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Critique de Modou


Je viens de découvrir Bernard Gallois (enfin je veux dire son écriture), en même temps que les toutes nouvelles « éditions Langlois Cécile ».
J'ai lu le recueil d'un trait et maintenant je le reprends avec gourmandise pour vous faire partager le plaisir !
La nouvelle c'est l'Art de la surprise, n'est-ce pas ?
Voyez cela : « Mon bonheur de coopérant à cette colonisation, c'est de passer des heures à les observer. Quand nous sommes seuls, je libère mes filleules… »
De quoi parle-t-il selon vous ?
D'un homme qui séquestre les petites filles ?
Mais non ! D'un solitaire collectionneur passionné d'araignées ! « Mygales réputées, tarentules, lycoses de Narbonne et malmignattes, ségestries florentines…
Le narrateur est un amoureux des mots, un maniaque de la précision, “ expert en pièges, leurres et camouflages ” qui nous fait partager sa jubilation de jouer sur la langue. Solitaire, notre entomologiste ? Ce qui ne l'empêche pas de rencontrer la veuve noire.

Chaque histoire est l'occasion de mettre en scène un petit drame du quotidien, de ceux qu'on traverse parfois sans remarquer leur côté cocasse, drolatique, insolite ou tendre. Pas de tragédie dans ses pages, quoique. Dans une ferme on rencontre l'Émilien qui se prend pour un grain de blé… “ Mais tout ça, c'est à cause du vent qui rend fou, ça tourne, ça vire… tu crois le voir se poser, il repart de plus belle, il bondit gonfle, rugit, ronfle et gifle. ” L'Émilien, le fada, n'y a pas résisté au Mistral de la Provence.

Il y a du Henri Michaux dans l'histoire de la goutte d'eau “ D'habitude, voyez-vous, j'aime m'asseoir dans le sens inverse de la course du train… le défilement rapide du paysage me plait à le regarder fuir. ” Une goutte d'eau roule sur la fenêtre, danse sur la vitre securit… “ Je pose mon doigt sur elle — tu sais que c'est grâce à ta soeur notre rencontre ? — À ma soeur une autre goutte d'eau ? — Oui, la goutte de trop, du moins c'est ce que j'ai dit à mon patron… Volte face, le voyageur revient à ses moutons.

Bernard Gallois est un maître de la nouvelle, sa langue est concise, élégante, son vocabulaire précis, en restant accessible, ses intrigues mitonnées et ses chutes faites de retournements inattendus. J'ai eu une tendresse particulière pour le covoiturage, pour l'homme à la vespa jaune. Allez, toutes m'ont réjouie. Cela se passe dans la France profonde, campagnarde avec un brin de nostalgie et beaucoup d'humour.
En tout cas, c'est un très bon début pour les éditions Langlois Cécile. L'auteur, lui, n'est pas à son coup d'essai, je vois qu'il a déjà une carrière.

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