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Critique de karenbzh


Le Folklore obscène des enfants est une étude écrite par Claude Gaignebet, ethnologue, folkloriste français et enseignant-chercheur.
Cette étude s'intéresse aux différents supports du folklore "obscène" enfantin et surtout à la tradition orale, il se divise en 3 parties :
Le folklore enfantin du pet (la partie la plus importante de l'ouvrage), L'origine des contes enfantins et Les grands thèmes du folklore obscène enfantin. L'auteur nous y détaille des contes, jeux mimés, comptines, chansons... et tente de les expliquer. Dans cet ouvrage, Claude Gaignebet cherche à montrer que les contes et comptines pour enfants, contrairement aux idées reçues, ne sont pas sans intérêt et qu'il s'agit là d'un sujet d'étude tout à fait sérieux. Dans sa longue partie sur le pet, il se demande pourquoi le pet est si tabou dans nos sociétés à l'inverse des autres « vents ». La période de cette recherche est vaste, allant du Moyen Age jusqu'à nos jours. On s'aperçoit qu'un certain nombre de ces folklores ont bien survécu depuis le Moyen Age. Il analyse chaque comptine ou conte de manière littéraire, historique ou encore hagiographique. Claude Gaignebet, n'étant pas psychanalyste s'est refusé à effectuer une étude psychanalytique, préférant mettre en avant l'aspect historique, littéraire et ethnologique de cette tradition orale enfantine. Au lieu de cela, la thématique ethnologique utilisée nous apprend énormément sur notre culture à propos de sujets tabous que nous n'aurions pas forcément l'idée d'aborder. Nous sommes surpris d'apprendre par exemple que le pet fait partie intégrante du folklore français. Ce « vent » a été considéré pendant des siècles comme une des formes de l'âme par les confréries de « conards » et autres confréries de « fous ». Les enfants, en imitant les jeux des carnavals et de mardi gras de ces confréries les ont transporté inconsciemment dans leur propre folklore. C'est ainsi que l'on retrouve dans les jeux enfantins des jeux tels que Pet en gueule ou encore des concours de pets ; paradoxalement, ces jeux étaient considérés par ces confréries comme très spirituels. On s'aperçoit donc qu'une très grande partie du folklore enfantin est tirée du folklore obscène adulte, qui au fil des siècles s'est modifié et simplifié pour finalement perdre son sens originel et entrer définitivement dans le folklore enfantin. Il y a toute une étrange tradition entre le pet et la mort. le pet serait un signe précurseur de catastrophe ou directement de mort. Au Moyen Age, on croyait que l'âme des pendus échappait au diable, puisque comprimée elle descendait en bas et que le diable n'avait pas l'idée d'aller la chercher en cet endroit. A l'inverse, certains récits folkloriques voient le pet comme créateur : «Naissance de Monsieur Pet et de Mme Vesse». Nous allons de surprise en surprise lorsque nous nous apercevons que certains jeux de récréation pouvant paraître tout à fait innocents ont en réalité des origines obscènes : le jeu mimé «Le jeu de la mourre», appelé aujourd'hui par les enfants «Pierre feuille ciseaux» est rempli de gestes obscènes comme le poing fermé (agressif) représentant le phallus, les ciseaux (agressif) la castration et le puits représentant un geste obscène vaginal ou anal. Plus surprenant encore, on s'aperçoit que le jeu d'attraper le nez d'un enfant est en réalité une forme atténuée d'un jeu castratoire. La religion, elle non plus n'est pas épargnée par cette littérature obscène. Parmi les grands thèmes de ce folkore, on retrouve des histoires et chansons de nature scatologique très largement. La scatophagie y est très souvent représentée, on n'hésite pas à raconter aux mauvais mangeurs des histoires d'enfants gâtés à qui on finit par faire manger leurs excréments. La castration également est très répandue dans ce folklore, elle peut être le fait d'un animal, d'un enfant ou d'un adulte à l'aide d'un couteau parfois suivie de manducation comme le cas de la saucisse-phallus avec Toto. La plupart de ces textes ou chansons paillardes se retrouvent d'une région à l'autre sur l'ensemble du territoire français (voire même au-delà) avec des modifications selon les patois ou par déformation. Pour les héros, on retrouve très largement Toto ou Cafougnette, jeunes garçons malins, trompeurs parfois trompés, maladroits, accumulant lapsus et quiproquos souvent invraisemblables (mais cette invraisemblance ne semble pas être relevée par les enfants). Leur langage, vulgaire, est bien souvent axé sur la sexualité et la scatologie.

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