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Critique de andman


Mes pérégrinations outre-Atlantique m'ont conduit cette semaine à Sainte Adrienne, une petite ville située non loin de Bâton-Rouge la capitale de la Louisiane.
Pour une première approche de cette région aux bayous mystérieux, le mieux était de choisir un guide confirmé. Le grand écrivain du Sud, Ernest James Gaines, aujourd'hui octogénaire, semblait tout indiqué.
Cet auteur s'est intéressé sa vie durant au sort des Afro-Américains longtemps victimes de l'esclavage, de la ségrégation raciale et de la discrimination. Voyons si son roman ‘'Le nom du fils'', paru en 1978, est bien dans le droit fil du vif intérêt qu'il porte à la condition de ses semblables !

En cet hiver 1970, deux ans seulement après l'assassinat de Martin Luther King à Memphis, la communauté noire est toujours à cran.
La paroisse de Sainte Adrienne dispose heureusement à sa tête, depuis quinze ans, d'une personnalité faisant l'unanimité : le révérend Phillip Martin.
Ce pasteur baptiste père de trois enfants, défenseur inlassable des droits civiques, est en quelque sorte le Luther King local. Son discours bienveillant et ses mains de lutteur suffisent en général à calmer l'adversité. Il n'hésite pas cependant à parfois payer de sa personne pour faire entendre raison à tel ou tel tyran des alentours qui, parce qu'il est blanc et parvenu en haut de l'échelle sociale, se croit tout permis.
Cet homme de foi et de convictions cache pourtant un lourd passé de débauche. Cette vie antérieure, à l'opposé de celle d'aujourd'hui, va tel un boomerang lui revenir en pleine figure. Un jeune homme rôde depuis quelques jours dans les rues sombres de Sainte Adrienne, bien décidé à lui faire payer ses errances d'autrefois.

En immersion complète au sein de cette communauté noire, le lecteur est véritablement happé par le désarroi du pasteur Martin qui du jour au lendemain ne sait plus à quel saint se vouer.
“Le nom du fils” se déroule sur seulement une poignée de jours mais son intensité psychologique lui donne une exceptionnelle attractivité. Certains écrivains ont le don d'aller à l'essentiel, sans éprouver le besoin d'enjoliver le récit ; il me semble à la lecture de ce roman qu'Ernest J. Gaines en fait partie.

Depuis le début des primaires à l'élection présidentielle de novembre prochain, le ciel américain s'est chargé de lourds nuages populistes et racistes qui n'augurent rien de bon ni pour les États-Unis ni pour le reste du monde.
Le vieil Ernest J. Gaines, sans doute retiré dans son Sud natal berceau du blues, doit certainement s'interroger ces jours-ci sur le niveau affligeant de ces exhibitions politiques, bouillir intérieurement et se dire : “Mais pourquoi tant de haine ? Décidément, rien dans ce bas monde n'est jamais acquis !”
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