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EAN : 9782351764336
246 pages
Editions Galaade (01/09/2016)
3.82/5   22 notes
Résumé :
Parce qu’elles ne se fient plus à la télévision pour apprendre ce qui se passe dans Athènes, Tirésia et Nymphe, deux vieilles dames déjantées, habillées comme si on était en plein carnaval, décident de s’évader, sous le regard inquiet de leur chat Balthazar, du foyer social dans lequel elles vivent pour participer à la manifestation du 12 février 2012. Commence alors une extraordinaire odyssée dans une ville en guerre, où elles retrouvent, opposés dans un face-à-fac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Magnifique roman pour un sujet difficile. Après l'Occupation nazie et la dictature des colonels, voici venu le temps de la crise grecque, une tragédie européenne qui aurait du nous servir d'exemple pour repartir du bon pied, pour ne pas voir revenir certains "spectres"... L'auteure nous dépeint la société grecque contemporaine sous toutes ses facettes, et dans toutes ses réactions (retraités, jeunes, sans-abris, immigrés, politiciens...). Dans une écriture originale, avec ce "tu" qui offre un dialogue permanent avec les personnages. Pour note : ce livre a été écrit avant l'arrivée au pouvoir de Syriza, et cette lecture arrive pour moi, par hasard, juste après avoir vu le film Adults in the room... Encore une "ultime" humiliation.
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Un roman féministe?

Tiresias, le devin aveugle de Thèbes qui apparut à Ulysse était hermaphrodite, Tiresia, l'une des héroïnes de l'Ultime Humiliation est femme et devineresse...Rhéa Galanaki choisit aussi de féminiser le Minotaure. Dans l'appartement athénien, ne vivent que des femmes : Tiresia et Nymphe, deux professeures retraitées, Danaé l'assistante sociale, Catherine leur sert de chaperon et Yasmine vient faire le ménage.Les fils feront une apparition tardive : Oreste et Takis et le petit Ismaël. Un lointain patriarche exerce une influence occulte....

Un roman historique?

Athènes, 12 février 2012

Le Monde 13 février 2012 raconte :

"Pendant que les députés débattaient et votaient des nouvelles mesures d'austérité, dimanche 12 février, Athènes brûlait. Près d'une vingtaine d'immeubles ont été incendiés après la dispersion d'une grande manifestation hostile au nouveau "mémorandum" que la Grèce s'engage à appliquer auprès de ses partenaires européens. Dans la nuit de dimanche à lundi, l'Attikon – un magnifique cinéma à l'ancienne du centre de la capitale – était encore ravagé par les flammes, tout comme un immeuble désaffecté à quelques dizaines de mètres. Les pompiers continuaient leur intervention au siège d'Alphabank, d'où les flammes avaient cessé de sortir......"

C'est autour de ce fait précis, autour de cette manifestation que s'organise le récit. Tiresia et Nymphe, ulcérées par les coupes dans les retraites, menacées d'être expulsées de leur appartement, décident de se joindre aux manifestants.

Rhéa Galanaki raconte cet épisode dans le style de la tragédie antique :

"Athènes est au sens propre une tragédie : voilà ce qu'avaient écrit sur les banderoles les gens défilant par vagues interminables. Il ne semblait pas y avoir de cas isolés ou de rôles à part dans cette tragédie moderne : c'était au sens propre; l'âme d'une ville qui expirait devant elles; Seul le choeur de cette tragédie contemporaine conservait quelques éléments de son origine antique. En effet les deux femmes ne cessaient d'entendre le choryphée[....] et le choeur des temps modernes les (les slogans) répétaient adoptant une voix rythmée et une démarche cadencée....".

La place (Syntagma) "elle était devenue une double place, mais aussi une place à double sens".

A la manifestation pacifique succède l'émeute, où les deux femmes sont piégées. Parmi les hommes-en-noir, les émeutiers casqués, elles croient reconnaître Takis et Oreste. Après les affrontements, après l'incendie du cinéma elles s'écroulent et sont incapable de retrouver le chemin de l'appartement.

Un roman politique

"Tragédie et démocratie sont les enfants d'une même mère...."

Rhéa Galanaki décrit les partis qui s'affrontent : Aube dorée qu'a choisi Takis, le fils de Catherine, la Crétoise et d'un policier défunt, les groupes anarchistes ou gauchistes où milite Oreste. Elle compare ces affrontements à la révolte des étudiants de l'Ecole Polytechnique en novembre 1973, Nymphe et le père d'Oreste en étaient les héros. Les deux générations s'opposent, les héros, sont ils devenus corrompus? La crise que traverse la Grèce leur est-elle imputable? J'ai déjà lu des allusions à ces politiciens dans les livres de Petros Markaris. Rhéa Galanaki et Markaris ont travaillé ensemble, entre autres au scénario d'un film de Theo Angelopoulos.

Catherine, elle aussi s'interroge :

"c'est ainsi qu'elle eut pour la première fois la possibilité de s'interroger sur les différents types des gens de gauche, et l'opportunité de se demander si les membres de la gauche actuelle étaient différents ou non, de la génération d'autrefois."

Venant d'un village martyr des nazis pendant la seconde guerre mondiale, elle ne peut accepter les analogies entre Aube Dorée, le parti fasciste où milite son fils, et les agissements des Allemands. Une très belle scène, par la suite raconte comment les vieux Crétois ont chassé Aube Dorée du village.

Une fresque antique

Après la représentation des événements du février 2012, dans le style de la tragédie antique, l'errance de Nymphe et de Tiresia, incapables de retourner chez elle,vivant dans la rue avec les SDF, est une véritable Odyssée.

L'Ultime Humiliation est-elle la déchéance de tous ces Athéniens paupérisés par la Crise et réduits à la condition de clochards sans droits, sans identité, mendiants dans la jungle urbaine?

"A leur manière les sans-abri d'Athènes sont aussi les révoltés de notre temps."

Rien n'est moins sûr! L'Ultime Humiliation est aussi le nom donné à une icône appelée aussi "le Christ de pitié". C'est d'ailleurs par une allusion à cette icône que s'ouvre le roman. On peut lire le livre à la lumière d'Homère et de l'Odyssée mais il ne faut pas oublier la composante orthodoxe de la culture grecque.

Un roman d'une grande richesse

On peut s'attarder à l'analyse politique de la Grèce en crise en 2012, on peut s'attacher à la mythologie. Mais ce n'est pas tout.J'ai remarqué une allusion àCavafy, des vers du Facteur chanté par Moustaki, qui est un poème de Manos Chadjidakis (ce que j'ignorais),un chapitre entier dédié à Théo Angelopoulos à l'occasion de l'incendie du cinéma Atikon... et bien d'autres pépites...


Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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L'ultime humiliation/Rhea Galanaki
Dans ce beau roman, l'auteur nous fait découvrir l'histoire d'une société grecque en pleine tourmente lors des événements consécutifs à la crise économique de ces dernières années. C'est plus précisément l'âme de la capitale qui est au coeur de ce récit initiatique mettant en avant les racines du mal et plus avant la destinée de la Grèce d'aujourd'hui. le premier chapitre évoque la situation à Athènes.
« L'injustice triomphait ; les droits constitutionnels étaient piétinés ; les acquis étaient reniés ; les couches sociales les plus pauvres et les plus respectueuses des lois couraient droit à la catastrophe. On entendait dans le même temps une farouche et légitime colère sourdre de partout… »
Puis Tiresia et Nymphe, deux femmes un peu folles à la retraite entrent en scène.
Tiresia a la qualité d'être devineresse en plus d'avoir été professeur de littérature.
Nymphe était professeur d'art et son caractère rebelle et violent ne l'empêche pas de faire montre d'une grande tendresse notamment à l'égard de son fils Oreste qui se livre à des activités peu orthodoxes. Oreste a tenté de renier cette mère mais il semble que les liens du sang soient les plus forts.
« Elles puisaient dans l'éclat de la jeunesse les rayons pâles d'un temps qui leur restait à vivre. Un avenir qui ne cessait de s'amenuiser quand, dans le même temps, leur jeunesse ne cessait de s'agrandir en leur mémoire dans un éblouissement d'outre-monde, dans une temporalité céleste, en vertu de la charge immatérielle qu'acquiert pour chacun le temps qu'il a perdu. »
Et rapidement elles veulent voir les choses de plus près, être confrontées à la réalité, ne plus se contenter du télévisuel, et s'évadent du foyer où elles sont en colocation sous la surveillance de Catherine, une parente de Nymphe originaire de Crète, qui assure l'intendance, Danae l'assistante sociale qui leur rend visite quotidiennement, Yasmine qui fait le ménage, et le Patriarche, un médecin qui veille à leur petite santé.
« Elles n'appartenaient plus à leur passé mais à ce présent commun aux Athéniens, qui tambourinait de manière assourdissante autour d'elles et qui exorcisait le démon de la solitude, de la vieillesse, de la maladie et de la servitude. »
Nos deux héroïnes vont participer aux manifestations et finir mendiantes avant plus tard de regagner leur foyer. Une expérience unique au coeur de l'action.


Le style de Rhéa Galanaki est poétique et flamboyant, lyrique et précis pour évoquer l'actualité brûlante de son pays, une Grèce frappée par une crise économique, sociale et humanitaire, où évoluent deux retraitées abîmées par la vie et qui faisant table rase du passé en changeant leur prénom, rêvent de liberté.
Des rappels historiques éclairent le lecteur sur les causes profondes de ces crises et ces tragédies dont la Grèce est victime depuis la guerre civile du début du XX é siècle.
L'auteur aime aussi faire référence à la mythologie, les deux femmes héroïnes de ce roman étant l'incarnation pour l'une de Tiresias et l'autre du Minotaure. L'auteur compare aussi la foule à un choeur tragique avec un coryphée haranguant la foule. Et bien d'autre références que le lecteur saura percevoir, notamment à l'Odyssée d'Homère.
¨Pour mémoire, rappelons que le titre fait référence à l'iconographie orthodoxe du « Christ de pitié », le Christ attendant après la Passion la Résurrection.
Bien sûr, ce roman intéressera au premier chef les Grecs eux-mêmes, et nombre de lecteurs ont fait ressortir que cette histoire n'allait pas forcément passionner les Français, d'autant plus qu'une bonne culture classique aidera évidemment à bien saisir et apprécier toute la symbolique de cette aventure.
Des notes du traducteur et un commentaire concernant l'oeuvre de Rhéa Galanaki viennent aider le lecteur et complètent ce beau livre.
Un grand roman d'une grande richesse quoi qu'il en soit, de la grande littérature pour une tragédie grecque moderne.
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Le coeur de ce roman est Athènes, berceau de la démocratie, malmenée par les crises successives qui ébranlent ses fondations. le 12 février 2012, une manifestation pacifique contre la réductions des salaires et des retraites finit en bataille rangée entre forces de l'ordre et manifestants d'extrême-gauche sur la place centrale, face au parlement. Des bâtiments sont incendiés et les pompiers immobilisés dans une volonté de détruire tous les symboles d'un capitalisme débridé.
Prises dans l'engrenage de cette violence urbaine, Tirésia et Nymphe, deux vieilles femmes fantaisistes, habillées comme pour un carnaval, se retrouvent seules, confuses, dans une ville qu'elles ne reconnaissent plus, incapables de retrouver le chemin du foyer où elles vivent depuis plusieurs années.
Manipulées par un personnage douteux du nom de Thanassis qui les force à mendier, elles se résignent à vivre dans la rue où elles côtoient les laissés-pour compte de la crise.
Véritable tragédie du monde moderne, ce magnifique roman, complexe, à la fois dur et lumineux, se penche sur les racines de la crise actuelle et redonne au peuple grec sa dignité. Mêlant symboles et mythes, à travers des personnages emblématiques plus vrais que nature, l'auteur fait revivre Athènes, ville où passé et présent sont intimement et violemment intriqués.

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Je partais pleine d'enthousiasme pour cette histoire de deux vieilles femmes vivant les manifestations au moment de la crise en Grèce. En tous les cas le résumé m'avait mis l'eau à la bouche et j'étais prête à passer un bon moment de lecture.
Mais lorsque finalement le résumé et les notes du traducteur m'eclairent mieux sur l'histoire que le roman en lui-même, alors finalement c'est mauvais signe.
J'ai été perdue par le style d'écriture, par les détails qui manquent de liens entre eux. Et surtout en cette période, je préfère que la lecture soit un moment de plaisir et non une nouvelle obligation ou contrainte.
J'ai donc abandonné au bout de 150 pages. Dommage.

#challenge globetrotter
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Maman, comment les gens pourraient-ils ne pas de révolter - tout comme vous vous êtes révoltés il y a de cela cinquante ans - quand ils sont confrontés au spectacle sans précédent de la ruine du pays. Dis-le-moi en toute sincérité : comment penses-tu que cela soit possible ? Même si le régime actuel n'est pas une dictature militaire, ce que j'ai tendance à penser moi aussi, réfléchis donc l'espace d'un instant, maman : est-ce pour cette démocratie des nantis et des rares privilégiés, est-ce pour cette toute puissance de l'argent qui détruit tous les peuples d'Europe, qui rogne un à un les droits sociaux acquis au prix de longues luttes, dis-moi maman, est-ce pour cette démocratie que vous avez versé votre sang ? Je ne peux pas le croire.
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La douleur éprouvée par un sans-abri excède même ce qu'il peut en dire, qu'il ait ou non l'éducation ou un diplôme. Elle est plus profonde, plus sourde, plus sombre que ces mots morts-nés dont nous disposons pour communiquer chaque jour et peut-être aussi que tous les mots dont nous nous servons pour écrire. Ici, nous n'écrivons plus. Nous avons oublié l'écriture. Nous sommes les représentants d'une culture orale, et peut-être même muette. Nous ne croyons plus aux lettres. Elles n'ont pas su protéger de la chute ceux qui les maîtrisaient.
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Et puisque, depuis la naissance du monde ce sont toujours les puissants qui sucent le sang des plus faibles ou des plus innocents, qui les forcent à payer les pots cassés, pourquoi en irait-il autrement dans ce programme de gestion antidémocratique dominé par la peur, et ce, quelle que soit l'instance de gestion.
p 50
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La rue est une maison. C’est pourquoi elle est remplie des histoires douloureuses, voire tragiques, des individus qui y vivent.
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Videos de Rhéa Galanaki (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Rhéa Galanaki
Rencontre avec Gérard Meudal, traducteur de Deux ans, huit mois et vingt-huit nuits de Salman Rushdie (anglais. Actes Sud), Loïc Marcou, traducteur de L' ultime humiliation de Rhéa Galanaki (grec. Galaade) et Xavier Luffin, traducteur de le Messie du Darfour d'Abdelaziz Baraka Sakin (arabe. Zulma) animée par Marie-Madeleine Rigopoulos. Captation et montage Frisnel Enkary.
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