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Critique de Trollibi


Je disais dans une précédente critique que Véronique Gallo et moi avions quelques points en commun : en échangeant quelques mots elle et moi, nous nous sommes aperçues que nous avions fait les mêmes études, fréquenté la même faculté et les mêmes auditoires, subi des revers de la part des mêmes profs. Elle a terminé ses études l'année où moi je les commençais, nous avons ensuite toutes les deux enseigné quelques années avant de quitter l'enseignement pour voguer vers d'autres cieux. L'histoire de Kate, c'est un peu la sienne, à n'en pas douter, et c'est un peu la mienne par certains aspects.

« L'entropie. (…) Ce mot s'applique aussi bien aux sentiments qu'à la thermodynamique. À savoir que tout système tendait naturellement au désordre si on n'y prenait pas garde. » (p.201)

A 19 ans, Kate vient de terminer sa première année d'université en fac de lettres. Un ajournement, trois examens à passer, une claque en pleine figure pour elle qui a bossé dur mais qui s'est retrouvée confrontée au manque d'humanité de certains professeurs frustrés et hautains. Elle rêve de vivre enfin le grand frisson amoureux et de trouver sa place dans une famille qui dysfonctionne, elle l'ainée, la grande qui se doit de s'effacer et d'être parfaite, entre une mère qui tente de maintenir les apparences, un père qui boit trop, un frère adolescent troublé et violent. Pour s'évader, Kate dessine et partage ses peines avec son amie Hélène. Et puis, il y a la rencontre avec Sam… En une dizaine de jours, la vie de Kate va basculer…

Sans aucun doute, j'ai savouré ce roman, en grande partie parce qu'il a fait écho à mon propre vécu. J'ai retrouvé, dans « L'entropie des sentiments » et dans le personnage de Kate, un peu de moi et un peu de ce que j'ai moi aussi vécu lors de mes années d'université : l'impression de ne pas toujours être à ma place, certains profs bouffis d'eux-mêmes et d'orgueil qui se permettaient de rabaisser les élèves, jusqu'à les faire se sentir comme des moins que rien et ce moment où l'on s'aperçoit que l'on grandit, qu'il faut prendre ses propres décisions, faire ses propres choix, même si on doit s'opposer à sa famille, ce moment parfois déstabilisant où l'on ouvre les yeux sur le monde et sur les autres.

Mais ce n'est pas seulement parce que je me suis identifiée au personnage de Kate que j'ai apprécié ce roman. Véronique Gallo est réellement une autrice de talent. Elle parvient à évoquer des sentiments et à plonger le lecteur au coeur des pensées de son héroïne avec beaucoup de finesse. Elle suscite l'émoi, on passe du sourire aux larmes qui montent aux yeux sans s'en rendre compte, on est réellement happé par l'histoire et par sa plume agréable et dynamique. Elle nous plonge dans une époque, pourtant pas si lointaine, que l'on retrouve avec nostalgie : celle où il fallait tirer le câble de téléphone dans une autre pièce pour pouvoir parler tranquillement, celle où on attendait avec impatience un appel. Elle crée aussi une ambiance musicale en soutien de l'intrigue : chaque chapitre porte le titre d'une chanson qui accompagne les sentiments et la transformation de Kate. Les écouter tout en profitant de la musique des mots prolonge le plaisir de la lecture.

Un coup de coeur de plus qui clôt une saison de rencontres littéraires ! Vivement les prochaines !

(Centre culturel de Huy, « Les Matins du Livre », avril 2022)
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