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Critique de Stockard


♫ Alone, bodies confused, memories misused, as we run from the day to a strange night of stone ♪


On a pas mal parlé des "filles" de Manson lors de la dernière rentrée littéraire avec "The Girls" d'Emma Cline et "California Girls" de Simon Liberati, explorons maintenant le côté masculin de la secte, pardon, de la famille, grâce à ce livre de Fabrice Gaignault enfanté après moult échanges de mails, coups de fil et autres rencontres avec ceux qui se sont frottés à la côté ouest de années 70 – et pas des moindres (je retiendrai pour ma part Peter Albin ♫ ) les "vieux freaks persévérants coûte que coûte à gratter là où ils pouvaient, de petits bars en micro salles, de concerts revival en réunions clairsemés de vieux hippies". Ces vieux de la vieille nous dépeignent un portrait si captivant de cette époque glorieuse qu'on en chialerait presque de pas l'avoir vécue.

Presque, parce que non, tout ne fut pas arc-en-ciel sur la côte Californienne dans les jeunes années 70 avec entre autre le côté négatif, l'envers du décor, le jumeau maléfique : Charles Manson et son petit troupeau d'admirateurs, ou plutôt les frères et soeurs de cette grande famille comme ils aimaient à se faire appeler. Dans cet arbre généalogique géant, une gueule d'ange : Bobby Beausoleil. Bien qu'il nie avoir appartenu au noyau dur, parlant de Manson comme d'une connaissance plutôt que de son gourou – et pour peu qu'on s'en réfère à l'exploit le plus médiatico-macabre de la famille Manson, à savoir le massacre de Sharon Tate et de ses amis, en effet Beausoleil n'en était pas, ayant lui-même tué son colocataire (et autre membre de la famille si on s'en rapporte au livre de Vincent Bugliosi) deux jours plus tôt, il avait pris un peu d'avance sur un long long long séjour à l'ombre.
Revenons-en aux faits et sans entrer dans les détails : Bobby Beausoleil poignarde Gary Hinman pour une supposée histoire de mescaline trafiquée, arrestation, procès et le voilà qui écope de la peine capitale quand finalement l'état de Californie dans lequel il attend sa petite bouffée de gaz pur abolit la peine de mort, il voit donc sa peine commuée en prison à vie (ça dans un film, on aurait hurlé au scandale de la grosse-ficelle-on-nous-prend-vraiment-pour-des-concombres !)
Alors, appartenance à la Famille ou non ? Qu'importe, 48 ans après les faits et qu'il le veuille ou non, Beausoleil reste lié à Charles Manson comme un beatnik à ses sandalettes et l'ombre du soi-disant gourou plane sans le moindre doute au-dessus de ses déjà dix-sept refus de liberté conditionnelle.

Bon ça c'était surtout pour situer les faits d'armes du personnage, mais le livre de Fabrice Gaignault va bien au-delà du simple récit linéaire d'un finalement banal et bête règlement de comptes entre drogués dont sont bourrés ad nauseam la rubrique des chiens écrasés. Non l'auteur, ce qu'il fait (et c'est tout le sel du livre) c'est qu'il entremêle de façon bien foutue et intelligente sa vie avec celle de Beausoleil, du rock'n roll et d'un road trip californien sur les traces des furieuses années qui ont suivi le malheureusement trop souvent tombé dans les oubliettes Summer of Love. On couche dans des motels un peu minables avec lui, on est à la place du mort quand il est sur les routes et on essaye de pas se faire remarquer quand il rencontre ceux qui ont fait des années 70 l'image culturelle qu'on en a aujourd'hui.

Pas un livre marrant de par son sujet, rien de festif ni de glorieux dans le foirage total et les mauvais choix à répétitions de Bobby Beausoleil et pourtant... On ferme ce livre avec une seule idée en tête, poser "Grievous Angel" sur la platine et se dire que malgré les Manson, Beausoleil et autres Leslie van Houten, la Californie des seventies, ça a dû être 'achement bath !
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