AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Michelle Herpe-Voslinsky (Traducteur)
EAN : 9782867463440
304 pages
Liana Lévi (27/05/2004)
4.24/5   265 notes
Résumé :
Dans la Louisiane des années quarante, Jefferson, un jeune Noir, démuni et illettré, est accusé à tort d’avoir assassiné un Blanc. Au cours de son procès, il est bafoué et traité comme un animal par l’avocat commis d’office. Incapable de se défendre, il est condamné à mort. Commence alors un combat pour que Jefferson retrouve, aux yeux de tous mais surtout de lui-même, sa dignité humaine. Un combat mené par la marraine du condamné qui supplie l’instituteur Grant Wig... >Voir plus
Que lire après Dites-leur que je suis un hommeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (67) Voir plus Ajouter une critique
4,24

sur 265 notes
5
44 avis
4
13 avis
3
7 avis
2
1 avis
1
0 avis
Ce roman paru en 1993 a l'évidence des classiques instantanés.
D'une histoire simple et universelle, Ernest J.Gaines, surnommé le Faulkner noir » propose une oeuvre magistrale, lucide, désespérée et lumineuse, qui semble concentrer un siècle de l'Histoire de la Louisiane noire d'après la Guerre de Sécession , d'avant le combat pour les droits civiques.

Années 1940. le roman s'ouvre sur le procès expéditif d'un jeune noir quasi analphabète, Jefferson, pour le meurtre d'un blanc. Il est innocent, mais était là au mauvais moment, au mauvais endroit avec les mauvaises personnes. Son avocat commis d'office tente de le faire acquitter en le comparant à un porc, arguant du fait qu'un porc ne valait pas la peine qu'on le tue. Il est condamné à mort.

Un porc. Ces mots sont d'une violence terrible et hante Jefferson dans les couloirs de la mort. Ils hantent aussi sa marraine qui charge l'instituteur Grant Wiggins d'aider Jefferson à devenir un homme digne sachant accepter la mort dignement. Toute l'intrigue se cristallise autour d'enjeux intimes quasi philosophiques, de grandes questions séculaires en somme : qu'est-ce qui fait un homme ? Comment est-on censé mourir quand on n'a pas assez vécu et qu'on ne connait rien de la vie ?

Le personnage de l'instituteur raconte les dernières semaines de vie de Jefferson dans les couloirs de la mort, lorsqu'il le visite. Cette confrontation est passionnante , entre celui qui va mourir et s'enferme dans l'amertume et le cynisme, refusant de se nourrir et de se soucier des autres, et Grant l'instituteur désabusé par sa vaine mission de scolariser des enfants seulement 5 mois et demi dans l'année ( le reste étant consacré aux travaux des champs ), trop court pour « effacer, gratter, arracher le manteau d'ignorance qui a été plaqué et replaqué sur ces cerveaux ces trois derniers siècles ».

Le roman est autant le chemin qui mène Jefferson à sa dignité retrouvée, que celui de l'évolution de Grant, un homme noir, jeune, instruit pour affirmer son identité dans l'Amérique de la Ségrégation : Jefferson doit aller à la mort la tête haute, être l'homme le plus fort dans la pièce de la chaise électrique, ce qui lui confèrerait une dimension quasi christique ; Grant doit être celui qui résiste et le guide vers la liberté de choisir comment il va accepter la mort, le héros et le héraut d'une communauté afro-américaine qui doit détruire le mythe construit par les Blancs sur l'infériorité intellectuelle des Noirs. Son affrontement avec le révérend, celui qui croyait au ciel, pour éduquer Jefferson, est d'une grande intelligence.

Ce roman est d'une puissance d'évocation remarquable. On connaît la fin dès le départ, on sait que Jefferson sera exécuté. Il n'y a pas d'échappatoire mais la façon dont la tension monte, mots après mots, place le lecteur dans une réflexion sur le sort des Afro-Américains, d'hier et d'aujourd'hui, avec une rare profondeur. Dites leur que je suis un homme est un livre éminemment politique, il a la force d'un pamphlet tout en ayant la subtilité de persuasion de la douceur empathique, l'émotion affleurant de partout et explosant dans les dernières pages.

Déchirant d'actualité, définitivement un classique. Universel et limpide.
Commenter  J’apprécie          11114
Louisiane, dans les années 40. Deux jeunes hommes, Brother et Bear, embarquent avec eux Jefferson. Même s'ils n'ont pas un sou en poche, ils espèrent qu'Alcee Gropé, qui tient l'épicerie, leur fera crédit pour une demi-bouteille. Mais le vieil homme ne l'entend pas de cette oreille. Brother et Bear s'énervent, tentent d'en attraper une derrière le comptoir. Aussitôt l'épicier sort un revolver. Brother aussi. Trois morts à terre. Jefferson, choqué, ne comprend pas ce qui s'est passé. Bien qu'il n'ait pas tiré un seul coup de feu, n'ait pas participé à cette tragédie, le jeune homme se retrouve accusé du meurtre du vieux Gropé. Lors de sa plaidoirie, son avocat commis d'office, incompétent, le rabaisse dans sa condition d'homme. le traite d'idiot, d'incapable et va jusqu'à le comparer à un porc. La sentence tombe : mort par électrocution. Nan-nan, la tante de Jefferson, effondrée, choquée par ces propos, ne peut tolérer que l'on réduise son neveu à un porc. Elle et son amie, Lou, vont alors demander à Grant Wiggins, instituteur et neveu de cette dernière, d'aller voir Jefferson en prison afin de lui rendre sa dignité, lui faire prendre conscience qu'il n'est pas un animal...

Jefferson était tout simplement au mauvais endroit au mauvais moment. Double sentence pour ce jeune Noir démuni et illettré: condamné à mort par un jury composé de Blancs et humilié et rabaissé lors de son procès. Seul Noir de la communauté ayant fait des études et étant devenu instituteur, c'est à Grant Wiggins que sera confiée la tâche de redonner à Jefferson son statut d'homme. En Louisiane, dans les années 40, la ségrégation raciale était bien présente. Aussi, les Noirs devaient-ils ne faire et ne dire que ce que seule leur couleur de peau leur permettait. Wiggins, lui, peine à trouver sa place dans sa communauté. Sa relation avec une femme en plein divorce va encore compliquer sa position. Avec ce roman d'une grande profondeur, Ernest J.Gaines nous dépeint aussi bien le racisme, la place des Noirs au sein de la communauté, la supposée supériorité des Blancs, la religion omniprésente, l'injustice, le courage, la liberté... En tant que narrateur, Wiggins dépeint avec force et beaucoup d'émotion la relation si fragile qu'il noue avec Jefferson, l'ambiance électrique au sein de la communauté. L'antépénultième chapitre, le journal de Jefferson, orthographié phonétiquement, est d'une force incroyable. Un roman poignant, émouvant et d'une grande ferveur humaniste...
Commenter  J’apprécie          6910
Louisiane, années 40.
Jefferson a été reconnu coupable de meurtre.
Noir, désargenté et sans instruction, il s'est trouvé au mauvais endroit au mauvais moment.
Un blanc est tombé, définitivement.
Le procès était couru d'avance et a confirmé ce que tous ses proches redoutaient, la chaise électrique.
Ils vont lui prendre sa vie, c'est un fait établi.
Au-delà de ça, ils ont renié sa part d'humanité en l'assimilant à un animal, un porc réalisant à peine ce qu'il allait advenir de lui.
Rien ne pourra désormais abroger cette sentence mais c'est la tête haute et bien campé sur ses deux jambes que sa vieille tante souhaiterait le voir avancer le jour du jugement dernier.
Qui mieux que l'instituteur du coin, Grant Wiggins, pour lui faire prendre conscience de sa condition d'être humain à part entière.
La réticence initiale fera rapidement place à un sacerdoce peu partagé par le révérend Ambrose craignant alors de se voir déposséder de son statut d'émissaire divin.

Dites-leur Que Je Suis Un Homme est un récit coup de poing.
De ceux qui interpellent, qui questionnent et qui dérangent.

Porté par des personnages consistants, il taraude le lecteur avide de pardon et de rédemption.
Grant, homme noir érudit, étonne de par la dualité de ses sentiments alors que tous les notables blancs tranchent, eux, lamentablement, avec la supériorité intellectuelle dont ils se réclament à l'envi.

Le style de Gaines est sobre, direct et éminemment suggestif.
L'ultime passage évoquant les derniers instants de Jefferson est d'une puissance folle. Tout en non-dits, il impose à l'esprit des images porteuses d'une charge émotionnelle dévastatrice.

Si les échanges entre Grant et Jefferson furent longtemps stériles, la sincérité et l'amitié qui en découlèrent finalement permirent aux deux protagonistes de tirer pleinement avantage de cette nouvelle situation.
Et n'allez surtout pas croire que Jefferson était le plus désespéré des deux, vous feriez une gravissime erreur.

4,5/5
Commenter  J’apprécie          582
Un soir comme il n'en faudrait pas, Jefferson « se dirigeait vers le White Rabbit Bar quand Brother et Bear avaient arrêté la voiture à côté de lui et lui avaient proposé d'aller faire un tour avec eux. » Ils en voulaient à son argent, évidemment. Et de l'argent, il n'en avait pas, évidemment. Alors les deux gars qui avaient soif et pas d'argent ont compté que le vieux Gropé leur ferait crédit pour une demi-bouteille. Ca ne s'est pas passé comme ça. le vieux Gropé est mort sous leurs tirs, Brother et Bear sous les siens. Jefferson, qui n'avait rien fait, s'est fait coffrer. Dans les années 40, en Louisiane. Jefferson est noir.

Ce sont les toute premières lignes du roman. Quelques lignes encore pour vous parler de la plaidoirie de son avocat. « Messieurs les jurés, regardez-le – regardez-le – regardez-moi ça. Est-ce que vous voyez un homme assis là ? » Je vous fais grâce de la suite, du même tonneau. Retenez seulement que Jefferson sera ramené au statut d' « animal traqué capable de frapper par peur, un trait hérité de ses ancêtres du fin fond de la jungle d'Afrique » avant que la plaidoirie se close sur cette interjection « Enfin, autant placer un porc sur la chaise électrique ! » et cette mise en garde sans aucune ironie « Chacun d'entre nous doit vivre avec sa conscience. »

Dites-leur que je suis un homme est un très beau roman classique. Deux tragédies s'y tissent. La première est inexorable, elle concerne le sort des Noirs américains dans les années 40, la sur probabilité que, dans les quartiers miséreux où ils sont confinés, moins bien soignés, recevant une éducation de moindre qualité, faisant tous les jours l'expérience de la ségrégation, du mépris et du dégoût qu'ils inspirent aux Blancs, les Noirs se retrouvent davantage mêlés à des rixes. Et que, partant de ce contexte, ils soient jugés de manière partiale, en leur défaveur naturellement.

De cette tragédie-là, on ne dira donc quasiment rien. La démonstration de son caractère inique se fera en filigrane, dans la construction des personnages, le déroulé de l'histoire qui, je ne vous mentirai pas, se finira pour Jefferson par une exécution.

Ce qui sera en jeu en revanche, c'est la dignité de Jefferson. Condamné à se diriger vers une mort certaine en sachant qu'on est considéré comme un porc, que même celui qui devait vous défendre ne vous voit pas autrement, c'est mourir deux fois.

La communauté noire de la petite ville est soudée autour de son pasteur et de quelques femmes dont Miss Emma, la marraine de Jefferson. Très âgée, épuisée par le temps qu'elle a donné à une famille de Blancs influents, la vieille dame impose à Grant Wiggins, l'instituteur et neveu d'une autre redoutable grenouille de bénitier, de restaurer à Jefferson l'estime qu'il doit avoir de lui-même avant de mourir. Qu'il y aille debout. Comment un homme plus instruit que ses voisins, lucide et athée pourrait-il accomplir ce miracle ? Il faudrait déjà qu'il croie en lui.

Voilà. C'est exactement et juste cela. Avec une économie de moyen, une galerie de personnages féminins magnifiques et un sens de la psychologie parfaitement maitrisé. Un très beau et très grand roman d'une écriture classique, sobre, efficace.

C'est la deuxième incursion réussie que je fais dans la collection piccolo après le coup du fou. Il va falloir que je surveille cette ligne éditoriale de près, elle recèle de vrais trésors.
Commenter  J’apprécie          4440
Louisiane, années 40. Jefferson, un jeune noir illettré, est arrêté après le meurtre d'un commerçant blanc. S'il était bien ce jour-là sur les lieux du crime, il a simplement assisté au drame. Accusé à tort, son avocat commis d'office avance pour sa défense qu'il n'est qu'un « animal sans cervelle ». Pour lui, tuer Jefferson reviendrait à attacher un porc sur la chaise et à l'exécuter. « Un animal qui ne comprendrait pas ce qui se passe. » Un argumentaire pitoyable qui n'empêchera pas la condamnation à mort. Peu après, la marraine du condamné demande à l'instituteur Grant Wiggins de lui faire comprendre qu'il n'est pas un porc mais bien un homme. Seul ou accompagné du révérend Ambrose, Wiggins rend régulièrement visite à Jefferson dans sa cellule et tente de redonner au jeune homme la dignité dont le procès l'a privé...

Ce roman met en jeu tellement d'aspects importants, il appuie là où ça fait mal et pose des questions qui ne peuvent qu'interpeller chacun d'entre nous.

Wiggins l'enseignant est un personnage d'une infinie complexité. Lucide, conscient que sa condition de noir dans la Louisiane des années 40 ne lui autorise aucun avenir. Conscient de ne pas pouvoir remplir la tâche qu'on lui a confiée. Conscient de sa lâcheté, notamment le jour de l'exécution : « Pourquoi n'étais-je pas là-bas, pourquoi n'étais-je pas à son coté ? Pourquoi mon bras n'était-il pas autour de ses épaules ? Pourquoi ? ». Conscient de l'injustice permanente que subissent les siens : « Douze hommes blancs décident qu'un homme noir doit mourir, et un autre homme blanc fixe la date et l'heure sans consulter un seul noir. C'est ça la justice ? […] Ils vous condamnent à mort parce que vous étiez au mauvais endroit au mauvais moment, sans la moindre preuve que vous ayez été mêlé au crime, en dehors du fait d'avoir été sur les lieux quand il s'est produit. Pourtant, six mois plus tard, ils viennent ouvrir votre cage et vous informent : nous, tous des blancs, avons décidé qu'il est temps pour vous de mourir. » Sa fragilité est au coeur du texte. Il ne se sent pas investi d'une mission. Il semble totalement perdu face à une situation qui le dépasse mais au fil de ses visites, il trouve un sens à l'action qu'il mène auprès du condamné. Petit à petit il parvient à apprivoiser Jefferson et à lui transmettre cette absolue certitude : tu es un homme, tu n'es pas un animal comme ils veulent te le faire croire.

De son coté, pour que Jefferson abandonne le statut d'animal et se considère comme un homme à part entière, le révérend Ambrose veut lui parler de Dieu. le révérend Ambrose veut le sauver. Il veut le préparer pour le monde meilleur qui l'attend après la mort. Et pour cela il a besoin de Wiggins. Car c'est le seul que Jefferson écoute. Mais Wiggins ne sait rien de l'âme. Il ne croit pas au ciel, il ne lui dira jamais d'y croire.
- Suppose qu'il te demande s'il existe, qu'est-ce que tu feras ?
- Je lui dirai que je ne sais pas.
[…]
- Et s'il te demande si tu crois au paradis, tu feras quoi ?
- J'espère qu'il ne le fera pas révérend.
- Mais s'il le fait ?
- J'espère que non.
- Tu ne pourrais pas lui dire oui ?
- Non révérend, je ne pourrais pas. Je ne pourrais pas lui mentir dans un moment pareil. Je ne lui mentirai plus jamais, quoi qu'il arrive.

Wiggins l'athée refuse que Jefferson se mette à genoux devant le Seigneur avant de s'asseoir sur la chaise. Il veut le convaincre de rester debout jusqu'au dernier instant, pour briser le mythe de l'homme blanc :
« Tu sais ce que c'est qu'un mythe, Jefferson ? lui ai-je demandé. Un mythe est un vieux mensonge auquel les gens croient. Les blancs se croient meilleurs que tous les autres sur la terre ; et ça, c'est un mythe. La dernière chose qu'ils veulent voir, c'est un Noir faire front, et penser, et montrer cette humanité qui est en chacun de nous. Ça détruirait leur mythe. Ils n'auraient plus de justification pour avoir fait de nous des esclaves et nous avoir maintenus dans la condition dans laquelle nous sommes. Tant qu'aucun de nous ne relèvera la tête, ils seront à l'abri. […] Je veux que tu ébrèches leur mythe en faisant front. Je veux que toi – oui, toi- tu les traites de menteurs. Je veux que tu leur montres que tu es autant un homme, davantage un homme qu'ils ne le seront jamais.»

En fait, ce roman, c'est tout cela à la fois. L'injustice, la religion, l'éducation, l'amour, le statut de l'homme noir dans une région où la ségrégation n'est pas un vain mot, la place de chacun au sein d'une communauté… c'est tout cela et bien davantage encore. Je reconnais que l'écriture, très descriptive, n'a rien d'exceptionnel. Mais peu importe. Les vingt-cinq dernières pages sont poignantes. Elles vous attrapent le coeur et le serre tellement, tellement fort… C'est juste bouleversant, j'en ai eu des frissons et je peux vous dire que ce n'est pas le genre chose qui m'arrive souvent au cours d'une lecture.

Ernest J. Gaines est un immense auteur afro-américain bien trop méconnu sous nos contrées et Dites-leur que je suis un homme est son chef d'oeuvre. Un roman essentiel, inoubliable. Pas pour rien qu'il a remporté l'année de sa sortie le National Book Critics Circle Award (le grand prix de la critique américaine).


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
Commenter  J’apprécie          400

Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Tu sais ce que c'est qu'un mythe, Jefferson ? lui ai-je demandé. Un mythe est un vieux mensonge auquel les gens croient. Les Blancs se croient meilleurs que tous les autres sur la terre ; et ça, c'est un mythe. La dernière chose qu'ils veulent voir, c'est un Noir faire front, et penser, et montrer cette humanité qui est en chacun de nous. Ça détruirait leur mythe. Ils n'auraient plus de justification pour avoir fait de nous des esclaves et nous avoir maintenus dans la condition dans laquelle nous sommes. Tant qu'aucun de nous ne relèvera la tête, ils seront à l'abri. Ils sont à l'abri avec moi. Ils sont à l'abri avec le révérend Ambrose. Je ne veux plus qu'ils se sentent à l'abri avec toi.
Commenter  J’apprécie          170
Douze hommes blancs décident qu'un homme noir doit mourir, et un autre homme blanc fixe la date et l'heure sans consulter un seul Noir. C'est ça, la justice ? […] Ils vous condamnent à mort parce que vous étiez au mauvais endroit au mauvais moment, sans la moindre preuve que vous ayez été mêlé au crime, en dehors du fait d’avoir été sur les lieux quand il s’est produit. Pourtant, six mois plus tard, ils viennent ouvrir votre cage et vous informent : nous, tous des blancs, avons décidé qu’il est temps pour vous de mourir.
Commenter  J’apprécie          200
Messieurs les jurés, regardez-le - regardez-le - regardez-moi ça. Est-ce que vous voyez un homme assis là ? Je vous demande, je vous supplie de regarder attentivement - est-ce que vous voyez un homme assis là ? Regardez la forme de ce crâne, ce visage aussi plat que la paume de ma main - regardez bien dans ces yeux. Y décelez-vous une trace d'intelligence ? Voyez-vous là un être susceptible de projeter un meurtre, un cambriolage, de préméditer quoi que ce soit ? Un animal traqué capable de frapper par peur, un trait hérité de ses ancêtres du fin fond de la jungle d'Afrique - oui,oui, c'est possible, mais échafauder des projets ? D'échafauder des projets, messieurs les jurés ? Non, messieurs, il n'y a pas de projets dans ce crâne. Ce que vous voyez ici, c'est une chose qui agit sur ordre. Une chose faite pour tenir le manche de la charrue, charger vos balles de coton, creuser vos fossés, couper votre bois, récolter votre maïs. C'est ça que vous voyez ici, et non un individu capable de préparer un cambriolage ou un meurtre. Il ne connait même pas la taille de ses vêtements, de ses chaussures. Demandez-lui les noms des mois de l'année. Demandez-lui si Noël arrive avant ou après le 4 juillet. Parlez-lui de Keats, de Byron, de Scott, et observez si ses yeux montrent un signe de reconnaissance. Demandez-lui de décrire une rose, de citer un passage de la Constitution ou de la Déclaration des droits. Messieurs les jurés, cet homme, préméditer un cambriolage ? Oh, pardonnez-moi, je ne voulais certainement pas insulter votre intelligence en employant le mot "homme" - je vous prie d'excuser une telle méprise.
Commenter  J’apprécie          40
je sé pa si il zon un paradi vu que samson disé cé pa possib é boo disé quy en a pa pour lé nègre mé révéran ambros il di quy en a pour tou lé zomme é bok il sé pa
je trembe je trembe mé je vé resté for
(...) je sé pa si vou pouré lire sa meusieu wigin ma min trembe é jentan mon coeur
(...) il comace a fer jour
le soleil ce lève
loiseau qui chante dan larbre on diré un dobleu
le ciel é bleu bleu meusieu wigin
Commenter  J’apprécie          180
Ils vous condamnent à mort parce que vous étiez au mauvais endroit au mauvais moment, sans la moindre preuve que vous ayez été mêlé au crime, en dehors du fait d'avoir été sur les lieux quand il s'est produit. Pourtant six mois plus tard ils viennent ouvrir votre cage et vous informent: nous, tous des Blancs, avons décidé qu'il est temps pour vous de mourir, parce que c'est la date et l'heure qui conviennent.
Commenter  J’apprécie          180

autres livres classés : ségregationVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (833) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1820 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *}