L'Amour chez les dégénérés, étude anthropologique, philosophique et médicale

Jules T..., père ivrogne ; mère neurasthénique ; a été, de son propre aveu, tourmenté à plusieurs reprises, pendant sa jeunesse, par une incompréhensible envie de s'accoupler avec des animaux. A neuf ans, se trouvant seul à l'établissement, il a eu des relations avec une poule ; à treize ans avec une génisse ; à dix-sept ans enfin avec une ânesse.
A vingt-sept ans, il se met à boire. Le mal alors reprend toute sa violence primitive et qu'avaient momentanément fait disparaître les premières années du mariage.
Le malade devait un jour mener au bouc dans un village voisin une sienne chèvre. Il l'avait étendue dans un tombereau qu'il conduisait lui-même, assis sur une planche. La présence de cette chèvre allant au mâle lui causait un vague malaise, augmenté par la solitude de la route longue et déserte, et qui fit bientôt place à un furieux désir d'avoir des rapports avec la bête.
L'envie prend, dès le premier instant, une intensité inouïe. Il cherche d'abord à se défendre. Il essaie de penser à autre chose ; il accélère la marche du cheval. Mais la tentation est si affreuse qu'il sent sa volonté s'égarer. Il lâche les rênes et se cramponne au bord du tombereau pour résister encore. Les violents battements de son cœur l'ébranlent tout entier. Sa poitrine "se resserre" douloureusement. Il est tout pâle. A ce trouble général s'ajoute une excitation génésique. Il est en érection. La situation devient tout à fait intolérable. A bouts d'efforts il se couche au fond de la charrette, et, non sans peine, arrive à ses fins.