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Critique de Powoui


Un jardin sauvage, des dinosaures en poches, les pieds camouflés dans des bottes lézardées, une araignée qu'on observe du bout d'une plume, qu'on chatouille légèrement, une fourmi qu'on enlève de sa ligne bien droite pour la déposer sur la toile du prédateur… le récit à quatre mains de Valentine Gallardo et Mathilde van Gheluwe commence avec l'insouciance de l'enfance, la découverte du monde du bout des doigts et de la curiosité plein les mirettes. Nous sommes à Bruxelles dans les années 90, quand des enfants disparaissaient sans raison, semant l'inquiétude chez les parents. Nous rencontrons deux petites filles et suivons simultanément leur histoire.

Voilà pour situer un peu le récit, mais il faut vraiment aller plus loin, et trouver dans ce contexte un prétexte pour parler avec subtilité et justesse de la transformation des corps, de la fin lente et parfois cahoteuse et inacceptable de l'enfance. Trop rapide aussi. À l'image de ces deux corps qui plongent dans l'eau plus par menace d'un nouveau regard que par jeu. Deux corps pêle-mêle dans l'eau, arrivés à toute vitesse – trop vite beaucoup trop vite.

Le trait, aussi abrupte que doux, magie du clair et du sombre et de toutes les nuances possibles du gris crayonné, illustre à merveille ce sujet délicat. le lecteur est transporté à hauteur d'enfant, il vogue sans cesse entre imaginaire et réalité, et se laisse attirer parfois avec un brin de cruauté vers les rêves de ces gosses dont le monde leur saute petit à petit à la figure.

Alors qu'un chat devient tigre dans la rue, il n'est plus pour longtemps la seule menace. C'est désormais tout le monde et personne à la fois, c'est l'inconnu qui est partout, c'est la métamorphose du corps. le tout mélangé à l'imagination sans limites de l'enfance.

Pendant que le loup n'y est pas est un subtil mélange de deux traits différents, de la réalité et de l'imaginaire, de la naïveté de l'enfance et de la cruauté du monde adulte. Tous ces petits bouts s'harmonisent pour créer une bande dessinée délicate sur l'enfance et sa fin souvent prématurée… Ça touche quelque chose tout au fond, ça fait réfléchir et penser, ça fait se souvenir. Une très belle lecture qui a su faire résonner à nouveau mon coeur de petite fille de dix ans.

Lien : https://horspistes.wordpress..
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