Tadaaamm !
Les armées du Conquérant avancent, envahissent tout, dominent tout. Rien ne doit échapper au pouvoir du Prince.
Tadaaamm !
Là, vous vous dites : « Ça va être épique ! de grandes batailles, des complots politiques, des trahisons, Aha ! »
Ben non !
Rien à voir avec l'Empire d'Asreth de
Lionel Davoust dans son univers Evanégyre. Les armées ressemblent à des légions romaines et le Conquérant – invisible – doit se rêver en Alexandre en se rasant le matin. Mais les courts récits se concentrent sur ce qu'on a, dans la propagande officielle, glissé sous le tapis ou noyé dans le fleuve ; bref sur tout ce qui n'a pas bien fonctionné dans la conquête.
Une ville qui avale ses envahisseurs, un légionnaire qui a perdu ses doigts et espère qu'un sorcier les lui rendra, une sentinelle laissée seule dans le désert pour « surveiller les lignes arrières » et qui se révolte à sa façon, la peste.
Bref du pas racontable au bon peuple confiant.
L'histoire, après tout, on s'en fiche presque dans cette BD. C'est plus une atmosphère que l'on recherche ; une atmosphère de fantastique tirant sur l'horreur, qui fiche la trouille. Mais une atmosphère d'une grande beauté. le principal héros, ici, c'est le décor de Jean-Claude Gal. Ses tableaux de cités perdues ou en pleine gloire, de nature sauvage sèche ou feuillue, sont époustouflants. Sa réalisation est cinématographique, avec ses plans de début d'action plaçant au premier plan le détail – toile d'araignée, lézard ou rocher tordu – et de vagues silhouettes humaines au fond dont on se rapproche dans les cases suivantes.
La dernière histoire se termine en eau de boudin. Mauvaise fin.
Jean-Pierre Dionnet le dit lui-même dans la préface de l'intégrale : « Comme scénariste je suis un peu atypique, parce que je ne connais pas l'histoire que je vais raconter. » Parfois donc, ça peut donner un truc qui ne tient pas la route.
Mais l'atmosphère, les décors, aaaah !