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Marc Amfreville (Traducteur)
EAN : 9782226155054
304 pages
Albin Michel (06/10/2004)
4.2/5   15 notes
Résumé :
Salué par Jim Harrison, James Salter et tant d'autres, James Galvin compte parmi les voix les plus authentiques de la littérature américaine. Prairie, véritable livre culte aux États-Unis, a révélé aux lecteurs français une écriture singulière et poétique, une évocation très personnelle du lien de l'homme à la nature. Ce premier roman, élégie obsédante des grands espaces et d'un mode de vie révolu, confirme son talent et la puissance d'évocation de son univers. À tr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Prendre la fuite, voilà à quoi en est réduit Mike Aras, lui l'ex hippie du New Jersey, l'ancien étudiant activiste devenu un authentique cow-boy sur les terres du Wyoming. Mike a beau se repasser le film, après des mois de conflit plus ou moins larvé, de retenu, l'accrochage devenait inévitable, un seul coup de lasso a suffi pour faire passer à trépas le nouveau boss de la région, le spéculateur foncier Merryweather Snipes, un homme avide et sans scrupules, arrivé dans la contrée au début des années 1990. Pour Mike épris de liberté et amoureux des grands espaces il est hors de question de renoncer à ses rêves par la faute d'un poltron, il a gagné son titre de cow-boy il y a presque une vingtaine d'années et il n'est pas près d'y renoncer. Sa dernière chance semer le pisteur commandité par le shérif et suivre son intuition en compagnie de sa fidèle monture.

Ecrit dans les années 90, Clôturer le ciel de James Galvin nous emmène sur les pas des derniers pionniers de l'ouest, ceux d'hier et d'aujourd'hui dans les environs de Laramie, un carrefour où l'Histoire et la tradition se heurtent à la modernité. Un univers agricole très masculin de ranchers et de cow- boys où les hommes affirment leur identité à grands coups d'adresse, de force, de courage au gré des tâches et activités saisonnières du ranch, du corral, des rodéos. Une communauté soudée par un mode de vie dont les secrets se dévoilent à travers la galerie de personnages qui gravitent autour de Mike, le brave cow-boy devenu hors la loi.

Un quotidien choisi qui une fois les contraintes acceptées se transforme en instants de bonheur, de rêve éveillé où hommes et animaux ne forment plus qu'un tout , vêlage, marquage des bouvillons, dressage des chevaux, dans un décor grandiose. Si il y a de la nostalgie dans ce récit, des rêves qui s'effritent et doivent être renouvelés, il y a aussi la force des sentiments, les liens qui unissent ces cow-boys et permettent la pérennité de certaines valeurs malgré l'assaut de nouveaux idéaux véhiculés par les marchands du temple et leurs enfants.

Attirée par le titre poétique et énigmatique, « Clôturer le ciel » s'avère être en fait un pied de nez au pragmatisme de cet univers. Alors oui j'ai apprécié cette lecture aux accents naturalistes voire écologiques, un texte composé de pauses lyriques et techniques s'inscrivant au fil des réflexions et souvenirs. J'ai aimé suivre Mike dans sa cavale du Wyoming au Colorado (Bull Mountain, Medecine Bow, Red Desert ...) m'immiscer dans l'intimité de cet homme meurtri, dénicher avec lui la présence d'un berger basque, écouter les coyotes dans la nuit ou observer les dégâts causés par les wapitis sur les innombrables clôtures garantissant la vie des troupeaux. Hélas balancer entre les aléas météorologiques, économiques et financiers, les cow-boys authentiques, ouvriers agricoles ou propriétaires terriens, n'ont plus le vent en poupe et le fossé qui les sépare des nouveaux venus bernés par Merryweather Snipes est incommensurable.

James Galvin, poète, professeur de littérature et romancier, auteur de Prairie, signe avec Clôturer le ciel, un récit empirique témoignant d'un dernier Far West loin des clichés hollywoodiens ou des dépliants touristiques.  Un monde qui se meurt mais dont la culture reste vivace.
Un auteur des grands espaces qui a sa place aux côtés de Edward Abbey, Rick Bass, Jim Harrisson et d'autres encore.
Une traversée dans le coeur des hommes et de la prairie.
Une lecture évasion

« Qu'est-ce que la vie ?
 La vie
c'est l'éclat de la luciole dans la nuit
le souffle du bison dans le creux de l'hiver
La vie
c'est la petite ombre qui court dans la prairie
et va se perdre dans le crépuscule »
Une citation de Crowfoot , chef Blackfoot d'Alberta , résumant l'âme du livre et les idéaux de James Galvin.
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Dans les toutes premières pages, il y a une mort. Un homme en tue un autre. Est-ce un accident ? Un délit ?

Comme trame de ce récit : une traque.

Comme narration : un procédé original qui par petits chapitres, petites touches presque impressionnistes, raconte l'histoire des différents protagonistes, ce qui les lie, ce qui les oppose, leur passé, leur psychologie.


De grandes descriptions de la nature brute - les plus belles pages - ou malmenée par l'homme, des saisons qui passent, de l'hiver - ennemi de tous, hommes et bêtes - des chevauchées derrière les troupeaux de vaches, les rodéos, la vie des ranchers, en somme, une vie dans ce qu'elle a de plus âpre.

L'histoire de communautés : indienne qui s'est vue dépossédée de ses territoires, communauté de cow-boys qui travaillent durement et ne connaissent que les dettes...
Et la description d'une certaine forme du rêve américain promis à des citadins par des spéculateurs , rêve pour les uns et désastre pour les autres puisqu'il s'agit, en définitif, du saccage des terres.


C'est une lecture ardue, sans réelle douceur, peu de personnages féminins et très en retrait juste décrits pour cerner un peu plus la psychologie des acteurs principaux.




La dernière page tournée, j'étais aussi fourbue que si j'avais chevauché derrière un groupe de mustangs sauvages pour tenter de les parquer dans un corral, sans y parvenir !

C'est un livre " très masculin" qu'il faut apprivoiser !
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La beauté sur un plateau.
La collection Terres indiennes dirigée par Francis Geffard chez Albin Michel recèle d'incroyables pépites en provenance du grand ouest américain. le 1er roman de James Galvin, Clôturer le ciel, ne manque pas de souffle : « le coucher de soleil rougeoyait. C'était beau, dépouillé et vide et le ciel avalait tout » et n'affaiblit pas l'extraordinaire richesse du catalogue de l'éditeur (Richard Hugo, Louis Owens, James Welch…). le roman débute par un règlement de compte, comme dans tout bon western et continue avec une nonchalance feinte par la fuite du cow boy fautif, Mike Arans. Mike et son cheval, Potatoes Browning, « du nom d'un personnage assez monstrueux dessiné par Robert Crumb », remonte du Colorado vers le Wyoming. Suivi sur les injonctions du shérif par un Indien métis, Jim Thomas, ancien du Vietnam et redoutable pisteur, Mike essaie d'effacer ses traces, en vain. le roman est construit sur la traque et l'errance des deux connaisseurs de la nature qui semblent s'apprécier mutuellement ainsi que sur une série de retours en arrière qui donne corps aux personnages principaux. Au fil de la chevauchée, le lecteur développe une grande empathie avec Mike, Ad, Oscar dont l'amitié qui se passe de mots mais s'épanouit dans des gestes parfois incongrus constitue l'épice de l'histoire. Comme dans un grand film de Sam Peckinpah, Pat Garrett & Billy the Kid (1973) ou plus encore The Wild Bunch (1969), la déambulation dans les grands espaces est jalonnée par une gangrène née de l'avancée du monde moderne qui désagrège les rapports fraternels entre les hommes et leurs liens avec la nature. Dans le récit de James Galvin, la décomposition du grand ouest se perçoit dans le lardage d'autoroutes, les pustules des puits de pétrole, les bubons des taudis abandonnés. Mike avance vers la fin de sa vie, de ses utopies et du monde qui le porte encore. Il le sait et goûte pleinement chaque instant de liberté. Jim, le pisteur, est en vue : « A l'autre extrémité du canyon, il aperçut un cavalier qui l'observait à l'aide de jumelles. […] Il agita la main. Jim lui rendit son salut. » Dire que c'est Snipes, l'infâme de l'histoire, qui va donner le sens au titre du roman, le lecteur croit rêver ! Ad lui dit : « Vous n'avez pas de clôture. […] c'est à vous qu'il appartient de vous protéger contre les incursions du bétail ». Snipes répond : « C'est la nature ici. Je ne veux pas de clôtures. Est-ce qu'il vous viendrait à l'idée de clôturer le ciel ? ». C'est vraiment le monde à l'envers. Ceux qui bousillent tout ont le culot chevillé et le bon droit d'équerre. On devrait comprendre le sens de cette réflexion comme quoi il n'y a aucune limite à la voracité des rapaces de tout poil. Heureusement, James Galvin sait rendre grâce de la beauté du monde : « A l'automne, quand le premier grand vent se lève et s'enroule autour des feuillages incandescents des trembles, l'air se charge de rafales d'or ». Cet or appartient aux enfants et aux poètes.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Ils poussèrent plus au nord, à travers les bouquets de pins d’Oregon et quelques rares clairières envahies d’épineux. Ils traversèrent une zone déboisée. Sur leur gauche, les sommets de la ligne de partage des Rocheuses flottaient dans le lointain. Ils longèrent une corniche hérissée de granit. Sur les rochers, le lichen était d’un orange éclatant, et pour la première fois, il aperçut les prairies luxuriantes de North Park en contre-bas, comme un rêve d’océan bleu-vert, ou la robe même dont l’été venait de se dépouiller. Avec les Neversummer Mountains se profilant à l’horizon, Mike se dit que c’était le plus beau coin qu’il ait jamais vu. Il envia les hommes dont c’était le travail de rentrer tous ces foins. […]
Caracolant dans les hautes herbes au crépuscule, leurs épis caressant le ventre et les flancs de sa monture, la pointe de ses bottes déjà trempée, Mike était heureux.
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Oscar ne pensait pas non plus qu'il fallait donner des noms aux fleurs. Et d'où venait ce besoin d'en parler ? Qu'est-ce qu'elles représentent pour nous ? Tous les plaisirs. Toutes les couleurs de l'ecchymose sur les contreforts des montagnes. Les pâturages et les prairies vibrent de milliers de fleurs. Elles sont le souffle coupé des forêts. translucides le jour, resplendissantes dans leur sommeil. Rouge cramoisi ou bien bordeaux, bleu azur ou saphir, nous ne représentons rien pour elles, pas même un danger.
Alors pourquoi vouloir les offrir à nos bien-aimées ?
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Il s'était surement fait des ennemis parmi les nouveaux arrivants, les chassant quand ils pénétraient ou braconnaient sur ses terres, allant jusqu'à fermer la route qui passait par son ranch. Ad était jaloux de sa solitude. Il faisait ce qu'il pouvait pour protéger son espace vital, sa paix, ses souvenirs de l'autre monde, le monde qui existait avant celui-ci, une façon de vivre qui promettait de ne jamais connaitre de fin et qui pourtant en connut une.
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