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EAN : 9791030701647
674 pages
Au Diable Vauvert (05/10/2017)
  Existe en édition audio
3.77/5   1580 notes
Résumé :
À peine sorti de prison, Ombre rencontre Voyageur, un personnage intrigant. Dieu antique, comme le suggèrent les indices énigmatiques qu'il sème à longueur de temps, fou furieux ou bien simple arnaqueur ? En quoi consiste le travail qu'il propose à Ombre ? En acceptant d'entrer à son service, ce dernier plonge au coeur d'un conflit qui le dépasse, opposant héros mythologiques de l'Ancien Monde et nouvelles idoles profanes de l'Amérique. Mais comment savoir qui tire ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (209) Voir plus Ajouter une critique
3,77

sur 1580 notes
American Gods est dans ma wishlist depuis si longtemps que je craignais un peu de m'y attaquer. Il s'agit tout de même d'un petit pavé et les retours là-dessus semblent divisés, tant sur le roman que sur la série télé (j'ai appris au passage qu'il existe également une adaptation en comics). Et c'est avec la version audio que j'ai fini par me lancer.

Neil Gaiman imagine, dans l'Amérique contemporaine, le conflit entre les anciens dieux en perte de vitesse (Odin, Tchernobog, Kali, Anubis, etc.) et les nouveaux dieux en plein essor (technologie, médias, capitalisme, etc.). le tout est perçu du point de vue d'Ombre, un simple mortel récemment sorti de prison, en deuil de sa femme infidèle, et engagé par l'un des anciens dieux pour lui servir (supposément) de garde du corps.

Voilà qui devrait donner lieu à une histoire bourrée d'action et de multiples rebondissements, non? Eh bien… non. Et mieux vaut ne pas s'y attendre si vous voulez apprécier pleinement ce roman. le rythme est lent, très lent, l'histoire très contemplative, truffée de digressions diverses et de références pointues à des mythologies parfois célèbres, parfois obscures. En fait, ça donne envie de lire avec Wikipédia ouvert en vis-à-vis. Personnellement, ça m'a beaucoup plu, j'adore cette façon d'aborder l'urban fantasy. Mais ça n'est pas pour tout le monde, surtout si vous cherchez plutôt une intrigue haletante.

Aussi, le personnage principal, Ombre, est plutôt passif vis-à-vis des événements qui se déroulent autour de lui – un trait de caractère bien justifié par son état d'esprit, et que j'ai pour ma part beaucoup plus apprécié que bien des héros d'autres oeuvres plus « actifs ». Son flegme est assez agréable à suivre. Toutefois, là encore, c'est quelque chose qui peut rebuter d'autres lecteur·ices.

L'ensemble donne l'impression que Neil Gaiman continue de creuser les thématiques et l'ambiance explorées dans Sandman, au point que je ne serais pas surprise que les deux oeuvres se déroulent dans le même univers. Histoires, dieux et mythologies naissent de l'imagination des mortel·les et de leur foi, et perdurent tant que leurs adeptes leur accorderont les sacrifices nécessaires (qu'il s'agisse du sang, de l'argent ou du temps). La particularité de l'Amérique vient du fait que la plupart de ses habitant·es sont venu·es d'ailleurs avec leurs propres dieux, qu'iels ont ensuite oublié pour en adorer d'autres. Mais l'Amérique n'est pas une terre propice aux dieux, tant aux anciens qu'aux nouveaux : ce n'est pas pour rien que ses habitant·es d'origine ne comptent pas de dieux dans leurs religions…

Neil Gaiman a eu l'idée de ce roman alors que lui-même (anglais) venait de déménager aux États-Unis, et j'ai l'impression que ça paraît dans le regard qu'il porte sur ce pays fondé sur le sang et l'argent : tantôt acéré et implacable, et parfois presque tendre avec certains personnages. (En tout cas, en tant qu'Européenne immigrée sur le continent américain, cet aspect m'a semblé assez frappant).

En résumé, une très chouette lecture d'urban fantasy, bien qu'un cran en-dessous des comics de Sandman et nettement moins accessible que Neverwhere. C'est plutôt ce dernier que je recommanderais si vous voulez vous lancer dans les romans de Neil Gaiman mais que les points mentionnés ci-dessus vous rebutent.
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INTERMINABLE...

Dans un grand bol commun, sélectionnez quelques dizaines de dieux antiques et plus ou moins oubliés, ajoutez un ex-taulard qui regrette ce temps perdu pour une peine méritée mais pour une erreur de parcours qu'il ne refera plus, faites se rencontrer les uns et les autres sans grande logique apparente. Compliquez l'appareil d'une véridique morte-vivante, follement amoureuse du précédent, son époux. N'oubliez pas de sucrer ces éléments de quelques rencontres brèves, inattendues, voyageuses et diversement amusantes. Aspergez d'un intrigant parfum de guerre à venir.
Réservez.

Dans un grand plat usé aux allures d'Etats-Unis - principalement de cette Amérique profonde des coins pommés, des régions à red-necks, des grandes plaines ininterrompues ou d'anciens lieux mystiques de ses premiers habitants humains, les amérindiens, vous ferez frire un Voyageur aux patronymes innombrables (Wotan, Gaut, Odin, "Le père de tout", etc), ayant l'envie d'en découdre avec ces nouveaux "dieux" parfaitement insipides et froids des USA d'aujourd'hui (Technologie, Ville, Monde, Media, etc). Poivrez d'un zeste de ce bon vieux Loki, toujours prompt à porter, surtout par la parole et le mensonge, un peu de chaos dans ce qui semble trop aller de soi. Salez de quelques remarques acerbes et vaguement humoristiques.
Mélangez le tout.
Garnissez de quelques petites historiettes éparses, sans vraies conséquences mais distrayantes, au sein de la trame générale.
Délayez autant que vous le pourrez. Encore un peu plus : allez ! Il faut que la pâte s'étale le plus possible. Comme tout gâteau sans saveur particulière, il faut au moins qu'il gonfle, qu'il attire le regard, qu'il prenne de l'espace...
Faites cuire à feu mou une bonne partie de la cuisson. Servez et avalez de préférence très vite, de crainte de vous perdre dans les méandres indigestes de cette pâtisserie aussi insipide qu'elle était pleine de promesse.
Oubliez.

Sous cet avant-dire sans doute sévère, c'est malheureusement tout ce qu'il restera de cette lecture fastidieuse, longue, décevante. Pourtant, la lecture des cent premières pages était pleine de promesse, malgré déjà, quelques truismes, quelques facilités. Mais l'entame était rythmée, laissant planer de multiples possibles de même qu'autant de mystères à résoudre, à découdre. Hélas, l'ensemble est servi par ce style écoeurant à force d'être invariablement le même pour toute une école littéraire américaine contemporaine, presque tous genres ou sous-genres confondus, ce style appris sur les bancs des universités, efficace sans nul doute, direct, sans fioriture inutile ni syntaxe dérangeante, mais qui tend ainsi à uniformiser toute production pour la niveler, la conforter, la conformer à une médiocrité moyenne, certes lisible par tous mais tellement sans aspérité que cela fini par en devenir désespérément pénible.
Tant que la tension narrative parvenait à faire oublier ce non-style, le compte n'y était sans doute pas, mais le plaisir de suivre ces personnages plus ou moins attachants - C'est le cas, presque unique, de cet Ombre, personnage principal, sorte d'anti-héros issu de cette middle class américaine en perdition et en manque de repère - dans leurs aventures abracadabrantes mais originales et qui parvenaient à faire oublier ce style de roman de gare (encore que dans les anciens mal nommés romans de gare, on trouvait parfois de vrais styles, mais passons).
Seulement, du souffle, il faut en avoir pour tenir ses six cents pages. Sans présumer de ce que Neil Gaiman est capable de produire par ailleurs - que nous ne connaissons pas -, ce roman-ci ressemble plutôt à l'exploit laborieux d'un asthmatique de l'écriture, sur plus des deux tiers de ce pavé, et pour tenir quatre cent pages d'un interminable ennui, il faut, reconnaissons-le, être un peu masochiste et, malgré tout, avoir un sens presque maladif de la curiosité pour poursuivre jusqu'à la fin. Et ce n'est pas en sur-multipliant les rôles, les personnages, les situations que les choses s'arrangent . Pire, protagonistes secondaires et mises en scènes finissent par se ressembler un peu tous, n'ont pour tout contours que le flou dans lequel ce non-style les maintient, se refusent à tout véritable attachement, se brisent sur l'imprécis de leur psychologies ou sur la rapidité faible des descriptions. Un comble : rédiger autant de pages pour en faire découvrir finalement si peu !
Pour les courageux qui auront tenu jusqu'à la fin de cette succession ininterrompue mais filandreuse de saynètes où l'on saute régulièrement du coq à l'âne sans aucune logique ni mise en forme (comme si Neil Gaiman avait préparé son bouquin pour être mis directement en feuilleton pour quelque compagnie d'Entertainment US, charge au réalisateur de s'en débrouiller ensuite), il faut admettre que les cent dernières pages redressent légèrement le cap. On s'y ennuie un peu moins, on parvient bon an, mal an, à y démêler les fils trop nombreux d'une intrigue finalement bien futile et moins complexe qu'il pouvait y paraître - Ah ! Ces bons vieux dieux de la mythologie scandinave tellement pratiques dans n'importe quelle histoire, tant ils sont polymorphes. Les auteurs de comics américains l'ont bien compris qui les usent jusqu'à la corde depuis soixante-dix ans -, mais qui se tient somme toute convenablement. Sans génie. Sans être nul non plus.
Quant à y trouver une critique de l'Amérique contemporaine... Oui, bien entendu. Une de plus a-t-on envie d'ajouter immédiatement... On est loin, cependant, de ce que les auteurs de la Lost Generation firent en leur temps, on est encore plus loin de ce que défourailla un Charles Bukowski, un Henri Miller en leur temps, ou de la vision plus insidieuse, moins frontale d'un Paul Auster, mais tout aussi terrible sur ce pays immense, froid, déshumanisé, accumulant les solitudes à l'incrédulité. Ce que Neil Gaiman défini par l'impossibilité qu'a cette terre à y laisser vivre et prospérer les dieux.

American Gods se voudrait de cette veine-là, à travers une fiction entremêlant fantastique et fantasy - après tout n'est-ce pas ce que fit aussi, et avec un incroyable talent, un H.P. Lovecraft jadis ? - mais il n'en a pas la moelle, ni le tempérament, ni la profondeur. À peine parvient-il à en effleurer la surface intranquille. du moins, dans ce roman-là, complète et interminable déception.
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Du surplace, j'ai fait du surplace, les pieds, lamentablement, collés aux pages, embourbé que j'étais et pourtant, oui, pourtant j'aime bien ce bonhomme là, son bouquin dans le grand magasin, dont j'ai oublié le titre, impeccable, à retenir et ses BD's aussi.
Mais là n'est pas le sujet;
Les dieux américains, au figuré s'entend, médias, presse, télé, ordinateurs, voitures, enfin tout ce qui est de la modernité d'un pays mais qui pourrait en être un autre, opposés aux dieux d'autres mythologies et ça en fait un paquet, croyez-moi. La guerre s'annonce entre ces deux parties, elle est imminente, on la sent, entre lignes, mais à la fin on l'attend toujours.
Mais bon ça c'est la trame, l'histoire c'est celle d'Ombre, un bonhomme qui se balade sans but et qui vit des aventures au cours de ses rencontres tout en ne sachant pas où il va (nous non plus d'ailleurs), ni pourquoi il y va (nonobstant la mort brutale de sa femme).

Bien sûr c'est le genre d'histoire qui peut être fichtrement intéressante pour autant qu'il y ait un tant soit peu de cohérence ou pour le moins un fil narratif tirant le lecteur par le bout de ses yeux. Point de cela et c'est quand même dommage même si, par-ci, par là, au fil des rencontres, une lumière appâte le lecteur, finalement, lamentablement sans saveur.
Cette fin qui est à l'opposé de l'entendement ou de l'attente, pourrait annoncer une suite (qui viendra peut-être?).

"Neverwhere", autre référence de Gaiman, est bien loin.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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American Gods ou american Goods ? Un pavé qui sonne comme un paquet de muesli quand on le secoue un peu. En bouche, on trouve des tas de petits trucs variés au goût fade qui croquent un peu sous la dent mais pas trop : les poncifs de l'Amérique contemporaine avec en filigrane la référence à un meltingpot culturel et religieux. Tel est Ombre, héros terne, costaud mais inactif, inséré dans le tissus d'une Amérique vue au travers des stéréotypes Hollywoodiens à l'eau de rose, balloté par les évènements, poussé par l'étrange Voyageur d'un piège à touriste à l'autre. Il avance sur la route sans trop comprendre où il va ni ce qui se passe (le lecteur non plus, soit dit en passant). A sa description floue, on se demande bien qui il peut être jusqu'à la toute fin... ou presque.

La construction du récit n'est pas vraiment linéaire. Ce n'est pas un simple roadmovie (ou l'équivalent littéraire) quoique les personnages soient le plus souvent rencontrés sur le bord du chemin. le plus décevant touche le développement des aventures au creux de l'hiver qui tourne court. le long passage qui se déroule à Lakeside n'a pas de conclusion. Pas qui soit satisfaisante pendant la lecture. Pas De révélation fracassante, pas de chute de fin de scène. Des fils sont dénoués, tirés mais on n'en voit pas le bout. Juste des débuts d'histoires. Des situations mystérieuses. Au moins une qui commence comme un polard : on se demande qui fait disparaître ces jeunes gens chaque année. Allusions, plongée dans l'histoire ancienne de la ville qui fait référence à un personnage truculent dont on aimerait bien qu'il soit sinon le responsable peut-être la clé qui conduit à la solution de l'énigme. Mais non ! Tout s'arrête. le héros (ou l'antihéros) est retiré de cette trame narrative pour être projeté ailleurs dans les coulisses du monde en laissant le lecteur très frustré. En tout cas, moi, je l'ai été. le retournement final conclut l'histoire principale sans tambour ni trompette. Encore une frustration. Il faut attendre les toutes dernières pages (un peu comme dans ces films où après le générique de fin, le réalisateur colle encore une dernière scène qui laisse entrevoir la possibilité d'une suite) pour enfin être confirmé dans les déductions que l'on n'avait pas manqué de faire.

Un bon bouquin, ceci dit. J'ai délibérément fait trainer la lecture aussi longtemps que possible car j'ai vraiment apprécié de m'y replonger encore et encore...
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Un petit Gaiman pour bien commencer l'année. On retrouve son talent de conteur que j'apprécie tant et ce contexte mythologique que j'avais adoré dans La mythologie viking.
Là encore l'histoire est un brin fourre-tout, prétexte à des flash-backs préhistoriques et antiques sur fond de naissance divine.
On suit Ombre, ancien détenu, dans un road trip à travers les Etats Unis en compagnie du mystérieux Voyageur, dont l'identité est dévoilée à travers de multiples indices (elle sera évidente aux amateurs de mythologie mais qu'importe). Les aventures sont rocambolesques, plus ancrées dans les légendes que dans la réalité mais la présence de multiples déités immigrées avec leurs croyants depuis bien longtemps servent cette atmosphère de rêve éveillé.
Comme toujours, j'ai apprécié le style de l'auteur, ses "méchants" dans lesquels je retrouvais un peu du duo Croup et Vandemar de Neverwhere (notamment chez les Nouveaux Dieux), le personnage principal est là aussi un peu effacé même si on s'y attache le principal c'est cette galerie de dieux oubliés, les légendes, cet orage en préparation et il faut avouer que le dénouement manque peut-être un peu de panache mais l'épilogue relance quelques fils qui pourraient être intéressants pour une suite (j'ai cru comprendre qu'Anansi Boys tenait plus ou moins ce rôle, j'irai donc y jeter un oeil avec plaisir).
Un presque coup de coeur pour cette épopée divine hivernale.
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critiques presse (3)
BoDoi
30 novembre 2018
À l’arrivée, ce premier tome chez Urban témoigne d’un travail d’adaptation sérieux, qui a pour seul défaut de pas ne nous laisser d’autre choix que de nous en remettre avant tout au texte. De quoi donner surtout envie, donc, de (re)lire le roman original.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Sceneario
05 novembre 2018
Ce premier volume est une très belle surprise. Ceux qui ont lu le roman auront plaisir à relire cette oeuvre de cette façon. Pour les autres, ils pourront découvrir ce qui est, depuis, devenu un des chefs d'oeuvre de la littérature fantastique.
Lire la critique sur le site : Sceneario
Elbakin.net
09 mai 2014
American Gods mérite amplement les louanges dont il a pu se voir gratifier, insufflant un souffle d’originalité démontrant qu’il existe encore bien des pistes à parcourir en Fantasy, loin des sentiers battus…
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (160) Voir plus Ajouter une citation
Une fois, je chassais le daim, il y a quoi ? Trente ou quarante ans ; j’ai tiré un mâle et je l’ai raté, si bien qu’il s’est enfui dans la forêt. C’était sur la rive nord, pas loin de l’endroit où vous allez habiter, Mike. Le plus beau cerf que j’aie jamais vu : un vingt cors, aussi gros qu’un petit cheval, sans blague. Quant à moi, j’étais plus jeune et plus robuste que maintenant. Il avait commencé à neiger avant Halloween, cette année-là, mais on était aux alentours de la fête d’Action de Grâces et il y avait encore une neige toute fraîche par terre, si bien que je voyais clairement les empreintes de la bête. Elle avait l’air de s’enfuir vers le lac, affolée.
« Bon, il faut être complétement idiot pour courir après un cerf, mais vu que je suis complétement idiot, je me rue à sa poursuite, et voilà que je le trouve debout dans vingt ou vingt-cinq centimètres d’eau. A ce moment précis, le soleil passe derrière un nuage et il se met à geler – on a bien dû perdre dix degrés en autant de minutes, je n’invente rien. Et mon vieux cerf qui se préparait à filer se retrouve coincé. Pris dans la glace.
« Moi, je m’approche à petits pas. Visiblement, il voudrait s’enfuir, mais il n’y arrive pas. Je ne peux pas descendre une bestiole sans défense qui ne bouge même pas, hein ? Quelle sorte d’homme je serais, si je faisais ça ? Alors, je prends mon fusil et je tire en l’air.
« Ça fait un tel boucan, tellement inattendu, que le cerf sursaute assez fort pour jaillir hors de sa peau – et comme il a toujours les pattes prises dans la glace, c’est exactement ce qui se passe. Il laisse son pelage et ses andouillers sur place, et il galope dans les bois, aussi rose qu’un bébé souris, grelottant de tous ses membres.
« Je me sentais si mal pour lui que j’ai convaincu les dames du Cercle de Tricot de lui confectionner quelque chose de chaud pour l’hiver, et elles lui ont tricoté une espèce de combinaison, histoire qu’il n’attrape pas la mort. Bien sûr, on a fait les frais de la plaisanterie, parce qu’elles ont utilisé de la laine orange, si bien qu’aucun chasseur ne lui a jamais tiré dessus. Les chasseurs s’habillent en orange, par ici.
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"Vous êtes de Cornouailles? s'enquit-elle.
- Et comment : je suis un Cousin Jack, répondit le rouquin. Ou plutôt, j'en étais un. A présent, dans ce nouveau monde, plus personne ne dépose de bière ou de lait dehors pour un honnête garçon, ni une miche de pain à l'époque des moissons."
Essie redressa le bol de petits pois sur ses genoux.
"Si vous êtes qui je crois, je n'ai rien contre vous", dit-elle.
Dans la maison, Phyllida réprimandait la gouvernante.
"Ni moi contre toi, assura le rouquin, un peu triste, même si c'est toi qui m'as emmené ici, toi et quelques autres, dans ce pays qui n'a pas le temps pour la magie, pas la place pour les lutins et leurs pareils.
- Vous m'avez comblée de bienfaits.
- De bienfaits et de méfaits, corrigea l'inconnu qui louchait. Nous sommes comme le vent. Nous soufflons dans tous les sens." Son interlocutrice hocha la tête. " Prends donc ma main, Essie Tregowan."
Il lui tendit une main semée de taches de rousseur, sur le dos de laquelle Essie, quoique sa vue baissât, distingua des poils dorés qui luisaient dans le soleil de l'après-midi. Elle se mordit la lèvre? Puis hésitante, elle y pose sa propre main de vielle femme.
Elle était encore chaude lorsqu'on la trouve, quoique la vie eût fui son corps. Seule la moitié des petits pois était écossée.
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La boisson avait une couleur brun doré. Ombre en but une gorgée qui lui laissa un étrange gout aigre-doux sur le palais. Par-dessus nombre de parfums mêlés, surnageait celui de l’alcool. L'ensemble rappelait un peu la bibine de la prison, brassée dans un sac-poubelle avec des fruits pourris, du pain, du sucre et de l’eau, mais en plus sucré et nettement plus bizarre.
"- Bon, j’ai gouté. Qu’est-ce que c’est ?
- De l`hydromel, répondit Voyageur. Du vin de miel. La boisson des héros. Des dieux. "
Ombre avala une autre gorgée prudente. Oui, il sentait le miel : un goût parmi d’autres.
" On dirait un peu de la saumure, remarqua-t-il. Du vin de saumure sucré. `
- De la pisse d’alcoolo diabétique, oui, corrigea Voyageur. J’ai horreur de ça."
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Et quels animaux ! impressionné, Ombre contempla les centaines de créatures grandeur nature fixées sur la plate forme. Certaines réelles, d’autres totalement imaginaires, et des mélanges des deux. Toutes étaient différentes ; il vit sirène et triton, centaure et licorne, éléphants (un gigantesque, un tout petit), bouledogue, grenouille et phénix, zèbre, tigre, manticore et basilic, des cygnes tirant un carrosse, un taureau blanc, un renard, des morses jumeaux et jusqu’à un serpent de mer - ornés de couleurs vives et plus vrais que nature : tous tournaient au son de la valse qui s’achevait. Une autre commença sans que le manège ralentisse.
"A quoi ça sert ? demanda Ombre. Je veux dire : d’accord, c'est le plus grand carrousel du monde, celui où il y a le plus d’animaux, le plus d’ampoules électriques. Il tourne sans arrêt et personne n’y monte jamais.
- ll n’est pas là pour qu’on y monte, répondit Voyageur. Il est là pour être admire. Pour être.

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Dans les années 1830, l’Acte de déportation des Indiens les avait exilés — Choctaws, Chickamaugas, Cherokees et Chickasaws. Les soldats avaient contraint tous ceux qu’ils avaient attrapés à parcourir près de deux mille kilomètres à pied, long chemin de larmes menant aux nouveaux territoires indiens, dans ce qui serait un jour l’Oklahoma. Un génocide tranquille. Des milliers d’hommes, de femmes, d'enfants avaient succombé durant le voyage. Quand on a gagné, on a gagné, nul ne peut dire le contraire.
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Vidéo de Neil Gaiman
Découvrez un extrait de la fière Béa Wolf, porte-drapeau de la cabane Coeur-d'arbre, lu par Boulet ! La cabane de Coeur-d'arbre est un sanctuaire créé par des enfants infatigables qui passent leurs journées à jouer, à manger des sucreries, à faire des bêtises et à repousser l'ombre de l'âge adulte. Mais un jour, leur sinistre voisin Grindle s'attaque à Coeur-d'arbre et transforme une dizaine d'entre eux en adolescents boutonneux ! Les survivants du premier assaut réclament un nouveau champion capable de les protéger… Ils ont besoin de Béa Wolf!
Bea Wolf raconte aux enfants une épopée glorieuse, mordante, profondément stupide et drôlement profonde." – Neil Gaiman Dessins de : Boulet Texte de : Zach Weinersmith Traducteur : Aude Pasquier
Plus d'infos : https://www.albin-michel.fr/bea-wolf-9782226479235
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