AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de marina53


Louisiane, dans les années 40. Deux jeunes hommes, Brother et Bear, embarquent avec eux Jefferson. Même s'ils n'ont pas un sou en poche, ils espèrent qu'Alcee Gropé, qui tient l'épicerie, leur fera crédit pour une demi-bouteille. Mais le vieil homme ne l'entend pas de cette oreille. Brother et Bear s'énervent, tentent d'en attraper une derrière le comptoir. Aussitôt l'épicier sort un revolver. Brother aussi. Trois morts à terre. Jefferson, choqué, ne comprend pas ce qui s'est passé. Bien qu'il n'ait pas tiré un seul coup de feu, n'ait pas participé à cette tragédie, le jeune homme se retrouve accusé du meurtre du vieux Gropé. Lors de sa plaidoirie, son avocat commis d'office, incompétent, le rabaisse dans sa condition d'homme. le traite d'idiot, d'incapable et va jusqu'à le comparer à un porc. La sentence tombe : mort par électrocution. Nan-nan, la tante de Jefferson, effondrée, choquée par ces propos, ne peut tolérer que l'on réduise son neveu à un porc. Elle et son amie, Lou, vont alors demander à Grant Wiggins, instituteur et neveu de cette dernière, d'aller voir Jefferson en prison afin de lui rendre sa dignité, lui faire prendre conscience qu'il n'est pas un animal...

Jefferson était tout simplement au mauvais endroit au mauvais moment. Double sentence pour ce jeune Noir démuni et illettré: condamné à mort par un jury composé de Blancs et humilié et rabaissé lors de son procès. Seul Noir de la communauté ayant fait des études et étant devenu instituteur, c'est à Grant Wiggins que sera confiée la tâche de redonner à Jefferson son statut d'homme. En Louisiane, dans les années 40, la ségrégation raciale était bien présente. Aussi, les Noirs devaient-ils ne faire et ne dire que ce que seule leur couleur de peau leur permettait. Wiggins, lui, peine à trouver sa place dans sa communauté. Sa relation avec une femme en plein divorce va encore compliquer sa position. Avec ce roman d'une grande profondeur, Ernest J.Gaines nous dépeint aussi bien le racisme, la place des Noirs au sein de la communauté, la supposée supériorité des Blancs, la religion omniprésente, l'injustice, le courage, la liberté... En tant que narrateur, Wiggins dépeint avec force et beaucoup d'émotion la relation si fragile qu'il noue avec Jefferson, l'ambiance électrique au sein de la communauté. L'antépénultième chapitre, le journal de Jefferson, orthographié phonétiquement, est d'une force incroyable. Un roman poignant, émouvant et d'une grande ferveur humaniste...
Commenter  J’apprécie          6910



Ont apprécié cette critique (65)voir plus




{* *}