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EAN : 9782823618167
480 pages
Editions de l'Olivier (06/05/2021)
3.21/5   12 notes
Résumé :
"Je traînais mon ennui et ma peine le long de la côte catalane. Tout a changé le jour où je suis tombé sur Kepler, Natsumi, le Rintintin et Denise. Ces quatre-là s'enrichissaient en s'amusant. Ils vivaient cachés dans leur repaire de Cadaqués ou sur leur bateau de contrebandiers, par esprit de fronde, pour continuer les jeux de l'enfance. L'important, disaient-ils, est de bien faire la nuance entre s'affranchir de la loi et enfreindre la loi."

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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un fascinant chef-d'oeuvre de manipulation du lecteur à travers le narrateur, d'hommage au second degré et de magie profonde des faux-semblants et des miroirs aux alouettes. L'aventure, est-ce l'aventure ?

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/07/26/note-de-lecture-actions-speciales-jean-hubert-gailliot/

Sept ans plus tard, paraissant chez L'Olivier en mai 2021, « Actions spéciales » serait, de l'aveu même de l'auteur à Florence Bouchy, du Monde, dont la belle chronique est à lire ici, « comme une espèce de purge, pour écrire dans le pur plaisir de laisser aller son imagination, sans point d'appui culturel ni références littéraires explicites ». On se permettra ici, très franchement, d'en douter. Joie du récit et plaisir de la narration, indéniablement (et à quel point !). Mais ce n'est pas un fin connaisseur de Robert-Louis Stevenson comme l'est Jean-Hubert Gailliot (ce dont témoigne notamment, sous sa casquette d'éditeur chez Tristram, la superbe nouvelle traduction de « L'Île au trésor », par Jean-Jacques Greif, publiée en 2018) que l'on prendra en flagrant délit de sous-estimer la puissance des substrats conscients et inconscients logés chez la lectrice ou le lecteur. Même lorsqu'il n'est pas directement confié au narrateur la tâche de les évoquer, fût-ce en affectant de les renvoyer à leur statut (précisément) « grand public » ou de « mauvais genre », les références de culture populaire contemporaine fourmillent, de la constitution d'équipe pour un casse sublime, à la Steven Soderbergh de la série « Ocean's » (sans qu'il soit d'ailleurs ici besoin d'envoyer des frères ennemis aux penchants zapatistes dans une maquiladora mexicaine pour résoudre un problème de dés), aux plus notables scènes de casino, où les smokings de Sean Connery, Roger Moore ou Daniel Craig, par la grâce (aux limites de la farce) imaginée par Ian Fleming et par les nombreux réalisateurs qui s'en sont inspiré, peuvent hanter librement chaque élément de décor. Charles Leavitt, pour son scénario de « Blood Diamond » bien entendu (et on oubliera subrepticement de commenter au passage l'accent rhodésien de Leonardo DiCaprio), comme John le Carré, pour « La constance du jardinier » sont explicitement, et fort logiquement, convoqués à la barre des grands témoins. C'est pourtant sans doute du côté d'aventuriers littéraires un peu plus anciens que l'on peut chercher la véritable résonance (et certaines clés secrètes d'un code éventuel) avec « Actions spéciales ». le Graham Greene de « La Puissance et la Gloire », du « Troisième homme » ou de « Notre agent à La Havane », davantage encore que le mécanicien de génie ayant enfanté George Smiley, inscrit avec une suprême élégance l'esthétique et l'éthique au centre des préoccupations du monde du renseignement (et de la « non-stricte-légalité »), tandis que le Joseph Conrad de « La rescousse » (sans parler de celui de « Au coeur des ténèbres » et de sa sublime instrumentalisation d'une mythologie africaine pour Occidentaux), en créant le personnage de Tom Lingard, le commandant du « plus beau brick » d'Indonésie, constitue la matrice presque pure de l'aventurier intrépide, chevaleresque, pragmatique et néanmoins élégant en toutes circonstances.

Magnifié par le dessin et les portraits de protagonistes confiés à Sébastien Verdier, qui accentuent joliment cette projection des années 1950 dans les années 2020, « Actions spéciales », tout en faux-semblants inscrits au coeur de ses scènes trompeusement simples d'action et de beauté, agite savamment sa main droite pour mieux nous dissimuler ce que fait sa main gauche (et ce ne sont ni le Christopher Priest du « Prestige » ni la Nina Allan de « Complications » qui nous contrediraient ici). Jean-Hubert Gailliot, avec un art d'autant plus manifeste qu'il apparaît comme plus libre, arrive au chef d'oeuvre en nous donnant férocement envie de croire, nous aussi, avec l'agent Kujan, que l'insignifiant Verbal Kint aurait bien été recruté par Keyser Söze (qui que soit celui-ci) uniquement pour qu'il y ait un narrateur disponible, pour nous, lorsque tout aura été consommé.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Il y a le narrateur et la bande des quatre. Des contrebandiers amusants, cultivés, joueurs. Je mise sur un voyage agréable. Je dépose une plaque trois étoiles sur le tapis en pressentant mieux. L'écriture est légère, élégante, aventurière. Un vrai livre de vacances. Je propose une critique en quelques épisodes, diffusés entre les grivèleries. Mais si ce n'était pas qu'un jeu, plutôt un essai d'art nouveau de vivre. Je vois déjà Arsène L. rôder dans les parages.
Je suis sous le charme, j'ajoute une étoile. Et je ne suis qu'à la page 82.
Paris insensés à grosses coupures, bribes d'histoire de vie des quatre fondeurs, le récit prend ses aises. Ils ont du style, capables de nager à perte de vue, de descendre de grands bourgogne, de musarder à la terrasse d'un palace vendu aux Russes. le mystère demeure sur les véritables intentions d'un quatuor toujours preneur de variations inattendues. le narrateur les admire et essaye d'endosser leurs habits stylés. Page 159. Il y en a 460, que du bonheur.
Page 231, arnaque sur trois fronts. Quelle énergie désinvolte.
"Préparatifs de croisière", c'est le titre du chapitre. Chaque chapitre a un titre, ce qui ajoute au charme de cette aventure qui continue à me plaire. Je reviendrai une dernière fois au dénouement, proche d'une bonne centaine de pages.
Les jeux sont faits, le lecteur défait. L'auteur garde la main jusqu'au bout renversant et frustrant. Il se perd parfois dans des circonvolutions, prélude à une action qui se fait attendre, nous persuadant que l'essentiel est ailleurs. Intrigant jusqu'à la jouissance.
Lien : http://cinemoitheque.eklablo..
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j'ai été désarçonné par ce choix narratif. L'auteur nous embarque dans des aventures échevelées vécues par des personnages caricaturaux.C'est une BD sans images. En cela le choix de l'illustration de couverture est pertinent : dessin couleur de l école de la ligne claire belge ( cf Tintin ) . Bon très bien , en lecteur de bonne volonté j'accepte ce parti pris. Hélas, après m'être endormi deux soirs sur le récit j'ai du jeter l'éponge le troisième jour. Pourtant j'avais l'impression de rater quelque chose. Pour dissiper mes doutes j'ai écouté l'interview de jean Hubert Gaillion sur France Culture ( podcast de par les temps qui courent ) puis j'ai reposé le livre sur l'étagère…
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critiques presse (1)
SudOuestPresse
25 mai 2021
La jeunesse, le panache, le sens aigu de la liberté traversent le dernier roman de l’écrivain et éditeur qui suit la route de quatre « outsiders » très discrets, au large de Cadaqués.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
La palme revenait à Denise. Loin de la folie instantanée du Rintintin ou des flèches pince-sans-rire décochées par Kepler, son imagination comique à rebondissements, dès qu’elle était lancée, n’avait plus de limites. Mieux valait ne pas lui fournir de prétexte car on ne savait jamais ce qu’elle avait en vue. Elle créait des situations et avait l’art de tendre des pièges dans lesquels, une fois tombé, il était difficile de ne pas s’enferrer. J’en avais déjà fait l’expérience chez Mas, pour mon bien, et avec un résultat moins glorieux dans l’affaire Trois-Pattes.
Effervescents, et cependant pleins de sollicitude les uns envers les autres, c’était comme s’ils se connaissaient de la veille. Ils donnaient l’impression de s’être rencontrés sur le pavé d’un trottoir, derniers survivants au lendemain d’une fête, qui auraient décidé de passer le reste de la journée ensemble. Ils n’étaient pas rentrés chez eux, ils n’étaient pas retournés se coucher, laissant ce moment se dérouler comme un jour sans fin. L’ennui, la familiarité n’avaient pas eu le temps de prendre le pas sur l’amusement, leur plaisir demeuré intact de cavaler à travers les années en tenue de cocktail. La panne de voiture sur la route de montagne déserte n’avait été qu’une péripétie de plus, insuffisante pour gâcher la bonne humeur générale, l’augmentant au contraire. Cette désinvolture, que j’avais perçue une semaine plus tôt en m’arrêtant à l’ancien poste de douane, était ce qui m’avait permis de devenir si vite l’un des leurs. J’étais la conséquence d’un problème de durite, pourquoi ne pas m’adopter ?
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Depuis deux semaines que nous partagions la même cabine, chaque soir nous attendions le moment de reprendre cette conversation, qui nous tenait éveillés sur nos couchettes jumelles, dans ces transats, quand la flemme, la fatigue, notre légère ivresse et le doux balancement du Sécession nous dissuadaient d'accomplir le moindre effort supplémentaire. On était bien. Le Rintintin avait toujours un tas de questions à poser et d'histoires à raconter, il était doué pour repousser l'heure de s'endormir.
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Le hangar, comme ils l’appelaient, était un atelier de mécanique désaffecté, situé au fond d’une ruelle, en retrait de la plage. De l’extérieur, c’était bien un hangar. Passé la porte de métal coulissante, avec d’un côté l’emplacement pour la voiture et de l’autre leurs motos, des canots pneumatiques et un établi encombré d’outils, on franchissait le seuil d’un appartement en duplex, aussi remarquable par la simplicité de sa conception que par l’ambiance de calme et de netteté qui s’en dégageait. Les parties communes se trouvaient au rez-de-chaussée, les chambres à l’étage, disposées autour d’une galerie donnant sur un puits de jour. Aussitôt j’ai pensé que j’aurais aimé habiter un lieu comme celui-là, avec des gens comme eux, si l’occasion m’en avait été offerte.
Elle le fut le soir même, après notre premier dîner.
La conversation s’était prolongée à la terrasse d’un bar, au bord de l’eau, où on servait des mojitos. Nous y étions encore attablés à minuit, 1 heure, 2 heures du matin. Ils paraissaient infatigables, le rhum et leur récit de l’acquisition rocambolesque du hangar, vingt ans auparavant, me tournaient la tête. Ils proposaient de me retenir pour la nuit, ou plus longtemps, si je le désirais.
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Je manquais de vocabulaire, il m'arrivait de peiner sur certains articles à cause de leur longueur, pourtant j'ai continué à piocher un peu chaque jour sur ces rayonnages, pour le plaisir de déranger l'alignement des magazines en tirant le coin supérieur de leur reliure à bord jaune, et poussé par l'intuition qu'avec National Geographic, même dans un numéro très ancien, il y aurait toujours un secret à découvrir.
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Ils donnaient l'impression de s'être rencontrés sur la pavé d'un trottoir, derniers survivants au lendemain d'une fête, qui auraient décidé de passer le reste de la journée ensemble. Ils n'étaient pas rentrés chez eux, ils n'étaient pas retournés se coucher laissant ce moment se dérouler comme un jour sans fin.
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