notre lien avec le végétal. Je me suis promené dans ce texte énigmatique, où le flou est maintenu sur la nature du narrateur, avec délice.

Une femme se métamorphose en arbre. Progressivement le végétal s'empare de son corps. L'écorce se durcit, les bourgeons éclosent et les branches se tendent vers le ciel. Les considérations médicales et arboricoles se mêlent. La narratrice observe ses transformations, se détache progressivement des soucis humains pour se fondre dans le végétal.

Composé de courts paragraphes, le texte joue avec les codes. Entre poésie et récit, entre texte écologique et fantastique, Mireille Gagné nous plonge dans une ambiance singulière où des odeurs de mousses humides et de bois morts nous montent aux narines. Elle nous propose une anthropomorphisme végétal saisissant qui dit à la fois l'urgence écologique et la condition féminine. L'arbre-femme est rongée par des parasites multiple, soumise à la volonté des hommes et de leur hache. Forte par la rudesse de son tronc mais néanmoins vulnérable par son immobilisme, elle prend conscience de son ambivalence face à la finitude. Plane sur le roman l'angoisse de la déchéance, du déclin. Alors que court sur elle des champignons et des maladies végétales, le narratrice se demande comment pourrait se soigner, comment lutter avec des armes inégales.

L'écriture fragmentaire fonctionne comme les pensées de la narratrice qui se bousculent dans sa tête. Des images, des angoisses et des fragments de vie se mêlent les uns aux autres tel des rhizomes. Au fil du roman, le corps se délite, les branches se brisent mais l'espoir demeure toujours présent. Dans le bourgeon qui renaît ou la mésange qui se pose sur une branche, subsiste l'élan vital. Souffle immortel, volonté farouche, au sein du végétal la vie subsiste. Je me suis laissée porter par ce texte organique, j'ai été surprise par sa force et l'impact qu'il a eu sur moi. Par ses mots d'une grande poésie, par l'univers mystérieux qu'elle déploie autour de nous, Mireille Gagné nous propose une expérience saisissante. le lecteur plonge dans ce qu'il y a de plus intimiste au sein de l'arbre et fait l'expérience improbable et unique du végétale.
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