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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Encore un roman. Dernier Amour. Beau et tendre à la fois. Un couple séparé. Certes quelques beaux restes, ils s'aimaient pourtant. Oui mais la mort inéluctable. Surtout ne pas la voir au travers des yeux de l'être aimé. "Il y aura encore des jours. Personne ne sait combien. Au moins un. Celui-ci. Un autre nouvel aujourd'hui. Il commençait. Etait commencé. Déjà bien entamé. Il était onze heures du matin. L'heure la plus lumineuse. La plus douce, la plus agréable quand il fait beau. Il faisait beau." p.90 Encore une critique.

J'avais vraiment aimé Un soir au club. Je crois avoir préféré celui-ci. Qui vient le compléter. En quelque sorte car ce n'est pas une suite. Mais quel plaisir de retrouver par hasard Simon et Debbie. Bien des années plus tard. Ce n'est plus le feu ravageur de la passion. Enfin ils sont mariés. Ont un club. Lui joue du piano. Elle chante. Belle surprise de les retrouver ainsi à la fin du périple de Paul. Quel bonheur d'avoir suivi le conseil avisé de les lire dans cet ordre.

Mais ce récit est bien celui de la vie de Paul Cédrat. le flop de son quatuor à cordes. L'interruption par les huées lors de sa première à Zurich. Il est déjà au-delà. Avec Christian Gailly tout se devine. Se révèle peu à peu. La montée dans l'ascenseur du Grand hôtel international avec une jeune femme aux yeux injectés de sang. Susurre à mon subconscient Ascenseur pour l'échafaud. Puis vient la confirmation : deux ou trois jours. Sauf erreur médicale. Dans un sens comme dans l'autre. L'auteur assume la narration, parfois hors champ. Forte impression de cinéma. Et comme Hitchcock vous le reconnaîtrez peut-être. Très furtivement.

Les thèmes se répètent et d'avoir lu l'un avant l'autre se font échos à distance. Sur des rythmes différents ils font vibrer les mêmes cordes. Sensibles tout autant. Les mêmes thèmes d'autres temps.
Désormais hors propos le swing. Et même le vibrato. Les mêmes images. Un homme marche en tenue de ville sur une plage poussé par le destin. Un peu hagard mais très digne. Une curiosité.

Debbie s'installe toujours en bout de plage. A droite là où commencent à s'amonceler les rochers. Elle nage. "Elle fait partie de ces femmes qui s'en vont loin nager longtemps. Elle est mince, grande, elle ruisselle. Athlétique, non, pas spécialement." p.65
Et les souvenirs s'ajoutent aux souvenirs. de loin en loin les ricochets ont laissés des traces à la surface de l'eau. Autrement paisible. Et je finis par entendre tout là-bas ... La Fanette.
"Faut dire qu'on ne nous apprend pas
Mais parlons d'autre chose." (*)

Tout le monde n'aimera pas. C'est certain. Voilà pourquoi : " le quatuor de Paul comprenait six mouvements. Tous très lents. Que des adagios. Une élégie. Une sérénade. Un intermezzo. Un nocturne. Une marche funèbre. Un épilogue." p.15 A moins de le lire dans la douceur d'un début d'automne. C'est si beau. L'automne. Et celui de la vie. Toujours trop courte la vie. Une belle mélodie à la portée de tout un chacun. Que l'on retient. Que l'on voudrait toujours retenir. Encore une petite minute.

Bye bye blackbird.

(*) Jacques Brel
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Quelle joie de retrouver Simon Nardis et Debbie ! Je ne m'y attendais pas. Mais quelle bonne surprise... je ne sais pas pourquoi j'ai eu un flash en lisant ce paragraphe : « entre les deux transats un livre avait été abandonné à même le sol. Mélange de sable et d'herbe rase. Posé comme ça, pas refermé, ouvert et retourné. A en juger par le titre il devait s'agir d'une soirée mémorable dans un night-club. » Là je me dis, ouuuh Monsieur Gailly, je vois qu'on s'amuse bien ! Et j'adore ça ! Et puis voilà que Debbie pointe le bout de son nez, ou plus exactement, elle toque à la porte de Paul pour récupérer son peignoir de bain laissé au bord de la mer...
Et la magie de l'auteur est intacte : « En tout cas ce peignoir est à moi, dit-elle. Et je peux le prouver. J'ai un témoin. Ah bon ? dit Paul. Cause toujours, pensait-il. Tant que tu es là, libre à moi de penser que tu l'es pour moi. D'ailleurs je l'aime déjà. C'est trop tard mais je l'aime déjà. Peu importe pourquoi. Hypersensibilité. Hyper ceci, hyper cela. Coeur hypertrophié. Appelons ça comme on voudra. Ou un sixième sens. Celui de l'urgence. Quoi qu'il en soit. Ça risque de faire mal. C'est sûr. Ça va faire mal. C'est bien simple, j'ai déjà mal. Ne cherche pas à l'éviter. Ce mal-là c'est le plus beau. » Debbie vous faites à nouveau une victime !
J'aime ce style haletant, éprouvant, qui puise au fond des tripes pour dire des vérités essentielles et si simples qu'elles font peur. Cette manière hachée d'écrire est très particulière. Je trouve qu'elle correspond tellement bien à l'état physique et psychique de Paul. Pourquoi je ne parle pas plus du personnage principal, Paul ? C'est difficile parfois quand des sons vibrent trop fort, trop doucement. Alors j'écoute Peggy Lee chanter Bye bye blackbird, et j'entends Debbie fredonner bye bye tout doucement aux oreilles de Paul. J'ai adoré ce court roman, j'ai retrouvé les thèmes qui me plaisaient dans Un soir au club : musique mer mort passion, des histoires contrariées de couples. Et je souffre pour Lucie, « Il est en vie. Merci. »
Une jolie impression de travelling, comme au cinéma dans ce roman. « Pour nous tout à l'heure les hortensias bleus étaient à gauche. Pour elle ils sont à droite. ... de même qu'elle voit à gauche le salon de jardin. le grand parasol écru. Elle voit même le livre abandonné face contre terre entre les deux transats. Elle voit tout ça mais l'émotion. Une crainte confuse. »
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Roman d'une rare sensibilité, Dernier amour de Christian Gailly (romancier dont Un soir au club a obtenu le prix Livre Inter et dont L'incident a été adapté au cinéma) nous livre les derniers jours d'un compositeur connu Paul Cédrat "grand spectre osseux" très élégant (que l'on suppose atteint d'une tumeur au cerveau) qui s'en revient épuisé du Festival d'été de Zurich où sa musique a été huée par un public trop jeune pour la comprendre (ce qu'il va admettre en observant un couple d'ados centrés sur eux-mêmes).
Ayant éloigné son épouse Lucie pour la préserver du spectacle de sa mort, le hasard et le peignoir d'une charmante baigneuse (sur la plage proche de sa propriété des Flots bleus) confondu avec celui de Lucie va l'entraîner (entre vertige et évanouissement) dans une ultime promenade et sublime rencontre musicale sur berceuse et piano-jazz.
Lucie,de son côté, angoissée par son silence téléphonique, tentant de le rejoindre écoutera avec émotion un chauffeur de taxi inconnu et une dernière déclaration d'amour, avant de se laisser aller à la joie de savoir Paul encore vivant.
Des phrases courtes,précises,concises.Un style percutant et très peu de virgules pour montrer l'obligation de Paul Cédrat de se dépécher de vivre encore un peu.Un roman beau et fort, comme une berceuse tendre offerte en cadeau pour apaiser l'angoisse de mort et illuminer un rêve d'amour plausible si...Lucie... "Encore vivace. Très tendre."...
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