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Citations sur La fille de la nuit (11)

« Nous ferions mieux de partir, suggéra Mme Lavoine, nerveuse.
— Elle est forcément là, pourtant ! » protesta Mme Buquet.
Mme Bonnard frappa à nouveau.
Cette fois, des pas se firent entendre. Des pas trop lourds pour appartenir à Isabelle, mais seule Mme Lavoine s’en rendit compte, et elle n’osa pas le dire. Les autres firent de grands sourires et levèrent leur panier pendant que la porte s’ouvrait…
Un visage énorme et sombre apparut devant elles. Mme Lavoine ne put s’en empêcher : elle poussa un cri.
Aussitôt, elle comprit son erreur. Il s’agissait simplement de Mijail, le serviteur muet d’Isabelle. Elles l’avaient déjà croisé plusieurs fois au village mais, sous la faible lumière de cette fin d’après-midi, le géant avait l’air bien plus lugubre que d’habitude.
En tant qu’épouse du maire, Mme Buquet estima que le rôle de représentante du petit cortège lui revenait. Elle s’arma donc de courage :
« Bonsoir, Mijail. Mlle Isabelle est-elle à la maison ? Nous sommes venues lui rendre visite. »
Le domestique, qui ne portait pas de livrée, l’examina de la tête aux pieds. Puis il émit un grognement qu’on pouvait interpréter comme un assentiment et referma brusquement la porte.
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Il est aisé d’affronter un animal sauvage, et même un monstre ou un démon. Mais il est bien plus difficile d’affronter la peur.
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Les démons avaient la faculté de prendre la forme d’un autre animal ou même de se rendre invisibles aux yeux des humains.
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Il vous paraît peut-être fruste, mais je pense que c’est dû au fait qu’il vient d’un autre pays. Sans compter que c’est quelqu’un de très simple. Avez-vous regardé ses mains ? Elles sont énormes, bronzées et calleuses : des mains habituées à travailler dur.
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Ma maison est très peu meublée parce que je n’ai pas jugé nécessaire d’acheter davantage de choses et que je me contente de peu. Je ne l’ai pas choisie pour sa richesse, mais parce qu’elle se trouvait dans un lieu tranquille et isolé, où je pourrais jouir de la réclusion qui m’est nécessaire.
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Les gens parlent à tort et à travers et ne savent pas ce qu’ils disent ! Une vaurienne qui quitte la maison de son protecteur pour suivre un jeune homme est tout à fait capable de voler une médaille, et même deux.
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Le matelot observa la scène quelques minutes de plus. Aucun doute n'était permis: ce que ces quatre étranges voyageurs contemplaient avec tant d'émotion était tout simplement le lever du soleil. Sur le visage de l'homme pâle se lisait le bonheur le plus pur, le plus euphorique.
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Au cours des jours suivants, cependant, il ne se passa rien de nouveau dans le village. Isabelle fit restaurer la maison Grisard, mais elle n’embaucha pas des ouvriers de la région : elle en avait fait venir de Paris, disait-on. Quand elle put enfin emménager chez elle, elle le fit avec l’aide exclusive de son unique domestique, un géant qui ne parlait jamais. Les manières brusques de ce dernier, tout comme son attitude austère et son aspect étrange (ses cheveux étaient complètement blancs, malgré son jeune âge) suscitèrent tout d’abord une forte méfiance parmi les habitants de Beaufort, mais ils finirent par s’accoutumer à sa présence, à force de le voir venir tous les jours faire les courses pour sa maîtresse. Les commerçants apprirent à le connaître et à comprendre les gestes par lesquels il expliquait ce qu’il voulait acheter. Il ne savait pas non plus écrire ; la seule chose qu’il était capable de tracer sur un morceau de papier était les six lettres de son nom, Mijail, un mot que les gens n’avaient jamais entendu et qu’ils ne savaient donc pas comment prononcer. Heureusement, cela ne semblait pas le déranger d’entendre les Français écorcher son nom, et il s’y habitua vite.
Mais alors même que Beaufort commençait à connaître et à apprécier Mijail, la maîtresse de celui-ci, Isabelle, restait dans l’ombre. Depuis le jour de son arrivée, personne ne l’avait revue. Et comme on ne pouvait interroger Mijail à son sujet, les rumeurs se remirent très vite à aller bon train.
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— Et pourquoi a-t-elle acheté justement la maison Grisard ? insista Mme Lavoine. C’est un manoir élégant et luxueux, d’accord, mais ça fait des décennies qu’il est inhabité. Et il est si loin du village, si isolé…
— Ça a toujours été une fille bizarre.
— Une “demoiselle”, Régine, pas une “fille”, la corrigea Mme Chancel. Elle a droit à ce titre, à présent, même si Dieu sait comment elle a fait fortune…
— Je doute que Dieu veuille le savoir ! C’était une catin, et ça restera une catin, quels que soient les grands airs qu’elle se donne !
— Je me demande pourquoi elle est en deuil ? » lança Mme Lavoine, plus intéressée par le mystère qui entourait le retour d’Isabelle que par les récriminations de son amie.
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— Isabelle… qui l’eût cru ? Ça fait au moins…
— Cinq ans, ma chère. Elle en avait seize ou dix-sept quand elle est partie. Franchement, je ne sais pas comment elle va trouver du travail. Après cette histoire, le chagrin qu’elle a causé au pauvre père Rougier, et puis l’affaire de la médaille…
— Mais j’avais cru comprendre qu’elle n’était pas coupable ?
— Bah, les gens parlent à tort et à travers et ne savent pas ce qu’ils disent ! Une vaurienne qui quitte la maison de son protecteur pour suivre un jeune homme est tout à fait capable de voler une médaille, et même deux. » Mme Bonnard rassembla ses jupons pour gravir la côte, et poursuivit : « Crois-moi, personne ne voudra l’employer comme lavandière, et encore moins comme servante. Une grue pareille… et si elle essayait de séduire mon Jérôme ?
— Il est bien trop jeune, voyons !
— Elle aussi, elle était jeune quand elle a jeté son dévolu sur M. de Latour. Comment ose-t-elle revenir à Beaufort ? Vraiment, je ne comprends pas ce que… »
Elle ne termina pas sa phrase : brusquement, la porte d’une maison s’ouvrit devant elles, et une silhouette mince et souple apparut sur le seuil, vêtue de noir. Les deux amies s’arrêtèrent et reculèrent instinctivement.
C’était une jeune femme, mais on aurait dit un fantôme. Sa tenue sévère, que complétaient un chapeau et un voile couvrant la partie supérieure de son visage, la faisait paraître plus âgée qu’elle ne l’était réellement, à moins que cette impression ne fût causée par son extrême pâleur.
« Isa… Isabelle ? » balbutia Mme Lavoine.
La jeune femme leur sourit poliment.
« Madame Lavoine, madame Bonnard. Je suis ravie de vous revoir. »
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