Citations sur Mon journal depuis la Libération : 1944-1945 (17)
Déjeunant à l'académie des arts, à côté d'une dame inconnue, Maurice Garçon lui dit, pour amorcer la conversation :
- Vous savez que Georges Suarez a été fusillé ce matin ?
La dame regarde par la fenêtre la pluie qui tombe et dit :
- Il n'a pas eu beau temps.
(Novembre 1944).
Henri Mondor raconte l'exécution de l'espionne Mata-Hari : elle fut placée devant le peloton, de dos, et à genoux.
On demandait à Jean-Louis Forain :
- Comment a-t-elle été fusillé ?
- En levrette, dit Forain.
Fait divers.
"La couturière lingère Maria Mathia, née Dubosc, a perdu aux Galeries Lafayette la lettre où elle proposait à une agence allemande, pour 200 francs par tête, la déportation de son mari chaudronnier, et d'autres ouvriers. Elle a déclaré au juge d'instruction :
"Je faisais ça seulement pour gagner de l'argent !"
Une femme tondu a protesté de son patriotisme : Mon cul est international, mais mon cœur est français !
La mère enceinte demande à son petit garçon : "Désire-tu une petite soeur ou un petit frère ?"
- " Ecoute, si ça ne doit pas te faire trop mal, j'aimerais bien mieux une bicyclette".
Décembre 1944
Intermède comique : Le juge d'instruction avait relevé contre lui cette phrase : " Mieux vaut mourir que de subir la Guépéou" et Henri Béraud raconte : "j'ai été obligé de lui dire : je vous demande pardon, monsieur le juge, mais à cette phrase il manque quelque chose : ce sont les guillemets : car elle n'est pas de moi, elle est de M. Churchill."
Juillet 1945.
Dîner chez les Aman-Jean à Chateau-Thierry, envahi par les Américains. La fillette d'une voisine est l'amie de trois soldats nègres. La mère explique à François tous les avantages de cette triple liaison, le chocolat, le café, le savon.
Le docteur lui demande si elle n'a pas peur des suites possibles...
"Rien à craindre, riposte l'heureuse maman, la petite n'a que treize ans : Elle n'est pas encore réglée !"
Les atrocités
Le manque de mémoire des hommes est prodigieux : à chaque nouvelle guerre la gent humaine manifeste sa stupéfaction à l'annonce des atrocités, toujours les mêmes depuis qu'il y a des guerres, massacres de non-combattants, achèvement de blessés, tortures, viols, incendies, pillages ...
26 mars 1945
Janvier1945
Libération.
La Varende qui publiait ses romans dans Je Suis Partout envoie, de son château, sa démission à l'académie Goncourt, en déclarant que " la joie qu'il éprouve à se Libérer lui montre combien il se fourvoyait dans ces hauts milieux littéraire".
Janvier 1945
L' ex commandant Chack a été fusillé. Les journaux racontent qu'il a appelé Béraud en passant devant sa cellule et lui a crié : " Adieu Béraud, priez pour moi ! " et il aurait ajouté : " Je meurs pour mon idéal ."
Un idéal vert-de-gris.
La Loterie.
Une infâme délatrice, Suzanne Goguel, qui livrait à l'ennemi les gens qu'elle avait détroussés n'est condamnée qu'à Dix ans de prison.