Je ne m'ennuie jamais. Casanier, je m'arrange pour me trouver régulièrement en hibernation. Je peux alors passer des heures à rêver, réfléchir, regarder le temps passer, passer par des états d'âme de toutes sortes, de l'extrême tristesse à l'angoisse ou la joie.
Je suis fait d’un bizarre mélange d’optimisme béat, ou plutôt d’une vitalité joyeuse, suivi de grands moments de mélancolie. Je ne m’ennuie jamais avec moi-même et pas tant que cela avec les autres, car tout le monde m’intéresse.
Nous, les désordonnés, avons tellement de désordre que nous achetons des meubles de rangement pour tenter de nous offrir une bonne conscience, la conscience du rangement. Car le type qui est désordonné, je le maintiens, ne le fait pas exprès. Il est si impuissant face à son désordre que s'instaure pour lui cette bataille intérieure, cette lutte entre sa nature et l'ordre. Alors tentera - t -il d'acheter des tiroirs, des sacs, des sachets, des armoires, des solutions toutes préparées exprès pour lui. Et tout cela concourt en fait à agrandir le bordel, car ce n'est qu'un objet de plus qui s'installe à côté des autres.
Se voir demander un autographe procure une sensation ambiguë. Il y a une satisfaction faite d'une vanité un peu grasse. La demande agace si elle est trop importante, et vexe si elle s'éteint.
Il y avait des jours où je rêvais d'avoir un petit kiosque à journaux, d'abandonner le boulot. Seulement, quand je me suis renseigné, j'ai appris qu'il fallait se lever à 5 heures du matin, ça m'a refroidi tout net.
Flatterie : La flatterie, c'est dire aux gens ce qu'ils pensent d'eux-mêmes. (p. 89)
Gloire : La gloire n'est pas toujours aux talentueux, mais aux culottés, de sorte que montrer son cul rapporte toujours (p. 96)
Au moment de dire oui, si chaque prétendant avait pu imaginer la tête de sa promise ou de son promis quarante ans plus tard, il aurait dit non. Avant son mariage, qu'il soit célébré à l'église ou à la mairie, par honnêteté, on devrait présenter la tête qu'auront le fiancé ou la promise dans trente ans, pour être bien sûr qu'ils aient envie de se marier. Il faudrait faire circuler ces portraits , mais je crois qu'en prime il faudrait organiser un défilé de mecs et de nanas auxquels les deux devraient renoncer. (p. 135)
Un dieu s'amusant et faisant ce pari de faire naître des hommes, sachant à l'avance qu'ils seront condamnés à l'enfer, cela me semble être un jeu débile.
Il sait bien que ceux-là sont destinés à mourir, mais il les fait quand même naître. Je le répète, pour avoir trouvé et inventé le cholestérol, il faut vraiment avoir l'esprit mal foutu. Il aurait pu donner le bonheur, la justice, au lieu de cela, il préféra plutôt les hommes mesquins et mauvais, faibles mortels.
Avec tant de grandeur, il aurait pu nous éviter la peste et le choléra, le sida et la mort, et bien non, il les rendit possibles. Comme le dit Mark Twain, bien avant moi, et en ce sens, Dieu "aurait pu faire ses enfants bons aussi facilement que mauvais", mais encore, "qui parle de justice et invente l'enfer". Tant de pouvoir et si peu d'humanité.
Non, non et non, il faut sentir à quel point nous sommes snobés, dénigrés. On n'a rien demandé, nous, ni à naître, ni à mourir, ni à se battre, ni à se résigner. On est là. On s'est pourtant pas fait prier. On nous invite à implorer le salut, vous êtes bien aimable, mais que se passe-t-il ? Rien. Les prêtres et les Eglises sont les anesthésistes du doute. (pp. 77-78).
Naissance : Débarquer sans accord, n'importe où, chez n'importe qui. On pleure sur soi et on a bien raison, car dès la naissance, on se trouve dans une merde définitive et inextricable.(p. 151)
Admiration : phénomène où un type rencontre une autre type qu'il croit supérieur quand ce dernier n'est qu'un pauvre type comme les autres.